Avant de connaître comme d’autres comités Usep un creux historique en 2020-21, avec seulement 4 700 licenciés enfants, l’Eure-et-Loir subissait déjà une érosion de ses effectifs. D’où vient alors le formidable rebond de l’an passé (près de 12 000 enfants), confirmé cette saison ? Réactivité durant la période Covid, fort investissement des opérations nationales et partenariat fructueux avec le Conseil départemental sont les trois raisons mises en avant par Aurélien Clouet, délégué et porte-voix d’une double équipe d’élus et de techniciens jeune et étoffée.
Érosion. « La mission de Thierry Lecoq, le collègue enseignant qui m’a précédé au poste de délégué, avait été réduite en 2010 d’un plein temps à un mi-temps. Comme il était très présent sur le terrain, l’activité de l’Usep a diminué mécaniquement. Puis mon arrivée en 2016 a coïncidé avec un changement de politique : sortir de la « prestation » et demander aux écoles de prendre davantage leur part, tout en passant à des licences nominatives par enfant. Nous avons alors perdu des associations, jusqu’à ce modèle soit validé. »
Réactif au Covid. « Notre grande réactivité au confinement de mars 2020 a renforcé notre place auprès de l’Éducation nationale. Dès le mardi, nous proposions aux enseignants des défis, des contenus, et bientôt la mise en place d’e-rencontres. Et, à chaque nouveau protocole, nous diffusions aux collègues des documents pour faire de l’éducation physique et de l’Usep, avec des vidéos. Ce rôle moteur au sein de l’équipe EPS nous a rendu plus légitimes encore. »
Opérations nationales. « En Eure-et-Loir, nous sommes très « scolaires » : nous répondons à toutes les opérations nationales en collant aux exigences des cahiers des charges pour prétendre aux dotations financières correspondantes, qui financent ainsi un demi-poste1. Les opérations nationales sont les piliers à partir desquels nous construisons notre calendrier. »
Licences à 2 €. L’affichage d’une licence à 2 € et l’aide du Conseil départemental, qui le rend possible, ont été déterminantes. Auparavant, la licence coûtait 5,70 € en maternelle et 6,30 € en élémentaires. Le département accordait déjà une subvention de 3,50 €, mais la versait l’année suivante, sur demande de l’enseignant, ce qui la rendait illisible. Profitant de notre trésorerie, nous avons proposé qu’elle nous soit directement versée, avec en contrepartie une communication auprès des écoles et des parents, via une affiche. Nous avons ensuite baissé la part Usep et demandé à la Ligue de l’enseignement de réduire la sienne de 1,27 € à 1€ en promettant que la perte serait compensée par l’augmentation des effectifs. Avec une licence à 2 €, des écoles ont affilié davantage de classes ou créé une association ! S’y est ajouté le lancement de la Cité éducative Dreux-Vernouillet, où grâce à une aide supplémentaire la licence n’est que de 50 centimes. Nous sommes ainsi passés en un an de 4 700 licenciés enfants à près de 12 000, et fin décembre nous dépassions déjà les 13 000. »
Partenariat départemental. Outre son coup de pouce sur les licences, le Conseil départemental appuie nos projets à hauteur de 10 000 € et aide à l’organisation du congrès des enfants. Ce partenariat porte aussi sur une action commune au château de Maintenon lors des Journées du patrimoine et un séjour de plusieurs classes en fin d’année. Il s’élargit cette année au nouveau Festival des arts au château de La Ferté Vidame : nous avons eu « carte blanche » et proposerons une animation cirque et danse. »
Éducation nationale. « Je fais partie de l’équipe EPS et du groupe « éducation morale et civique » et suis associé au groupe maternelle, qui organise une « Semaine » dont l’Usep est partenaire. L’Éducation nationale soutient nos actions, nos rencontres et nos thématiques, et finance mon poste de mis à disposition, devenu un plein temps à la rentrée 2021, alors qu’auparavant je partageais mon temps avec une classe. »
Équipe. « Il y a dix ans, le délégué à mi-temps était épaulé par un éducateur. Aujourd’hui nous sommes 7, dont 5 à plein temps. Les premiers postes d’éducateurs ont été financés par des prestations, classes sportives et semaines découverte. Nous avons ensuite récupéré un demi-poste auprès de la Ligue de l’enseignement en gérant directement nos licences. Puis nous nous sommes retrouvés à 4 avec le recrutement d’un animateur Savoir Rouler à Vélo. Enfin, à la rentrée dernière nous avons embauché 3 personnes en contrat à durée déterminée : un éducateur supplémentaire à mi-temps, une agente administrative (24 heures hebdomadaires) et une apprentie BP Jeps. »
Rencontre sportive associative. « Nous avons encore du chemin à faire pour que l’enfant prenne toute sa place, mais les rencontres avec classes organisatrices se multiplient et de plus en plus de classes s’engagent dans le congrès des enfants. Les enseignants s’investissent également dans la préparation et l’animation des rencontres. C’est d’ailleurs indispensable pour répondre aujourd’hui à toutes les demandes. L’idée est que les collègues plus expérimentés soient plus autonomes et d’accompagner en priorité les nouvelles classes. En moyenne, un enfant participe à 2 rencontres par an, et jusqu’à 6 pour les classes n’ayant pas de souci de transport. »
Temps scolaire. « 90 % des rencontres se déroulent en temps scolaire et 95 % sont gérées par l’équipe départementale pour le déroulement et l’installation du matériel, même si les enseignants les préparent en amont. Le hors temps scolaire consiste principalement en des interventions dans le cadre des Vacances apprenantes2 ou de semaines sportives, mais il va se développer avec les rencontres familles et l’accompagnement d’évènements des comités sportifs dont nous sommes partenaires. »
Maternelles. « Si les maternelles représentaient l’an passé 42% des licenciés enfants, c’est parce que sous l’impulsion du précédent délégué et de notre ancien président et élu national, Pascal Feneau, le comité a beaucoup investi le cycle 1 à travers les P’tits bals, les deux volets de l’opération maternelle , l’opération laïcité, la Semaine olympique et paralympique, le P’tit Tour… Plus la Semaine de la maternelle propre à l’Eure-et-Loir. Plus de 7 000 enfants sont inscrits cette année aux P’tits bals, organisés en collaboration avec l’Éducation nationale. »
Dynamique 2024. « Vingt écoles, représentant un tiers de nos associations, sont labélisées Génération 2024 et l’Usep est très présente sur la Semaine et la Journée olympiques, en partenariat avec le Conseil départemental, qui lui est labélisé Terre de Jeux. Nous avons aussi un projet autour du vélo et des JO avec Chartres Métropole et aussi, en milieu rural, un partenariat avec la Communauté de communes de Thiron-Gardais, dans le Perche. »
Rencontres familles. « L’an passé, nous avons rebondi sur une sollicitation du club de handball de Chartres pour organiser une rencontre famille orientation, avec ramassage des déchets, en lien avec notre partenaire Zéro Waste. Les parents étaient conviés et les enfants organisaient. Cette année, notre groupe de travail vie associative a proposé de repartir sur de l’orientation et d’organiser aussi sur Chartres un P’tit bal hors temps scolaire et un parcours à vélo qui reprendra, en sens inverse, le parcours d’une étape du P’tit Tour à laquelle les enfants auront participé dans la semaine. »
(1) « Les deux éducatrices qui gèrent les opérations nationales bénéficient d’une prime d’intéressement correspondant à 10 % des reversements. Idem pour l’animateur qui effectue les prestations du Savoir Rouler à Vélo. C’est une reconnaissance du travail accompli. »
(2) « Pour les vacances apprenantes, nous intervient en parallèle des enseignants, principalement sur des demi-journées vélo : à Pâques, début juillet, fin août et aux vacances d’automne. Cela concerne entre 12 et 36 enfants, en partenariat avec la Cité éducative mais aussi dans des écoles de campagne. »
Nouveaux enseignants et jeunes élus
« La formation en EPS des nouveaux enseignants étant très réduite, nous intervenons à l’Inspé sur un unique créneau, pour présenter l’Usep et les accrocher à travers quelques activités. Nous proposons aussi des outils et dossiers « clés en main », sachant que les nouveaux collègues en sont friands pour se rassurer sur leurs pratiques. C’est une façon de les amener à l’Usep. Nous proposons ensuite sur 5 formations par an autour d’une activité (hip-hop, basket, golf…), sur le créneau 18 h-21 h, pour 20 à 30 participants. Cela permet à ceux qui s’intéressent au sport scolaire d’être plus à l’aise en EPS. Nous y intégrons toujours la présentation d’outils Éducation nationale et Usep : développement durable, thématique enfant acteur, enfant auteur, etc. Nous organisons aussi deux temps de formation sur 2 jours, du jeudi soir au samedi. L’un en début d’été (élargi à la région une année sur deux) et l’autre en cours d’année, grâce aux décharges accordées par le rectorat. Tous ces jeunes enseignants sont des candidats potentiels au comité directeur (qui ne compte que 3 retraités et dont la moitié des 22 membres a moins de 40 ans), et se retrouvent dans notre devise sur les réseaux sociaux : #LesValeurs. »