Triathlète devenue éducatrice sportive afin de prolonger sa passion, Sandra Petit intervient auprès de l’Usep sur un projet initié par l’école Libération de Rochefort (Charente-Maritime) : un exemple de continuité du parcours sportif de l’enfant et de complémentarité entre sport scolaire et pratique en club.

Sandra Petit, connaissiez-vous l’Usep avant d’intervenir auprès des écoles de Rochefort pour y développer la pratique du triathlon ?

Non. J’ai découvert l’Usep en 2017 à travers le projet Audrey Merle, du nom de la marraine de cette action qui utilise le triathlon pour développer la pratique de la natation et du vélo chez les enfants. Ceux-ci se préparent toute l’année afin de prendre part en juin à un triathlon qui, l’an passé, a réuni 400 élèves, du CM1 à la 6e. Le projet Audrey Merle a été initié par l’école Libération de Rochefort et son association Usep, et j’interviens auprès des enfants en tant qu’éducatrice sportive. J’interviens parallèlement auprès de l’association Cœur de sport, qui porte le projet avec l’école et l’Usep, et d’un club partenaire, Océan Triathlon.

Le triathlon, ce n’est pas trop exigeant physiquement pour des enfants ?

Non, car l’objectif est de le rendre accessible à tous. L’école Libération est située dans un quartier « politique de la ville » et accueille des enfants pour qui savoir nager et faire du vélo ne va pas de soi. C’est d’abord d’apprentissage qu’il s’agit, même si le triathlon invite à se dépasser et à donner le meilleur de soi. Je m’appuie pour cela sur la mallette pédagogique de la FFtri, réalisée avec l’Usep. Nous sommes dans une démarche inclusive, tout en offrant la possibilité aux plus motivés de s’engager dans une pratique plus soutenue dans le cadre d’une école de triathlon.

Vous intervenez donc à la fois en temps scolaire et en dehors…

J’interviens les mardi, mercredi et jeudi matin dans les écoles, principalement autour de la pratique du vélo : chaque classe de CM1-CM2 des écoles de Rochefort bénéficie dans l’année de trois séances pour préparer le challenge Audrey Merle. Parallèlement, le mardi soir, j’encadre un atelier pour l’association Usep de l’école Libération : 30 enfants y sont inscrits et des parents, une animatrice du centre social et un enseignant participent aussi à l’encadrement. Enfin, j’encadre le mercredi et samedi après-midi l’école de triathlon du club, où je retrouve certains enfants.

Quel regard portez-vous sur le sport scolaire Usep ?

Participer à la formation complémentaire d’octobre avec des cadres de la fédération et des animateurs enseignants m’a permis d’assimiler la culture propre à la fédération. J’en retiens la posture d’éducateur, au sens large.

Je me suis également familiarisée avec des outils comme les réglettes de l’effort et des émotions, parfaitement adaptées pour exprimer les ressentis de la pratique du triathlon, entre plaisir et dépassement de soi. Car les enfants sont fiers, en fin d’année, de réussir l’enchaînement des trois disciplines. Pour eux, c’est un accomplissement.

Que vous a apporté l’Usep vous dans votre pratique d’éducatrice sportive ?

Une approche plus globale de l’enfant justement, et une meilleure prise en compte de ses ressentis. La question du plaisir est parfois délaissée dans l’environnement fédéral, en particulier dans le triathlon où les douleurs, voire la souffrance, sont synonymes d’entraînement réussi. L’Usep favorise également une approche inclusive des pratiques physiques, à l’exemple des défis coopétitifs, que j’ai découvert.

Cela a changé votre façon d’animer ?

Cela a enrichi ma palette, notamment concernant la bienveillance, et m’a rendue plus attentive à la force des émotions qu’éprouvent les enfants de l’école élémentaire : ce que signifie pour eux perdre ou gagner, et combien il est parfois difficile de relativiser son classement dans une course ou un défi. Favoriser et valoriser les réussites de chacun, sans pour autant empêcher toute ambition, n’est pas chose aisée

Au-delà, qu’attendez-vous de l’Usep ?

Qu’elle poursuivre son soutien aux projets Génération 2024, que mon poste soit pérennisé, et que beaucoup d’autres soient créés pour développer les passerelles entre sport scolaire et sport fédéral ! Et contribuer ainsi à établir en France une vraie culture de la pratique physique, telle qu’elle peut exister dans les pays anglo-saxons ou certains pays scandinaves.