Ce mini-roman accroche par son ton direct et son langage imagé, celui d’une fillette bien décidée à faire jouer son droit à taper dans le ballon dans la cour de récré. Les enseignants apprécieront aussi la finesse d’une histoire sur laquelle ils pourront s’appuyer pour un débat associatif sur l’égalité filles-garçons.
« Ça m’énerve, parce qu’à l’école les garçons nous interdisent de jouer au foot, sous prétexte qu’on est des filles. Après la cantine, l’animatrice pose dans la cour un grand sac. Dedans, on trouve des cordes à sauter, des raquettes de tennis, des balles, un ballon. Les garçons demandant le ballon super vite. Ils partent avec. Direct. Quand on les suit, ils nous jettent : ̏ Ça va pas, toi t’es une fille, pourquoi tu viendrais faire du foot ? Ça sert à rien pour les filles ! ̋ Parce que le foot, c’est censé servir à quelque chose pour les garçons ? À devenir Neymar, peut-être. (…) Ils ont une chance sur cent millions que ça se réalise. Même pas. »
La fillette de CM1 qui, tout au long de ce petit livre, s’exprime à la première personne, n’a pas sa langue dans sa poche. Elle n’a pas froid aux yeux non plus, et n’hésite pas à dérober ce ballon objet de toutes les convoitises et à le cacher dans les toilettes des filles, puis à y dissimuler aussi les balles de tennis. Ne reste plus que les billes et les cordes à sauter, ce qui change singulièrement l’atmosphère de la cour à la pause méridienne… Et quand le pot-aux-roses est découvert, prenant les choses en main la maîtresse annonce pour l’après-midi un temps d’éducation civique qui prend vite la forme d’un débat passionné : comment laisser plus de place aux filles dans la cour et leur permettre de jouer au foot ?
Les arguments des unes et les objections des autres fusent. Petit ou grand, le lecteur est transporté dans cette salle de classe, listant les propositions et pesant le pour et le contre. Celles-ci sont d’ailleurs souvent réfutés une à une, car même si la maîtresse observe que « les jeux de filles et les jeux de garçons, ça n’existe pas », dans la réalité les choses sont rarement aussi simples.
Tout se finira par un match, sans que les choses aient été définitivement réglées. Mais chacun et chacune aura cogité et intelligemment avancé sur la voie du compromis. Zéro à zéro, balle au centre !