Faire jouer ensemble sur un parcours de golf 150 enfants âgés de 5 à 15 ans : c’est ce qu’ont réussi l’Usep, l’UNSS et les services de l’Éducation nationale des Yvelines à l’occasion de la Journée nationale du sport scolaire.
« Mets tes mains l’une au-dessus de l’autre sur le manche, rapproches tes pieds et ne frappes pas trop fort, sinon la balle ira loin… » Entourant de ses bras un enfant de maternelle, Élodia, lycéenne de Seconde, guide son geste, puis l’encourage après un essai raté. Et quand d’un dernier put son protégé met la petite balle blanche au fond du trou, la joie est partagée.
Sur les greens du golf de Béthemont, perché sur les hauteurs de Poissy (Yvelines), la scène se répète des centaines de fois. Seuls varient les binômes, qui associent aussi des écoliers de cours élémentaire et moyen et des collégiens de 6e. « Les plus jeunes sont accompagnés d’un aîné qui veille sur eux » résume Sabine Bollé, présidente de l’Usep des Yvelines, venue avec des enfants de sa classe de maternelle (1).
Parcours golfique
Vouloir favoriser la continuité du parcours sportif de l’enfant est une chose, la faire vivre sur une rencontre en est une autre. Or le golf le permet, pour peu que les ateliers de pratique s’adaptent aux aptitudes de chacun.
Entre le matin et l’après-midi, les enfants visitent quatre « pôles ». Milan et Camille, 5 et 12 ans, débutent avec leur équipe par des activités « détournées » : foot, rugby et disc-golf. Comme au golf, le but est d’approcher, puis d’atteindre la cible avec le moins de coups possible. Chacun des deux partenaires lance alternativement le disque ou le ballon, exactement comme lors des parties de la Ryder Cup disputées en duo.
Généralement, c’est l’aîné qui dispense les conseils. Mais la règle souffre des exceptions. Au foot-golf, c’est Mathis, 9 ans, qui enseigne à Justine, 15 printemps, l’art de frapper la balle de l’intérieur du pied pour gagner en précision et éviter qu’elle ne dégringole du green (pelouse coupée ras) vers le rough (herbes) ou tombe dans le piège sablonneux du bunker…
Putting, practice et kits d’initiation
Un circuit d’orientation offre ensuite l’occasion de s’aventurer dans les recoins plus sauvages du golf de Béthemont. La recherche des balises est associée à des questions sur l’étiquette du jeu et la gestion écologique d’un terrain : « Le jardinier utilise-t-il de l’eau bouillante ou des pesticides contre les mauvaises herbes ? »
Avec le putting et le practice long et court, on entre dans le vif du sujet. Jérémy, professeur d’EPS, initie les enfants au swing, ce geste ample qui est l’image d’Épinal du golfeur. Pour ces néophytes, faire « entrer en contact son club avec la balle » est déjà un petit exploit. Si en plus ils réussissent à l’envoyer loin, bravo ! Ils peuvent alors travailler la précision avec un « fer » dont la lame biseautée aide à soulever la balle pour lui donner une trajectoire courbe.
Des tuteurs investis
Les binômes « intergénérationnels » se séparent seulement lorsque collégiens et lycéens partent s’essayer sur deux ou trois trous du parcours, tandis que leurs cadets étrennent le kit de short golf conçu à leur intention. Le relai est alors pris par les enseignants et les parents accompagnateurs, séduits par ce tutorat des plus grands. « C’est différent du rapport avec l’adulte, car en dépit de la différence d’âge ce sont des relations entre enfants. Lycéens et collégiens sont très investis de leur rôle, et nous autres parents restons en retrait » souligne Vanessa, maman de Théo, 5 ans. « Je suis là sans être là, confirme Charles-François, père d’Alexis. Les grands font en sorte de se mettre au niveau des petits, qui les écoutent. »
Cela est sans doute facilité par le cadre, « naturellement » apaisant, d’un terrain de golf, et par le choix d’une discipline qui était une pure découverte pour la plupart des enfants, y compris les plus âgés. « Moi-même, reconnaît Vanessa, j’avais l’image d’un sport très fermé. Je me demandais aussi comment on pouvait faire jouer au golf des petits de maternelle. Eh bien, j’ai vu. » Vu le tout début du parcours sportif de son enfant…
(1) Tous licenciés Usep, les écoliers présents étaient des élèves de « grande section » de l’école maternelle Paul-Langevin des Clayes-sous-Bois et des CE1 et CE2 des écoles élémentaires Montaigne et Robert-Fournier de Poissy.
Projet départemental. L’accueil au Golf national de Saint-Quentin-en-Yvelines de la Ryder Cup 2018, 3ème événement sportif le plus médiatisé au monde, est à l’origine du projet pédagogique construit par les services de l’Éducation nationale et la FFGolf. Ce projet a d’abord ciblé les élèves de CM1-CM2. Avec l’appui de l’Usep, 70 classes profitent chaque année de cycles d’initiation de 10 séances, la dernière se déroulant sur l’un des 15 golfs partenaires (sur les 30 que compte le département). Les enseignants disposent également d’un outil pédagogique conçu pour les enfants et complété par un livret enseignant. En 2017-2018, le projet s’est étendu aux CP-CE1-CE2 et aux élèves de grande section (GS) de maternelle : 25 classes ont bénéficié du prêt d’un matériel adapté et d’un accompagnement des conseillers pédagogiques en EPS. Depuis la rentrée, le projet concerne aussi les collèges et lycées.