Du rapport moral (97,36 %) au budget (95,58 %), les votes des comités ont traduit une très large adhésion à l’action du comité directeur, lors de l’assemblée générale 2022 de l’Usep qui s’est déroulée samedi 23 et dimanche 24 avril au Palais des Papes d’Avignon. Face à la déception suscitée par la loi sur le sport et la menace représentée par des discours prônant la discrimination, la présidente Véronique Moreira a appelé à se « recentrer sur le projet Usep » et un coup d’accélérateur sera donné dès juin à l’évènement Unis’Vers2024. Résumé des débats en quelques mots-clés.
Unique et irremplaçable. « L’Usep est unique et irremplaçable ! » C’est l’anaphore qu’a choisi Véronique Moreira pour ponctuer son complément au rapport moral. Une anaphore dans laquelle il était permis d’entendre une critique indirecte de la possibilité de contourner l’association sportive d’école au profit d’« alliances éducatives », comme le permet la loi sur le sport adoptée en février dernier. « L’Usep est unique, donc irremplaçable, c’est ce que nous voulions graver dans le marbre par l’intermédiaire de la loi visant à démocratiser le sport. Peut-être avons-nous été trop ambitieux ou trop prétentieux, ou un peu des deux », a constaté la présidente de l’Usep dans un demi mea culpa.
« L’Usep est unique et irremplaçable », Véronique Moreira l’affirma par exemple en référence au Manifeste des enfants qui, en 2019, « exprimait la volonté d’organiser des rencontres sportives par et pour les enfants et de pratiquer en famille ». Elle le réaffirma ensuite en soulignant les capacités d’adaptation des comités et des associations pour imaginer des rencontres de proximité compatibles avec les contraintes sanitaires. Elle mentionna aussi, entre autres, le fort engagement de la fédération dans le dispositif Savoir Rouler à Vélo et les opérations d’accompagnement des Jeux olympiques et paralympiques 2024. Ceci avant de conclure en invitant à se recentrer sur le projet de la fédération : « Si l’Usep est unique et irremplaçable, alors elle restera ancrée dans les écoles après 2024. » Ce propos mobilisateur a convaincu, avec une adhésion du rapport moral de l’ordre de 97,36 %.
Valeurs républicaines. Tout comme Arnaud Jean, président de l’Ufolep, et Bruno Tarreau, vice-président de la Ligue de l’enseignement, l’avaient fait peu avant elle en ouverture de l’assemblée générale, au regard des conceptions communes partagées par l’Usep Véronique Moreira ne pouvait faire l’impasse sur l’actualité électorale. « J’espère de tout cœur que demain, les valeurs de la République l’emporteront, a-t-elle affirmé. Car à l’Usep, en tant que mouvement d’éducation populaire, secteur de la Ligue de l’enseignement, plus que jamais, nous devons apprendre aux enfants que par la coopération, la coopétition, il est possible de s’entendre, de faire ensemble et de vivre ensemble. Nous devons apprendre aux enfants à accepter l’autre, dans sa différence et d’où qu’il vienne. Nous devons apprendre aux enfants à être solidaires pour faire face à des enjeux idéologiques et écologiques qui demain deviendront les défis à relever au niveau mondial. Notre mission est de repousser, au quotidien et dans toutes nos actions, la vision raciste et discriminante de l’extrême-droite. L’Usep porte ces valeurs depuis près d’un siècle, et malgré un contexte ministériel moins favorable, des obstacles législatifs visant une approche libérale, nous devons garder notre cap, mettre en œuvre notre projet. »
Dynamique 2024. L’après-midi du samedi fut principalement consacrée à la dynamique 2024, entravée jusqu’à présent par le contexte sanitaire, comme le reconnu sans ambages Patrick Morel, vice-président de l’Usep en charge de la Vie sportive et de la Vie associative. « Pour sa part, a-t-il également observé, le contexte de Paris 2024 a occasionné un empilement de dispositifs dans lesquels nous voulons exister dans le paysage sportif comme acteur et auteur de la construction de l’héritage, notre héritage. La complexité et la cohérence relative de l’ensemble ont pu troubler le message et agir comme des freins limitant l’adhésion et, de ce fait, l’accompagnement du projet. En outre, la volonté exprimée, depuis le congrès des enfants, de développer dans ce dispositif les rencontres organisées par les enfants ou encore les rencontres en famille se heurte au fait qu’il s’agit, pour beaucoup d’entre nous d’une action très novatrice, dont la mise en œuvre requiert une démarche et un outillage à affiner. » C’est pourquoi un coup d’accélérateur sera donné dès juin, décrété pour trois ans « mois olympique de l’Usep » afin d’incarner l’évènement Unis’Vers 2024 dans l’esprit de sa devise « les enfants font leurs jeux ». Plusieurs outils pratiques destinés à la fois aux enfants et aux organisateurs ont ensuite été présentés. Parmi ceux-ci figurent une application web qui « viendra rendre lisible la mobilisation de l’Usep en comptabilisant le nombre de rencontres sportives organisées sur l’ensemble du territoire ». Non pas un simple recueil des données mais « un outil d’animation interactif et ludique, valorisant toutes les actions, tout en renforçant l’implication des enfants et des adultes ». Autre outil pratique, une « salle virtuelle » rassemblant des ressources pédagogiques pour mettre en place « la rencontre sportive associative olympique », et dont les fonctionnalités furent détaillées par Geoffroy Noir, vice-président de l’Usep en charge de la Vie pédagogique, de la recherche et de la formation.
Questions et réponses. Les élus ont répondu en tribune aux questions des comités. La Mayenne a notamment demandé si les rencontres inter-classes et inter-écoles étaient autorisées ou non (visiblement cela varie d’une académie ou d’un département à l’autre), et la Haute-Savoie s’il était envisageable que les indemnités péri-éducatives (supprimées sur la plupart des territoires) soient réintroduites et puissent bénéficier aux animateurs Usep en reconnaissance de leur engagement hors temps scolaire.
Opérations nationales. La Haute-Savoie a également interpelé le comité directeur sur les dates des opérations nationales, en souhaitant notamment que l’opération athlé-santé soit étendue à juin. La Côte-d’Or a également évoqué l’opération maternelle, dont la déclinaison sous la forme de jeux d’opposition a souvent été impossible cette année en raison des contraintes sanitaires. Patrick Morel a pris en compte ces interpellations au nom du comité directeur, tout en réaffirmant l’impératif de visibilité qui préside à ce calendrier. Il a ensuite présenté celui de la saison 2021-22, largement inchangé.
Développement durable. Élue nationale en charge du dossier, Josiane Pratali a présenté la démarche développement durable qui va être engagée dès les prochaines semaines auprès des comités, à travers un questionnaire destiné à ce qu’ils puissent questionner leurs modes de fonctionnement et réduire l’empreinte écologique de leurs activités.
Médailles d’honneur. Les médailles d’honneur n°35 et n°36 ont été respectivement remises à Catherine Soler, élue de l’Eure-et-Loir et formatrice nationale, et Michel Derouet, délégué Usep pendant près de 30 ans en Mayenne, très engagé au niveau régional et ancien élu national.
Nouvelle élue. Un siège était à pourvoir au sein du collège femmes du comité directeur Usep après la démission pour raisons de santé d’Annie Ramirez, dont la salle a salué d’un long applaudissement un engagement national de six années, au cours duquel elle géra notamment le lourd dossier des contrats des contrats de développement. Seule candidate à ce poste, Céline Bisseler, 51 ans, élue départementale des Deux-Sèvres, responsable du secteur de Bressuire pour la maternelle et formatrice nationale depuis 2016, a été élue avec 99,51 % des voix.
Résultat des votes. Le rapport moral (97,36 %), le rapport financier 2021 (100 %), le budget 2022 (95,58 %), les tarifs statutaires (80,10 %), la modification du règlement intérieur relative aux dérogations au principe « une association, une école » (97,21%), et le procès-verbal de l’assemblée générale 2021 (100 %) ont tous été adoptés à une très large majorité. 96 comités étaient représentés et ont pris part aux votes.
AG élective 2024 en octobre. Les mandatés des comités ont également approuvé à 96,16 % le principe du report de la prochaine assemblée générale élective d’avril à octobre 2024. Ce report était proposé afin d’assurer une stabilité de la gouvernance jusqu’à l’échéance des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, qui se dérouleront en août 2024.
Personnalités. Outre Bruno Tarreau et Arnaud Jean, déjà cités, Laurent Minel (président de l’Usep Vaucluse), Christine Sireta (présidente de la Ligue de l’enseignement du Vaucluse et de la région Paca), Claude Nahoum (1er adjoint au maire d’Avignon) et Christelle Jablonski-Castanier (élue en charge des sports au Conseil départemental du Vaucluse) se sont exprimés en ouverture de l’assemblée générale.
Adieu monsieur le directeur
Dans ce qui restera son dernier complément au rapport d’activité, après 9 ans à la tête de l’équipe nationale le directeur de l’Usep, Benoît Lasnier, a confirmé son prochain départ vers de nouvelles fonctions – celles d’IA-IPR (inspecteur d’académie-inspecteur pédagogique régional) dans une académie qui reste à déterminer. Benoît Lasnier aura activement accompagné les évolutions de l’Usep, et notamment l’utilisation du numérique, qui a « révolutionné nos pratiques ». « Si dans un premier temps cette évolution fut contrainte, afin de s’adapter aux restrictions sanitaires, elle nous a permis de développer des outils qui vont bien au-delà de la seule communication », a-t-il souligné, dans un propos où, parmi des remerciements appuyés, le mot de « fierté » finit aussi par émerger pour caractériser ce compagnonnage de près d’une décennie.