L’Assemblée nationale a adopté en première lecture mercredi 9 février une « proposition de loi visant à démocratiser le sport en France ». Dans une lettre ouverte au ministre de l’Éducation nationale, co-signée le 5 février avec la Ligue de l’enseignement, puis dans communiqué titré « Non à la disparition du sport scolaire ! » diffusé deux jours plus tard, l’Usep s’inquiétait de la suppression d’un amendement réclamant la généralisation des associations sportives scolaires dans chaque école, et de son remplacement par un autre offrant la possibilité d’organiser des projets sportifs dans le cadre d’« alliances éducatives » aux contours flous. En dépit des alertes et des nombreux soutiens venus conforter l’Usep dans son action, le texte a été voté et la loi doit être définitivement adoptée le 24 février. La fédération du sport scolaire de l’école publique remercie ici tous les acteurs du monde enseignant et sportif qui ont relayé ses inquiétudes.

Daté du 15 février, le communiqué est signé par la plupart des syndicats enseignants : SNUipp-FSU, Snep, SE-Unsa, Snudi-FO, CGT-éducation, Sud éducation-Solidaires et Snalc. Intitulé « Loi sport et sport scolaire : une mise à mal de l’Usep », il résume parfaitement les enjeux de cette mobilisation. « Le vote en première lecture à l’Assemblée nationale de la loi sport et d’un amendement qui introduit des « alliances éducatives » possibles avec des associations sportives locales, va mettre en difficulté le sport scolaire et particulièrement l’Usep. […] Les parlementaires ouvrent la porte à l’externalisation du sport scolaire et font passer au second plan l’action même de l’Usep [alors que celle-ci] contribue non seulement à accueillir et accompagner le sport scolaire mais également à développer des valeurs et à pratiquer une citoyenneté en actes, ce que les « alliances éducatives » ne pourront peut-être pas garantir. La loi, qui veut promouvoir le sport en milieu scolaire, aurait dû s’appuyer sur cette force pour développer le sport scolaire. »

Le 7 février, la présidente du Comité national olympique et sportif français, Brigitte Henriques, avait elle-même écrit au ministre de l’Éducation nationale et à la ministre délégué chargée des Sports pour relayer « la vive opposition des fédérations scolaires du 1er degré au sujet de ces évolutions législatives » risquant de conduire à « un contournement de la création d’associations sportives scolaires qui pourtant font leur preuve au quotidien dans les écoles, auprès des enfants et avec les parents ».

Dans son courrier dont une copie était adressée au Premier ministre, Brigitte Henriques pointait « une ouverture de l’école non maîtrisée à toute officine souhaitant intervenir à l’école et n’offrant aucune garantie en termes de qualité, de sécurité et d’engagement des communautés éducatives pour des activités qui touchent pourtant à des apprentissages corporels décisifs pour les enfants ». Elle soulevait enfin les « inégalités territoriales » et notamment l’inévitable pénalisation des « petites écoles dans les communes rurales ». Ceci alors même que « se multiplient les études sur les effets délétères de la sédentarité chez les enfants et les jeunes et que le Gouvernement a engagé une politique volontariste de développement des activités physiques et sportives dans la dynamique des Jeux de Paris 2024 ».

L’Usep a également enregistré les soutiens de la Fédération sportive et gymnique du travail (par la voix de sa présidente Emmanuelle Bonnet-Oulaldj), de l’Association pour l’enseignement de l’EPS (AE-EPS), d’EPS-Mania, des éditions Revue-EPS, des Centres d’éducation aux méthodes de l’éducation active (Céméa, par la voix de son président Philippe Meirieu), ainsi que du média professionnel de l’éducation qu’est l’AEF, du magazine SportMag et du site d’information qu’est le Café pédagogique.

À l’image de la députée Marie-George Buffet et de son collègue Régis Juanico à la tribune de l’Assemblée nationale, de nombreux parlementaires et élus locaux de tout bord ont également apporté leur soutien après avoir été alertés par les comités Usep. Que tous ces acteurs éducatifs, sportifs et politiques en soient ici remerciés.

Leur mobilisation n’a pas été inutile. Si, après sa non-adoption par le Sénat en deuxième lecture, la loi doit être définitivement adoptée mercredi 23 février, l’Usep a pu obtenir la réintégration dans cet article 3 bis B de la phrase selon laquelle « L’État et les collectivités territoriales favorisent la création d’une association sportive dans chaque établissement du premier degré. »

L’Usep continuera de s’appuyer sur celle-ci pour déployer ses rencontres sportives associatives au bénéfice du plus grand nombre d’enfants, de leurs apprentissages corporels et citoyens et de leur santé. Elle doit néanmoins faire face à l’amertume, à la déception et aux inquiétudes de ses militants de terrain concernant le développement du sport scolaire dans le 1er degré. Il s’agit donc à présent de les consulter et d’échanger avec les comités départementaux pour rester mobilisés et décider ensemble de la meilleure façon de rebondir.