Quels sont les principaux enjeux de l’assemblée générale Usep des samedi 23 et dimanche 24 avril ? Quel est l’impact d’un contexte sanitaire toujours incertain ? Comment le budget a-t-il été construit, dans un cadre contraint par la baisse des licenciés ? Et comment mobiliser les associations d’école autour de l’Événement 2024, à deux ans des Jeux olympiques et paralympiques de Paris ? Tour d’horizon avec Dominique Caron, secrétaire général de l’Usep.
Dominique Caron, l’AG d’Avignon se déroule en présentiel : l’occasion de se retrouver, et peut-être aussi de mobiliser des militants qui ne voient pas la fin d’une crise sanitaire qui entrave encore le déploiement des activités Usep…
Il est vrai que nous avons cru plusieurs fois à un retour à la normale, et que ce virus est imprévisible… Nous avons évidemment tous hâte d’un retour durable à la normale ! Mais il faut souligner la grande réactivité du mouvement et des acteurs de terrain, qui souvent se réinventent pour permettre à l’Usep de continuer à vivre. Même si nous savons tous que rien ne remplace la « vraie rencontre », avec brassages des classes et des écoles. Concernant l’assemblée générale, je vois dans la forte participation le signe de l’envie de se retrouver. Il y a plus de 300 inscrits, au-delà de la jauge habituelle, fixée à 280 participants et correspondant à 2 mandatés par département, 1 par région, plus les membres du comité directeur et les représentants de la Ligue de l’enseignement et de l’Ufolep. Cela nous a conduit à prévoir une « salle visio » annexe pour auditeurs libres !
Le comité directeur a pris l’habitude d’échanger plusieurs fois dans l’année avec le réseau au moyen de webconférences. Ce mode de communication va-t-il être conservé, et à quel rythme ?
Ces webconférences sont très suivies, avec généralement plus de cent participants et 80 % des comités représentés. Ces rendez-vous thématiques sont appréciés et offrent un espace d’échange régulier, avec plus d’interactivité que des temps statutaires plus contraints. La crise sanitaire nous aura au moins permis d’innover en matière de communication ! Nous conserverons ces webconférences qui apportent une vraie plus-value. Attention toutefois : elles ne doivent pas se substituer aux temps statutaires et de rassemblement, ni aux formations en présentiel. Elles doivent également se justifier par l’actualité d’un dossier. Jusqu’à présent, le rythme d’une webconférence tous les deux mois répond à ce besoin.
En 2020-2021, comme les autres fédérations sportives l’Usep a enregistré une perte d’associations (- 25,82 % sur un an) et de licenciés. Celle-ci est plus forte parmi les maternelles (- 44,83 %) que les élémentaires (- 35,11%) et également conséquente parmi les adultes (- 33,98 %). On relève toutefois de fortes disparités d’un comité à l’autre. Comment les expliquer ?
Elles sont souvent dues à l’histoire de chaque comité. Même si nous partageons tous le même projet, les fonctionnements diffèrent d’un territoire à l’autre. Par endroit, les prises de licence sont par exemple regroupées en début d’année, quand ailleurs elles s’échelonnent au fil de l’année et des évènements phares. Ces comités-là sont pénalisés lorsque le protocole sanitaire se resserre en cours de saison. S’ajoutent à cela des appréciations locales parfois plus strictes des consignes institutionnelles, surtout pour les départements principalement investis sur le temps scolaire.
Le contexte sanitaire se ressent sur les licences et les affiliations. L’an passé, les compensations de l’État ont permis de présenter un compte de résultat en léger excédent (+ 21 578 €). Le budget 2022 prévoit en revanche un déficit de 100 000 €, sans pouvoir maintenir au même niveau les contributions aux comités liées aux contrats de développement et à la participation aux opérations nationales. Comment ce budget a-t-il été construit ?
Les baisses de licences impactent en effet fortement le budget 2022. Après un premier travail effectué par les trésorières et la commission des finances, celui-ci a fait l’objet de longs échanges en comité directeur, afin que les choix soient collectifs et partagés. L’équation était la suivante : permettre à l’Usep de se projeter pour retrouver ses effectifs d’avant-Covid, mais aussi de se développer et de s’engager dans la dynamique Unis’vers Usep 2024, tout en prenant en compte les contraintes financières. Nous proposons un budget déficitaire, mais que nous pensons maîtrisé et réaliste. Pour réduire les dépenses, certains temps de comité directeur et de bureau, de commission et de groupe de travail se dérouleront en distanciel, tout comme le rassemblement national de rentrée, et nous avons différé le recrutement d’une chargée de communication. Les contributions nationales aux territoires sont également impactées, avec une baisse de 8 % qui participe à la maîtrise de ce budget. Mais celles-ci ne constituent pas, et de loin, la principale variable d’ajustement. Ce budget pourra également être adapté au fil de l’année selon le montant des produits générés par les licences et les affiliations.
Un autre élément de contexte est la loi sur le sport adoptée à l’Assemblée nationale en février, où la proposition initiale visant à rendre obligatoire la création d’une association Usep dans chaque école a disparu au profit de la possibilité de mettre en place des « alliances éducatives ». Que dites-vous aux animateurs Usep qui ressentent cela comme une non-reconnaissance de leur engagement bénévole ?
Les termes définitifs de la loi sont très loin d’être à la hauteur de l’engagement des acteurs de l’Usep. Alors que, dans un premier temps, nous pensions que celle-ci serait un moyen de mieux reconnaître l’action de l’Usep et d’aider à son développement, la possibilité de créer des « alliances éducatives » est perçue comme un moyen déguisé de nous contourner. Il suffit pourtant de regarder les chiffres de la participation à la Semaine olympique et paralympique ou le nombre d’attestations du Savoir Rouler à Vélo délivrées par l’Usep pour certifier la réalité d’une action qui ne relève pas d’un ressenti ! Notre déception, notre colère même, est légitime, et il nous faut réagir. Le mouvement s’est positionné clairement lors de la webconférence organisée fin février, au lendemain de l’adoption définitive de la loi : il nous faut continuer à montrer que l’Usep est incontournable, ce qui passe par la mise en place de son projet, et non par la politique de la chaise vide. Mais, dans le même temps, le mouvement a réaffirmé que son ambition n’est pas de faire vivre tout un lot de dispositifs institutionnels, empilés les uns sur les autres et parfois peu cohérents. Il convient de s’en emparer seulement s’ils offrent une plus-value à notre action en faveur de la pratique sportive et de l’éducation citoyenne des enfants.
J’ajouterai que l’action associative ne se décrète pas : elle est portée et incarnée par des militants. Et même si nous aurions préféré que la loi nous aide à nous développer, ce n’est pas parce que certains souhaitent des « alliances éducatives » qu’elles existeront et seront efficaces. Cet épisode douloureux a également mis en lumière le soutien que nous ont apporté de nombreux acteurs institutionnels, politiques, syndicaux et associatifs majeurs. Des acteurs majeurs qui croient en l’Usep, au-delà de 2024.
Justement, le contexte freine aussi l’élan de « l’évènement 2024 » de l’Usep, alors que l’échéance se rapproche. Comment relancer la dynamique ?
Même si le contexte a freiné sa mise en œuvre, la dynamique existe et se traduit notamment par l’écho rencontré auprès de nos comités par nos initiatives « Tous vers Tokyo » et « Tous à Pékin », associées aux deux dernières éditions de la Semaine olympique et paralympique. Il faut en revanche poursuivre et amplifier la montée en puissance d’Unis’vers Usep 2024. C’est pourquoi, à Avignon, un long temps sera consacré à discuter des prochaines étapes. Nous présenterons aussi l’application numérique créée pour favoriser l’implication des enfants et leur permettre de « faire leurs Jeux » !
Une proposition de modification du règlement intérieur permettant des dérogations au principe « une association, une école » sera mise au vote à Avignon. Quel en est le sens ?
Il ne s’agit pas de mener le débat sur le fond mais d’intégrer dans notre règlement intérieur ce qui a été décidé en 2019 à l’assemblée générale de Pau. C’est une « mise en conformité ».
Les comités n’ont exprimé aucun « vœu » en amont de cette AG, et seulement deux « questions à » ont été formulée par le comité de Loire-Atlantique : l’une sur le fait que l’Usep, comme l’UNSS pour le sport scolaire du second degré, ne soit pas éligible au Pass’Sport (aide de l’État de 50€ à la prise de licence pour les familles modestes), et l’autre sur la prise en compte des activités hors temps scolaire dans le logiciel Webaffilique. Il semble que ce type de question soit de plus en plus rare d’année en année…
C’est probablement l’effet des webconférences, qui permettent d’apporter des réponses rapides aux questions que se posent les comités. Mais l’assemblée générale est l’occasion de poser des questions écrites et d’avoir des échanges sans filtre. C’est en tout cas dans cette perspective que nous avons construit le déroulé du moment démocratique privilégié qu’est l’assemblée générale annuelle.