Lancée il y a cinq ans pour inviter les enfants de maternelle et de cycle 2 à mettre en images et en mots leur participation à une rencontre sportive associative, l’opération Les P’tits Reporters s’ouvre désormais aux CM1 et CM2. L’occasion de diversifier davantage encore les productions des classes, alors que la sélection 2021 est désormais en ligne.
« Hier, j’ai fait du vélo avec l’Usep. J’ai slalomé autour des plots. Au début, on a vérifié les vélos ! Après on a fait la bascule. On a fait les bosses. On a joué au jeu de la lenteur. On a fait les feux rouges et les panneaux. On a fait les allers-retours. On a fait des jeux et des devinettes. » Ces mots sont signés Enzo et agrémentés d’un dessin figurant trois cyclistes avançant sur une route bordée de fleurs, à moins qu’il ne s’agisse de spectateurs stylisés applaudissant les coureurs. Pour ajouter de la couleur, un éclatant drapeau bleu-blanc-rouge flotte sur le porte-bagage du leader.
La production collective des élèves de cours préparatoire de l’école d’Odos, près de Tarbes (Hautes-Pyrénées), est l’une des plus simples et des plus originales de l’édition 2021 des P’tits Reporters. Chacun a relaté sur un post-it sa participation au P’tit Tour, avec un rapport texte-image qui varie beaucoup d’un enfant à l’autre. Réunis côte à côte et adaptés au format A4, ils forment une mosaïque de couleur, numérisée sous la forme d’un pdf de deux pages. Il y a bien quelques redites, mais le style et le crayonné traduisent la sensibilité de chaque enfant. On peut lire les témoignages les uns après les autres ou de façon aléatoire, en se laissant guider par la calligraphie et les dessins. Pour cela, il suffit de zoomer.
Trampoline et défi-récré
Le jury de l’édition 2021, composé des membres de la commission nationale communication de l’Usep, a aussi eu un coup de cœur pour les productions jumelles de deux classes de maternelles de Selles-Saint-Denis et Maslives (Loir-et-Cher). Elles ont semble-t-il participé à la même rencontre « 1-2-3 Usep » dans la salle des fêtes de l’une des deux communes. Sur une feuille de papier, chaque enfant a dessiné « ses » moments forts de la rencontre à l’intérieur d’un rectangle symbolisant les contours d’un appareil-photo. Le tout agrémenté de légendes photos dictées à l’adulte. Ewen a ainsi dessiné « le trampoline » et « le truc où il y avait deux bâtons », et pris la peine de préciser qu’« il fallait sauter ». Ilan s’est focalisé sur « l’atelier des chiffres », alias le défi-récré du saut en croix, tandis que Thalia a retenu « l’atelier aveugle avec un guide » et Rachel éveillé notre curiosité avec « les poubelles » et « le compost ». On s’y croirait, signe d’un reportage particulièrement réussi.
La trace des enfants
« Ce qui fait l’intérêt d’un P’tit reportage, c’est d’y voir la trace des enfants, souligne Carole Strugala, adjointe à la direction nationale. Une superbe vidéo, très bien montée, avec fond musical et images fondues, c’est beau et valorisant auprès des parents, mais où est la place des enfants ? » On peut se poser la question devant le reportage très sophistiqué qui raconte avec l’application Book Creator une rencontre des enfants de moyenne section de l’école de Lasserre-Pradère (Haute-Garonne). Le texte est bien rédigé, les photos parfaitement cadrées, un vrai travail de pro ! Mais si des pastilles de son permettent d’entendre la voix des enfants, ils sont malgré tout un peu absents.
« Si nous avons un conseil à donner aux enseignants qui se lancent dans cette belle aventure, c’est : « Ne cherchez pas à atteindre l’excellence, laissez faire les enfants ! » Une vidéo un peu mal fichue, avec un son parfois faiblard, a souvent plus de sens et de valeur qu’un produit trop bien ficelé. » Ceci dans un cadre maîtrisé bien sûr, et en respectant les deux exigences qui permettent de retenir les P’tits reportages que font remonter les comités départementaux, après en avoir sélectionné au préalable un par cycle. La première condition est de remplir la fiche de renseignements avec le nom de l’école, la date, le lieu et le type de rencontre, ce qui n’est pas toujours le cas… La deuxième est qu’il soit fait mention de l’Usep, de quelque façon que ce soit.
Concernant l’activité support, avec des maternelles une rencontre organisée en plusieurs ateliers se prête sans doute davantage à un P’tit Reportage qu’une journée d’itinérance. Mais les CP du Sou des écoles de Cuzieux (Loire) ont su rendre vivant le récit de leur randonnée pédestre au fil de l’eau à travers une vidéo composée d’images fixes commentées oralement : le pique-nique à l’ombre des arbres, l’arrivée à l’étang de Veauchette, l’observation de la canne et ses canetons, la traversée des champs de blé et le passage par la station d’épuration. « Nous avons marché 5 km et nous sommes fatigués. » Oui, mais vous avez confectionné un album souvenir dont vous pouvez être fiers.
Préparation en amont
Comme pour tout bon journaliste de presse écrite ou audiovisuelle, la réussite d’un P’tit reportage réside souvent dans sa préparation en amont, rappelle Carole Strugala : « Anticipez, expliquez aux enfants qu’ils devront relater leur rencontre, et organisez la prise de photos par les enfants, qui peuvent par exemple se relayer tous les quarts d’heure pour remplir cette tâche. Et laissez-les choisir entre eux les photos, pour que ce reportage soit vraiment le leur ! » Une recommandation qui vaut tout particulièrement pour les enfants de CM1 et CM2, nouveaux envoyés spéciaux de l’Usep sur leurs rencontres.