Qu’est-ce qui décide un enseignant à se lancer avec sa classe dans l’aventure du P’tit Tour à vélo ? Et quel retentissement cela a-t-il sur les habitudes des enfants et de leurs parents ? Les réponses de trois professeurs des écoles de la Vienne qui participent vendredi 11 juin à Poitiers à l’étape de communication nationale.
À Poitiers-Saint-Exupéry, les CE1-CE2 montrent la voie
Référente du label génération 2024 à l’école Saint-Exupéry de Poitiers, Florence Cointe est à l’origine de la participation son association au P’tit Tour. Trois collègues de cycle 2 l’ont accompagnée dans un projet qui a déjà fait évoluer le rapport au vélo des enfants et de leur famille.
Motivation. « Le contexte sanitaire a été décisif pour cette première participation : nous savions que nous avions plus de chances de mener à son terme un projet qui s’appuie sur une activité extérieure ! Nous préparons les enfants depuis mars, après avoir recensé ceux qui n’avaient pas de vélo. Nous avons une grande mixité sociale dans l’école, et c’est typiquement le type de projet qui soude les enfants entre eux, en plus du fait qu’ils sont toujours partant pour une activité sportive. »
Enfants et parents. « De plus en plus d’élèves viennent à l’école à vélo depuis que, grâce au P’tit Tour, nous disposons d’un parking où les laisser en toute sécurité. Leur exemple donne aussi envie aux autres de les imiter. Les parents s’impliquent également : certains ont acheté un vélo à leur enfant et entrepris de leur apprendre à en faire pendant les vacances de printemps, pour être sûrs qu’il puisse suivre les autres. »
Pistes cyclables. « Nos élèves sont encore jeunes et font généralement du vélo dans le parc voisin ou des espaces sécurisés. Ce projet va aider à banaliser la pratique dans le quartier. Déjà, des parents accompagnent leur enfant à l’école à vélo quand il fait beau. Pourtant, il n’est pas facile de circuler dans les rues. C’est ce qui nous freinait jusqu’alors pour nous lancer dans un projet qui, cette année, s’inscrit dans une action globale de l’agglomération de Poitiers, avec d’autres manifestations de promotion du vélo et l’aménagement prévu de pistes cyclables. »
Dynamique. « Nous avons « essuyé les plâtres » et je suis persuadée que nos collègues de cycle 3 se lanceront à leur tour, après avoir constaté que ce projet n’est pas « une folie » ! Car le P’tit Tour est un projet fédérateur : il faut seulement laisser à chacun le temps de s’en emparer. Nous avons déjà convaincu nos deux collègues de cours préparatoire, qui organisent chaque semaine des ateliers vélo pour initier leurs élèves. Reconnaître le parcours entre collègues un dimanche matin nous a aussi permis de nous retrouver dans un autre contexte. C’était très chouette ! »
À Savigny-Lévescault, on connaît bien la route
L’école de Savigny-Lévescault, commune rurale de la couronne de Poitiers, participe chaque année au P’tit Tour. Mais pour que la pratique du vélo devienne naturelle pour les enfants, il faut leur permettre de se déplacer en sécurité, souligne Damien Tillet, qui participera à l’étape avec ses CM1-CM2.
Toute l’école roule. « Chaque année, au moins une classe de notre école participe au P’tit Tour, et cette année nous sommes deux, du CE2 au CM2, à participer à l’étape nationale. Parallèlement, toutes les classes participeront à une journée Roule avec l’Usep, dès la petite section de maternelle. »
Thèmes. « Nous préparons nos sorties à vélo à travers différents thèmes, en commençant par la dimension sportive de l’effort prolongé, ce qui permet de faire le lien avec l’éducation à la santé : bien manger, bien dormir, etc. Nos sorties sont aussi l’occasion de découvrir notre village et le patrimoine local. Enfin, nous préparons de futurs citoyens : être autonome et responsable, se déplacer en sécurité et se montrer vigilant aux dangers de la route, communiquer avec ses pairs… Tous ces points sont travaillés dans nos sorties. »
Circulation. « Les élèves utilisent davantage leur vélo comme un loisir que comme un moyen de transport et certains parents sont réticents à l’idée de les laisser venir à l’école avec : ils mettent en avant la dangerosité de la route et la vitesse excessive de certains automobilistes. Il est vrai qu’il n’y a guère de pistes cyclables ou de chemins blancs permettant de se rendre dans les communes voisines ou à Poitiers, distante d’une quinzaine de kilomètres. L’enjeu de la mobilité est de pouvoir se déplacer en sécurité1. »
Fierté. « Le vélo permet d’associer la dimension physique d’une pratique sportive à la dimension citoyenne des mobilités douces. Il permet aussi de créer de vraies dynamiques de classe. À la fin de nos sorties, les élèves sont fiers d’avoir pédalé sur autant de kilomètres. »
(1) Savigny-Lévescault est situé entre la D951 au nord et la N147 au sud.
À Montamisé, « J’vais partout avec mon vélo »
À Montamisé, commune rurale du nord de Poitiers, la première participation de l’école au P’tit Tour est le fait de deux classes CM2 et CM1-CM2 et d’enseignantes à la fibre sportive, soutenues par les parents d’élèves et une municipalité sensible aux questions d’environnement.
Motivation. « S’il fallait lister ce qui nous ont décidées à participer au P’tit Tour, je dirais : un, notre goût personnel pour l’activité physique ; deux, l’occasion de faire passer aux élèves l’Attestation de première éducation à la route (APER) et le Savoir Rouler à Vélo ; trois, leur enthousiasme pour prendre leur bicyclette pour venir à l’école dès qu’il fait beau ; quatre, le soutien des parents, qui ont répondu présent pour passer l’agrément vélo et encadrer nos sorties ; cinq, la participation à un événement national, après le passage du Tour de France en septembre ; et enfin l’appui du comité départemental et de son délégué. »
Préparation. « En début d’année, avant la période Covid, nos deux classes ont pédalé lors d’un séjour de deux jours au lac de Saint-Cyr. Nous avons ensuite eu des séances d’EPS autour de la bicyclette, en lien avec l’éducation civique : règles de circulation, identification des panneaux de la sécurité routière… Mais on peut aussi faire remonter cette préparation au CP-CE1, quand les élèves reçoivent la visite d’un intervenant de la Prévention routière, avant de se rendre au CE2 sur un circuit pour valider (ou pas) les permis « piéton » et « vélo ». Au cours moyen, nous affinons. Enfin, pour préparer l’étape du P’tit Tour qui concrétise tous les efforts de l’année, nous avons eu cinq séances spécifiques, avec deux sorties sur route. »
Chanson et banderoles. « Les enfants ont appris une chanson de Dominique Dimey, J’vais partout avec mon vélo, et réalisé des banderoles avec des slogans sur les bienfaits du vélo. »
Aménagements. « Le garage à vélos de l’école doit être agrandi pour permettre d’accueillir tous ceux des enfants. La municipalité prendra en compte cette donnée lors du réaménagement de la cour. Et des pistes cyclables voient peu à peu le jour sur la commune. »
Tous en selle. « Les élèves sont sensibles au fait que nous pédalons avec eux, à leur hauteur, en tenue de sport, et leurs progrès à bicyclette sont pour nous source de satisfaction. De son côté, après avoir mis en place un pédibus pour se rendre à l’école, la municipalité réfléchit à présent à un vélobus pour prolonger la dynamique engagée. »