C’est une course virtuelle Usep en forme de Retour à la base qui part le 30 novembre de Fort-de-France (Martinique), direction Lorient (Morbihan), en partenariat avec la FFVoile et VirtualRegatta. Ce sens Antilles-Hexagone est une première pour les skippers des voiliers de classe Imoca, qui reviennent en solitaire après avoir participé en duo à la Transat Jacques-Vabre. Parmi les classes engagées figurent celles des écoles rurales de Bonnat (Creuse) et Saint-Albain (Saône-et-Loire), y compris dès la maternelle ! Leurs enseignants expliquent l’intérêt de cette navigation à distance.

« L’apprentissage numérique pour manœuvrer à distance »

« Depuis quatre ans, nous participons chaque année à la course virtuelle Usep, où les CM2 représentent toute l’école. J’y vois un intérêt dans l’apprentissage numérique pour manœuvrer à distance, et aussi pour travailler la géographie, la physique ou la mécanique : quelle énergie fait avancer le bateau, en quelle matière le construire, comment aller contre le vent… 

Souvent, les enfants impliquent leurs parents, dont beaucoup sont investis dans l’association Usep, et certains engagent leur propre bateau. En revanche, nous ne pouvons pas proposer ensuite une découverte de la voile sur le plan d’eau situé à 20 km. N’ayant plus accès à une piscine, il est impossible de faire passer les tests préalables à toute activité nautique.

Chaque matin, nous prenons vingt minutes pour voir où en est notre bateau par rapport aux autres et décider de la stratégie à adopter. Les enfants votent ensuite entre les options à prendre. Quand celle qui est retenue n’est pas gagnante, les minoritaires qui avaient raison râlent un peu. Mais c’est aussi ça, l’apprentissage de la démocratie ! » Philippe Chavant, « CM2 Bonnat » (Creuse)

 

« Une ouverture au monde, dès la maternelle »

« Je suis enseignante d’une classe de maternelle qui réunit des enfants de petite, moyenne et grande section, et sans rien connaître à la voile je me passionne pour la course virtuelle. L’an passé, nous avons ainsi engagé dans la course Usep un bateau avec un de mes collègues d’élémentaire. Et cette année, chacune de nos deux classes a son bateau. Évidemment, seuls les élèves de cycle 2 et de cycle 3 sont impliqués dans les choix de navigation. Mais mes élèves observent avec intérêt le positionnement des bateaux sur l’écran et, forts de leurs premières notions de calcul, ceux de grande section sont très intéressés à savoir si nous avons gagné ou perdu des places.

J’avais déjà pris l’habitude depuis plusieurs années de suivre avec les enfants le bateau de Samantha Davis, Initiative Cœur, pour sa dimension solidaire. Le site propose aussi un kit pédagogique et la navigatrice et son coéquipier postent des vidéos où ils racontent leur vie au jour le jour : leurs choix météo, mais aussi ce qu’ils mangent, la rencontre avec des dauphins… Cela passionne les enfants, pour qui c’est une ouverture sur le monde. » Audrey Linon, « Usep Saint-Albain » (Saône-et-Loire)

 

« Un aiguillon pour travailler la géographie et d’autres matières »

« C’est après avoir reçu un message de l’Usep avec un code pour participer à la course virtuelle avec d’autres associations que nous avons engagé l’an passé un bateau avec ma collègue. Avoir chacun le nôtre cette année est encore plus motivant ! Et peut-être les cours moyen nous rejoindront-ils pour le Vendée Globe l’an prochain. D’ailleurs, à la récré des « CM » viennent souvent voir où nous en sommes et donnent leur avis quand nous comparons les stratégies possibles en plaçant des waypoints sur l’écran. Car en plus des points du matin, du début d’après-midi et de la fin des cours, quand ça bouge il y a aussi parfois celui de la récré.

Pour la Route du rhum, nous avions aussi imprimé le nom de tous les Imoca avec la photo des skippers. Chaque élève avait le sien et le replaçait le soir au tableau selon l’évolution du classement : un aiguillon supplémentaire pour travailler ensuite la géographie et les maths ! » Vincent Julin, « L’Ours des océans », CP-CE1-CE2, Saint-Albain (Saône-et-Loire)

 

  • Le financement du projet voile d’une classe Usep. Les premiers bateaux de la 1e édition du Retour à la base sont attendus à Lorient à partir du 9 décembre, à l’issue d’une course sélective et qualificative pour le Vendée Globe 2024-2025. Les concurrents affronteront des mers rudes à l’approche de l’hiver septentrional. Ils devront en effet mettre cap au nord pour aller chercher les dépressions au lieu de prendre la route directe, où le vent de face les ferait avancer au ralenti. C’est pourquoi ils devront couvrir une distance bien supérieure aux 3 463 miles marins qui séparent Fort-de-France de Lorient. Rappelons aussi que l’une des classes Usep participantes souhaitant développer parallèlement un projet voile bénéficiera de son financement grâce au soutien de la FFVoile.