Venant clore un cycle de dix rencontres du comité d’Indre-et-Loire, vendredi 12 mai la journée «À l’Usep, l’athlé ça se VIE!» de Luzillé, à 40 km à l’est de Tours, a réuni 400 enfants, de la grande section de maternelle au CM2. Celle-ci était aussi un outil de promotion du sport scolaire auprès de classes non encore affiliées de la circonscription d’Amboise.

C’est un « manège » qu’il faut avoir vu tourner au moins une fois dans sa vie : celui qui fait courir de tout leur cœur des dizaines enfants pendant 4 à 6 minutes et constitue le point d’orgue des rencontres Usep utilisant la pédagogie Anim’Athlé. À Luzillé, vendredi 12 mai, ce manège a tourné quatre fois sur l’anneau qui remontait un chemin crayeux avant de dévaler le terrain herbeux situé derrière la salle des fêtes : deux fois le matin avec les CM1-CM2, et deux autres l’après-midi avec les CP-CE1-CE2 et quelques enfants de grande section de maternelle.

C’est un spectacle prenant et riche en émotions que celui d’enfants qui se donnent à fond pour apporter leur écot à la performance collective, sous la forme d’un bouchon plastique pioché au départ puis déposé à l’arrivée dans le seau de leur équipe.

Presque sans ralentir car, portés par les encouragements de leurs pairs et des enseignants et parents accompagnateurs, même les plus essoufflés n’ont qu’une idée en tête : repartir pour un tour en serrant dans leur main cet objet modeste et banal comme s’il était aussi précieux qu’une pièce d’or. Sans besoin d’aucune fable, ressentent-ils alors au fond d’eux-mêmes que courir mène à un trésor nommé santé ? Si oui, l’objectif de l’opération nationale « À l’Usep l’athlé ça se VIE ! », 7e édition, est atteint.

Courir-sauter-lancer

Du rythme, cette journée qui mobilisait aussi le stade municipal de ce village de 950 habitants n’en a pas manqué. Elle avait pour maîtres de cérémonie deux éducateurs sportifs départementaux Usep, Pierre et Tanguy, épaulés sur chaque site par un jeune en service civique et des enseignants impliqués dans l’animation des ateliers. Ceux-ci déclinaient de façon ludique la trilogie athlétique « courir-sauter-lancer » : ou, si l’on préfère, « se déplacer-se projeter-projeter » en langage pédagogique.

Tous les quarts d’heure, on passe à un nouvel exercice, parmi lesquels le mariage de petits sprints avec un questionnaire santé destiné à faire réfléchir les enfants. Et même à la pause pique-nique, sitôt avalé leur sandwich ou leur salade de pâtes, bon nombre d’enfants se mettent d’eux-mêmes à courir et sauter en réinventant à leur façon les jeux du matin.

« Une journée entière sans écran et qui donne à tous le goût de l’effort », se réjouit Franck, qui accompagne la classe de La Croix-en-Touraine dont son épouse est enseignante. « Le sport permet de se découvrir, surtout pour les enfants timides et introvertis. Moi, ça m’a ouvert » ajoute ce triathlète qui garde le souvenir vivace de sa propre pratique Usep à l’école Bernard-Pasteur de Tours, « en temps scolaire et le mercredi après-midi ».

Impulser une dynamique

Si tant d’enfants s’ébrouent aujourd’hui sur le pré, c’est grâce au trio d’enseignantes animé par Érika Geoffroy, la directrice de l’école de Luzillé. Une école Usep où cette année les éducateurs départementaux sont venus lancer un cycle d’apprentissage du Savoir Rouler à Vélo et animer une rencontre badminton lors de la Semaine olympique et paralympique. Mais, en raison du coût des transports, Luzillé participe rarement aux rencontres départementales. Sans non plus d’association partenaire dans son secteur, l’AS de Luzillé souhaitait donc créer elle-même l’évènement, en fédérant les écoles alentour. « Comme l’Usep offre l’assurance à toutes les classes, même non affiliées, nous avons pu convier toutes les écoles de la circonscription d’Amboise, explique Érika Geoffroy (à gauche ci-dessous). Avec une jauge maximum fixée à 24 classes, nous avons refusé du monde, sans savoir que nos voisins de Francueil auraient malheureusement un empêchement de dernière minute. »

Le brassage est néanmoins très large, d’autant que les enfants de chaque école sont « mélangés dans les équipes », se félicitent les enseignantes de Cangey pendant une pause repas qui, à sa façon participe aussi du « vivre ensemble » sur lequel elles insistent. « Nous ne sommes pas Usep, mais peut-être, l’an prochain », glissent-elles.

Le conditionnel n’est en revanche plus de mise à Souvigny-Saint-Règle, où la création de l’association Usep sera finalisée d’ici la rentrée. L’Usep y gagnera notamment une animatrice pleine d’énergie en la personne de Blandine Oton.

Adepte du fitness, l’enseignante transforme en joyeux happening l’échauffement de ses élèves de grande section de maternelle et de cours préparatoire avant ce fameux « manège », pour lequel ils se sont soigneusement préparés : « Deux séances hebdomadaires depuis les vacances de printemps, et 20 minutes de quotidiennes depuis deux semaines, avec des petits jeux pour apprendre à courir longtemps. » Résultat, les bouchons dégringolent au fond du seau comme le jackpot d’une machine à sous.

Émotions positives

En fin de journée, ces fameux bouchons sont aussi bien utiles pour estimer le ressenti des enfants. Sur la bâche qui reproduit la « réglette du plaisir », ils se partagent entre les cases « beaucoup » et « à la folie ». On remarque aussi, solitaire, un bouchon « pas du tout ». Celui de Rayan, parce qu’il a « soif » et « oublié [sa] gourde ». L’affaire n’a donc rien de rédhibitoire : tu vois mon gars, là-bas, le robinet à côté des vestiaires ?

Au moment où débute le ballet des autocars, trop tôt au goût des enfants des écoles les plus éloignées, envieux des locaux déjà occupés à ranger le matériel, les enseignantes de Luzillé tirent un premier bilan : « Ce serait dommage de s’arrêter là. » Elles sont donc prêtes à « remettre cela l’an prochain ». Sans doute avec davantage de classes Usep. Lesquelles, à leur tour, auront peut-être envie de se muer en organisatrices. Philippe Brenot

 

Un cross grand public pour que la fête soit complète

« Et si on organisait un cross dans la foulée de la rencontre Usep athlé-santé ? » Ainsi est née la première édition de la « course des deux tilleuls », qui reprend le nom de l’école de Luzillé. Une « course nature » à mi-chemin entre la route et le trail, avec dès 18 h 30 quatre départs échelonnés pour les 6-17 ans, puis deux autres réservés aux adultes sur des parcours de 5 et 11 km. Des courses en ligne à l’ancienne, aux antipodes de l’approche actuelle de l’Usep des activités athlétiques et du cross, mais qui ont attiré 200 amateurs et donné à la grand-place des airs de 14 juillet. « Cela représente un investissement de 1 300 € entre le matériel de chronométrage, le poste de secours, le ravitaillement, les récompenses et l’assurance » précise Érika Geoffroy. La météo ayant été favorable, cela permettra de dégager quelques subsides « pour le voyage de classe envisagé l’an prochain ». Avec le soutien de madame la maire et du personnel communal, mobilisé pour l’occasion, c’est aussi une façon d’installer l’association d’école Usep au cœur du village.