Avec un tiers des 200 000 attestations délivrées à ce jour, l’Usep est le partenaire n°1 du Savoir Rouler à Vélo. Cette contribution est toutefois inégale d’un territoire à l’autre. Petite analyse statistique, dans l’idée d’aider les comités moins en avance à prendre la roue des leaders du peloton scolaire, et d’atteindre fin 2023 l’objectif collectif de 400 000 enfants prêts à s’engager sur les routes à bicyclette.

Les bons comptes d’aujourd’hui feront les bons cyclistes de demain. C’est pourquoi le ministère des Sports fixe à chaque département des objectifs du Savoir Rouler à Vélo chiffrés à l’unité près, en fonction de la densité de la population scolaire. Et comme l’ambition du ministère est de passer en 2023 de 200 000 à 400 000 attestations, il est demandé à chacun de multiplier par deux l’objectif de l’an passé, qu’il ait été atteint ou non !

Contrastes

Prenons par exemple un département qui roule petit braquet avec 773 attestations cumulées délivrées fin 2022, quand l’objectif assigné était de 2 098. Les partenaires locaux du Savoir Rouler à Vélo, associés au sein d’un comité de pilotage, sont invités à mettre les bouchées doubles, et même plus, pour délivrer 4 196 nouvelles attestations d’ici le 31 décembre !

À l’inverse, d’autres départements sont très en avance aux temps intermédiaires. C’est le cas de la Nièvre, dont les statisticiens du ministère n’exigent que 952 attestations supplémentaires. Même s’il est probable que, sur leur lancée, l’Usep et les autres acteurs nivernais ne relâchent pas leurs efforts et contribuent à équilibrer les comptes nationaux.

Comme on n’est pas au Tour de France, le ministère n’établit pas de palmarès. Néanmoins, ses services intègrent dans le tableau partagé avec ses partenaires un code couleur « bleu, orange, rouge » qui vient rappeler que l’objectif d’année est atteint, qu’il l’est « presque » ou qu’il ne l’est pas… Neuf départements sont également surlignés de jaune fluo. Ni marque d’honneur ou de déshonneur, cela indique seulement que dans l’Allier, la Creuse, les deux Corse, les Landes, la Saône-et-Loire, la Vienne, l’Yonne et la Seine-Saint-Denis, le Savoir Rouler à Vélo est une priorité préfectorale, coups de pouce à la clé.

Comme le souligne Pierre Ollivier, en charge du Savoir Rouler à Vélo au ministère des Sports, ces disparités s’expliquent par diverses raisons, au premier rang desquelles la géographie physique et humaine. Dans les grandes agglomérations, la densité du trafic urbain est un obstacle majeur pour mettre les enfants en conditions réelles de circulation et valider e bloc 3 du Savoir Rouler à Vélo. On ne s’étonnera donc pas que le Rhône, les Bouches-du-Rhône, le Nord et bien sûr Paris et les départements de la petite couronne soient en retrait. En campagne, ce sont peut-être les éducateurs qui manquent ou l’éloignement qui fait problème. Le relief montagneux peut aussi constituer un frein.

Resserrer le peloton Usep

Et l’Usep ? Si sa performance d’ensemble la place aujourd’hui au premier rang des acteurs du Savoir Rouler à Vélo, le contraste est fort d’un comité à l’autre. Dans 13 départements, la fédération est même absente du dispositif. Ailleurs, la part de l’Usep dans les attestations oscille entre plus de 95 % (Meuse et Nièvre) et beaucoup, beaucoup moins…

« Les comités où le P’tit Tour a une forte histoire, comme la Drôme, l’Isère, le Loir-et-Cher ou le Lot-et-Garonne, peuvent s’appuyer sur leur expérience, souligne Nathalie Barbounis, adjointe à la direction nationale Usep, en charge du Savoir Rouler à Vélo. L’aménagement de voies vertes joue également, tout comme la logistique : absence ou présence d’un parc de vélos et d’un camion pour les transporter d’une école à l’autre. » Les comités aujourd’hui en difficulté pourraient peut-être se rapprocher de partenaires locaux pour mutualiser le matériel et les éducateurs. Ou bien trouver des solutions de financement. Il se peut aussi que le Savoir Rouler à Vélo ne soit pas leur principale priorité et que, localement, d’autres acteurs occupent déjà le terrain.

Des places à prendre

« Cela ne doit pas dissuader ces comités de s’engager davantage. Et dans les départements qui, collectivement, restent des terres vierges ou sont très en retard sur le Savoir Rouler à Vélo, l’Usep peut jouer demain un rôle moteur », encourage Serge Billet, élu national en charge du P’tit Tour et du suivi du dispositif. En Guadeloupe, avec 206 attestations remises l’an passé, l’Usep n’est-elle pas passée d’un coup de 3,65 à 19,31 % ! Et avec 315 attestations délivrées dès son entrée en lice, l’Usep Mayotte a dépassé les 36 %. Les marges de progression sont tout aussi importantes en métropole, notamment en Alsace ou en Haute-Garonne.

Et puis, ce qu’il y a de bien avec le Savoir Rouler à Vélo, c’est qu’à la différence des cols de montagne, plus le pourcentage grimpe, plus la route s’élargit.