Parallèlement à la signature de la nouvelle convention entre l’Usep et la Fédération française de tennis, mercredi 18 mai, 50 enfants venus des 5 comités Usep de Normandie ont vécu au stade Roland-Garros l’effervescence d’une journée de qualification pour le tableau final du tournoi.
Ils sont arrivés peu après dix heures aux portes du stade, casquette vissée sur la tête pour se protéger du soleil déjà haut : 8 copains et copines du CM1-CM2 de l’école du Fresne-Camilly, près de Caen (Calvados), les 8 premiers à avoir répondu à l’invitation laissée sur leur carnet de liaison électronique d’assister à une journée de qualification à Roland-Garros.
Alexandre, 11 ans, était un des plus motivés : il joue au tennis en club « depuis le CP », sur les pas de son frère aîné. « J’avais une compétition par équipe, mais mon match a pu être reporté d’une semaine. Je ne voulais pas manquer ça ! » « Ils sont renseignés, savent très bien que ce sont les qualifications pour le tableau final et se préparent depuis un mois. Certains n’avaient jamais pris le train, beaucoup jamais le métro, et pour tous c’est leur première fois à Roland-Garros » explique leur enseignant, Pierre Drancey.
Lucie, Lou-Ann, Andrew, Léna, Olivia et leurs camarades ont d’abord vu un Australien prendre le meilleur sur un Moldave, avant d’aller encourager un Français, Alexandre Müller, qui a malheureusement perdu contre l’Italien Franco Agamenone.
En connaisseur, Alexandre a parfois expliqué l’évolution du score. Point, jeu, set, match au meilleur des trois sets avec si besoin un super tie-break dans la 3e manche : ce n’est pas simple… « Quand il y a plein d’égalités, on s’y perd », avoue Romane, qui sait pourtant tenir une raquette. « Je joue de temps en temps avec mon grand-père, qui dirigeait le club de Cambes-en-Plaine. Il est allé 15 fois à Roland-Garros et était trop content que j’y aille à mon tour ! »
Avec sa copine Élise, qui de son côté tape parfois la balle avec son « cousin de 12 ans, qui est en club », Romane a aussi fait un détour à la boutique officielle pour acheter la balle en caoutchouc-souvenir sur laquelle elle espère recueillir l’autographe de la Roumaine Irina Bara ou de la Française Selena Janicijevic, qui bataillent sous leurs yeux sur le court n°13. « Le match le plus intéressant de la journée. Vraiment du haut niveau », s’accordent les deux amies. Parce que ce sont des filles ? « Peut-être aussi. » On comprend donc qu’il est temps de les laisser retrouver le fil de la partie… Rendez-vous tout à l’heure pour la photo de groupe devant la statue de Suzanne Lenglen, cette championne du temps jadis qui a donné son nom au deuxième plus grand court de Roland-Garros, avec le Central.
Et si les tribunes du Lenglen sont fermées, le Central lui est accessible. On peut y admirer le lieu et assister aux entraînements de têtes de série qui entreront en lice que la semaine prochaine, comme la Roumaine Simona Halep ou le Canadien Félix Auger-Aliassime. Accessoirement, on peut aussi y trouver un peu d’ombre et de fraîcheur avant de replonger dans l’animation des allées.
Car le spectacle, à Roland-Garros, ce sont aussi ces jongleurs habillés façon rétro et aux raquettes géantes qui provoquent de petits attroupements tandis que des joueurs et joueuses s’échauffent, encore anonymes parmi cette foule dont les enfants sont encore presque étonnés de faire partie. « Ce n’est pas tous les jours qu’on va à Roland-Garros. Je ne sais même pas si j’y retournerai plus tard. Alors j’essaye de profiter », confie Lilian, qui ce matin a pris le train au Havre avec ses camarades de Mannevillette, près du Havre.
Puis, après avoir déambulé chacun de leur côté, les différents groupes d’enfants de l’Usep s’agrègent pour la photo-souvenir où s’invitent aussi, de blanc vêtue, la présidente de l’Usep, et, polo rouge, le président de la Fédération française de tennis, que les enfants auraient pu encourager sur ces mêmes courts s’ils étaient nés à la fin des années 1960 ou au début des années 1970… Quelques heures plus tôt, Véronique Moreira et Gilles Moretton paraphaient dans un salon discret la convention visant à traduire en rencontres sportives scolaires le dispositif pédagogique « De la cour au court ». Et même si ça leur est sans doute passé au-dessus de la tête comme un lob réussi, cela devrait quand même leur parler puisque, « De la cour au court », c’était précisément le programme de la journée. Avec un peu de train et de métro autour.
« Voir des matchs de tennis en vrai »
Avant d’attraper le train du retour, Éléa et Lévi de l’école Usep du Clos Perrine, à Mannevillette (76), nous ont livré leurs impressions.
« J’avoue, d’habitude je ne suis pas trop tennis. Mais là, voir des matchs en vrai, aller à Roland Garros avec l’école quand on habite loin de Paris… Je suis très contente, et fière. » (Éléa)
« Mon père suit le tennis à la télévision, il en a fait plus jeune, alors je regarde un peu avec lui. Jusqu’alors, je ne comprenais pas bien les règles et le score ; j’observais surtout sur les gestes, la façon de jouer. Mais ici, j’ai tout de suite compris. On est tout près des joueurs alors que je m’attendais à des tribunes très hautes, comme dans un stade de football. On voit bien où tombent les balles, les gestes et les déplacements des joueurs. Et j’étais concentré sur les matchs et l’évolution du score. Comme quand un joueur remonte de 15-40 à 40A. » (Lévi)
La convention Usep-FF tennis réactualisée
La convention paraphée par la présidente de l’Usep, Véronique Moreira, et l’ancien joueur et nouveau président de la Fédération française de tennis, Gilles Moretton, vise à « construire des rencontres sportives associatives en continuité avec le dispositif « De la cour au court« », comme le précise l’avenant 2021-2024. Alors que la précédente production commune, la rencontre Class’Tennis Usep, s’adressait aux enfants de CP-CE1-CE2, la nouvelle rencontre tennis et le cycle d’apprentissage qui vise à la préparer concernent « tous les niveaux de l’école primaire ». Des formations partenariales contribueront à diffuser cette nouvelle approche sur chaque territoire. Il s’agit aussi de « développer le sens de l’observation et la culture des enfants en lien avec leurs pratiques » et de proposer une découverte du spectacle sportif à travers « la participation à des évènements nationaux ou internationaux ». Comme les Internationaux de Roland-Garros par exemple…