Après avoir participé de novembre à janvier à la course virtuelle du Vendée Globe, au printemps les élèves d’une classe de CM1 de Thouron, à une vingtaine de kilomètres au nord de Limoges (Haute-Vienne), ont appris à naviguer sur un lac proche de leur école. Journal de bord de leurs quatre séances d’apprentissage, rédigé par les enfants et leur enseignante, Stéphanie Rivoal.

Vendredi 28 mai : un « funboat » qui mérite son nom

Beaucoup d’enthousiasme et un peu d’angoisse en abordant les rives du lac de Saint-Pardoux. Faute d’avoir pu suivre le cycle piscine avec le reste de la classe, Célian et Lewis doivent tout d’abord passer leur test préalable aux activités nautiques. Revêtus de leur combinaison, ils se jettent dans une eau à moins de 15 degrés. C’est dans la poche. Derrière, une douche chaude et c’est parti !

Tandis qu’une moitié du groupe patiente en pratiquant la pétanque, le foot ou le molkky, dûment équipés et informés des conditions météos et des règles de sécurité, l’autre se dirige vers les bateaux : des « funboat », pas des Imoca… Leçon n°1 : apprendre à mettre le mât et à monter la voile. Du ponton, Émilie, la monitrice, dispense ensuite de précieux conseils pour la navigation. Puis les enfants grimpent deux par deux sur leur bateau.

Sur l’eau, chacun s’exerce aux différentes tâches : tenir la barre, s’occuper de l’écoute ou jouer les équipiers modèles en surveillant le cap afin d’éviter toute collision avec le reste de la flotte. « Quand on met la barre à droite, on va à gauche et inversement. Et on ne dit plus gauche et droite mais babord et tribord. » Les consignes sont parfaitement appliquées.

Laura et Romane croient apercevoir un OFNI, un objet flottant non identifié, comme en rencontrent les navigateurs du Vendée Globe. Mais ce n’est qu’un serpent d’eau. D’autres aperçoivent un poisson-chat.

Peu de vent aujourd’hui et Ynalia et Lou-Ann sont encalminées. Gabin et Soan les délivrent en tractant et poussant le bateau des princesses en péril. Nohan et Olivia, eux, font la course contre Enola et Pauline. En régate, on a le droit de se doubler et de se couper le vent. Pauline la pirate essaie même de faire tomber Nohan à l’eau. Avec son bateau à moteur, la monitrice s’amuse aussi à faire des vagues pour mettre la vaillance des marins à l’épreuve. « La première a fait un gros creux et la deuxième a inondé le bateau ! » Mais tout le monde est sauf, et mille sabords, il est déjà l’heure d’accoster !

Vendredi 11 juin : de la pétole au grand vent

Ce matin, le lac est d’huile. Nous allons donc être confrontés à la « pétole » : c’est l’occasion d’apprendre à empanner, c’est-à-dire à prendre le vent sur le côté quand il est faible. Finalement, certains y réussissent si bien qu’ils ont peur de chavirer ! Des petits malins « volent » le vent des autres bateaux en les tirant en arrière. Il y a aussi des alliances entre bateaux pour s’entraider. Une vraie cour d’école !

En fin de matinée, nous faisons une régate. Célian et Loan prennent de bonnes trajectoires et finissent troisièmes. Au passage, ils aident Anaïs et Camille en les poussant pour qu’elles arrivent plus vite. Sur un autre bateau, Valentin reste à la barre car Laura trouve qu’« il la manipule bien ». Elle n’a pas tort car ils gagnent : à quand la Transat en double ?

L’après-midi, changement de groupe et de météo. Le vent s’est levé et tout le monde n’est pas rassuré. Fini le Pot-au-Noir, on dirait plutôt le Pacifique Sud ! Sur le ponton, beaucoup ont la boule au ventre mais d’autres, comme Adrien, sont tout excités par la situation.

Comme des élèves sont peu rassurés, sur la suggestion de Benoit, le moniteur, on change les équipages, un peu comme aux chaises musicales. Ynalia quitte Enola pour embarquer avec Benjamin et Gabin, mais leur bateau se met tellement à tanguer qu’elle se réfugie sur celui de Noha et Soan. Les deux garçons la rassurent et Ynalia les aide à maîtriser la situation en se déplaçant à droite ou à gauche du bateau pour le stabiliser. Euh, pardon : de tribord à babord…

Benoit donne des conseils pour amadouer le vent : regarder d’où il vient et mettre la barre à l’opposé, se placer tous du même côté pour ne pas chavirer, et relâcher la corde de la voile pour freiner le bateau.

Malgré ces précieux conseils, deux bateaux se percutent et Noah et Soan finissent par revenir au ponton pour en changer de bateau car le leur a un trou. Il coule une demi-heure après. D’autres manquent de chavirer en changeant de cap.

Belle journée, mais éprouvante. Riche en apprentissages, en sensations, en émotions… Tout ce que doivent éprouver les navigateurs du Vendée Globe… Et ça, ça nous plaît !

Jeudi 24 juin : tous sur le pont !
Ce matin, tout le monde embarque ! À trois par bateau, il faut s’organiser : deux à la barre et à la corde (pour diriger et pour gonfler la voile) et le troisième au milieu, positionné à l’opposé de la voile pour équilibrer le tout. Les vents sont constants, nous avançons bien et travaillons le virement de bord, avec des virages face au vent et des réglages de voile, vent arrière et vent au près. Pour virer de bord, nous devons lâcher la corde pour dégonfler la voile. Eh oui, c’est technique !
Du bateau d’Émilie à celui de Benoit, nous devons réaliser un circuit qui devient une course. Mal placés, certains se retrouvent vite doublés. Du côté de Soan, Camille et Pauline, ça se chamaille si fort qu’on les entend de partout sur le lac. Alors que ce sont des chants qui montent du bateau d’Anaïs, Amélie et Adrien.

L’après-midi, en raison du manque de vent, nous découvrons une nouvelle embarcation. Ni rames ni voile ni moteur, mais deux qui pédalent et deux qui admirent le paysage : eh oui, nous avons fait du pédalo, mais en jouant à l’épervier (ou à chat, ou au loup) pour corser l’affaire. En fait, sur leur pédalo, les parents accompagnateurs devaient toucher les autres. Et le pédalo ça durcit vite les mollets, même si nous apprenons que pour aller vite il faut pédaler lentement.

Vendredi 25 juin : rembarquerons-nous l’an prochain ?
Dernière journée au lac. Le matin, c’est land-art sur la plage. Chaque groupe réalise une œuvre éphémère que la maîtresse immortalise en la prenant en photo.
L’après-midi, c’est paddle et canoë, toujours en jouant à l’épervier, à ceci près que là tous les coups sont permis : sauter à l’eau, faire tomber ses camarades, sauter d’un bateau à l’autre… Le plus dur, c’est ensuite de remonter sur son canoë.

À l’heure du bilan, nous avons autant appris que nous nous sommes amusés, ou l’inverse. Nous étions impatients avant chaque séance, et à présent nous sommes tristes que ce soit déjà la fin. Mais peut-être pourrons-nous recommencer l’année prochaine, avec aussi une course virtuelle pour se mettre dans le bain…

Les CM1 de l’école de Thouron, Haute-Vienne, et leur enseignante Stéphanie Rivoal