L’opération Mondi@l-USEP s’achève le 11 juin avec les rencontres régionales réunissant les classes d’un même territoire autour de jeux traditionnels qu’elles ont choisis et présentés sous forme de montage vidéo. Pour l’Occitanie, c’est à Castelnaudary que se retrouveront quatre classes de l’Aude, de l’Ariège et de Haute-Garonne. Une première, tant pour les enfants que pour le comité régional. Deux enseignantes témoignent.
« Un projet fédérateur pour la classe »
Les CE2-CM1 de l’école Catala de Saint-Orens-de-Gameville, dans la périphérie de Toulouse (Haute-Garonne), se sont pleinement investis dans l’élaboration des montages vidéo et des élèves introvertis ont révélé leurs talents d’orateurs, souligne leur enseignante, Pascale Zamar.
Pascale Zamar, les objectifs pédagogiques de Mondi@l-USEP, se familiariser avec les outils numériques et s’ouvrir sur le monde en échangeant avec des classes d’autres territoires, ont-ils été remplis pour vos élèves ?
Oui pour le numérique, à travers l’usage de la plateforme Beneylu pour les échanges à distance et la découverte d’autres outils, surtout pour les élèves qui n’ont pas d’ordinateur chez eux et ont pu avoir un compte qu’ils consultaient à l’école. Bref, tout le monde s’est formé aux outils. En revanche, si les élèves ont utilisé le traitement de texte, je ne vais pas mentir : j’ai réalisé moi-même les montages audio et vidéo. Mais ceux-ci s’appuyaient sur un travail de réflexion collective, de production d’écrits et de concertation entre élèves. Quant à l’ouverture sur le monde, Mondi@l-Usep a évidemment constitué un point d’appui pour travailler sur la France d’outre-mer.
Vos élèves ont-ils rencontré des difficultés pour relever les défis consistant successivement à présenter son association, travailler en commun à une affiche, puis présenter un jeu traditionnel ?
Nous avons eu un grand questionnement concernant le choix du jeu traditionnel. En Occitanie, ce sont principalement des jeux de quilles ou de lancer. Mais comment inviter des classes à découvrir un jeu qui exige un matériel précis, qu’il faut acheter ? Nous sommes donc partis sur le jeu du drapeau, qui n’est pas particulièrement occitan mais facile à mettre en œuvre : il suffit de séparer un terrain de jeu en deux camps, avec ensuite une stratégie collective pour défendre son drapeau ou conquérir celui de l’adversaire. Les trois visioconférences avec les coordonnateurs régionaux de l’opération ont été utiles pour débloquer ce genre de problème.
Le contexte sanitaire a-t-il compliqué les choses ?
Non, puisque Mondi@l-USEP repose justement sur la communication à distance avec les autres classes, et que parallèlement nous avons pu continuer à pratiquer l’EPS et les jeux traditionnels en milieu ouvert. Le plus dommageable, c’est que lorsque nous retrouverons les autres classes d’Occitanie participantes lors de la journée finale du 11 juin, nous pratiquerons les jeux traditionnels classe par classe, sans brassage, ce qui nuit à l’esprit de la « rencontre ».
Qu’est-ce qui a le plus surpris ou étonné les enfants ?
C’est un peu cliché, mais ils ont été ébahis par l’environnement de la classe de Papeete. Le soleil et les paysages de la Polynésie française, quand on est encore plongé dans l’hiver, ça fait rêver. Sinon, ils ont beaucoup rigolé pendant les tournages et surtout le montage des films.
Et vous-même, qu’en retenez-vous ?
Pour les montages, ce sont les enfants qui ont décidé des séquences, puis ont filmé, en faisant plusieurs prises, et se sont exprimés à l’image. En cela, ce projet a fédéré la classe et des enfants introvertis se sont révélés très bons orateurs, que ce soit pour présenter notre association ou le jeu du drapeau. Cela a valorisé des élèves qui se sont épanouis et ont pris confiance en eux, avec la fierté de voir son témoignage retenu.
Quels conseils donneriez-vous à un ou une collègue qui envisage de participer à la prochaine édition ?
Mon conseil serait de se former aux outils numériques si on n’en est pas familier. Je réalise moi-même des montages vidéo à titre privé, et cela exige un certain savoir-faire. C’est chronophage et cela vient s’ajouter aux corrections et à nos autres tâches d’enseignant.
Et vous renouvelleriez l’expérience ?
Oui, mais je ne m’investirai pas dans ce projet avec n’importe quelle classe. Il faut sentir un minimum d’accroche et de cohésion entre les enfants.
« Brancher le vidéoprojecteur pour prendre des nouvelles »
Arrivée en début d’année à l’école de Cuxac-Cabardès, petite commune rurale située dans la Montagne noire, au nord de Carcassonne (Aude), Émilie Plinet a découvert l’Usep en participant à Mondi@l-USEP avec ses CM1-CM2. Lesquels ont choisi de faire découvrir la balle au tambourin.
« Voyant que mes élèves appréciaient beaucoup le sport, j’ai pensé que ce projet allait les motiver. Je ne me suis pas trompée, et en plus de l’EPS cela nous a permis de travailler sur de nombreux domaines apprentissage (numérique, production d’écrits, lecture, géographie) sans être perturbés par la crise sanitaire. Nous avons réussi sans trop de difficultés à relever l’ensemble des défis, avec l’aide du délégué départemental, qui est régulièrement intervenu en classe tout au long du projet. L’écoute de toute l’équipe de l’Usep lors des trois visioconférences qui ont balisé le semestre a aussi permis de répondre à certaines interrogations et de dédramatiser les choses. Car au début le projet m’apparaissait parfois un peu insurmontable, surtout pour moi qui suis peu douée en informatique ! Je ne connaissais pas non plus l’espace numérique de travail Beynelu. Dérogeant aux consignes, j’ai d’ailleurs pris le parti de n’en pas donner d’accès aux élèves. Mais nos articles ont été écrits ensemble et, régulièrement, nous branchions le vidéoprojecteur pour jeter un coup d’œil au blog et prendre des nouvelles des autres classes. Les élèves ont lu avec un grand intérêt les articles des classes d’outre-mer et découvert des sports qu’ils ne connaissaient pas. Depuis leur petite école rurale, ils ont aussi été surpris d’apprendre qu’ailleurs les écoles comptent parfois plus d’une dizaine de classes !
Mondi@l-USEP est une belle expérience à vivre, pour les élèves comme pour leur enseignant. Je ne pense pas repartir dès l’an prochain, car je vais garder une partie de mes élèves et préfère aborder avec eux bien de nouvelles thématiques. Mais dans deux ans, peut-être. »