Geoffroy Kovaltchouk, 35 ans, enseigne depuis quatre ans à Izenave (Ain), dans une école en rassemblement pédagogique intercommunal (RPI). Il est aussi le référent du secteur Usep Nantua-Haut-Bugey. Pour lui et ses élèves, le sport scolaire permet de sortir du quotidien et de l’entre soi.
Geoffroy Kovaltchouk, comment avez-vous rencontré l’Usep ?
Enfant, j’ai participé dans le Jura à des rencontres de masse, d’athlétisme principalement. Enseignant, j’ai retrouvé l’Usep ici, à Izenave, après avoir enseigné dans une école de Nantua qui ne pratiquait pas le sport scolaire.
Que représente l’Usep dans un petit village de moyenne montagne ?
L’Usep permet du sortir du quotidien, celui d’un enseignant seul face à ses 19 élèves, et réciproquement. Nous ne sommes qu’une classe de CM1-CM2, les autres niveaux sont accueillis dans les villages voisins. Les rencontres Usep permettent de sortir de cette routine, de ce « confinement », même si ce mot a pris un sens bien plus strict ces derniers jours… Cette année, ce seront trois rencontres de secteur autour de l’orientation, du football et des jeux traditionnels, et une rencontre départementale rugby. La Fête de la glisse à laquelle nous devions participer a malheureusement été annulée, faute de neige.
Articulez-vous la pratique de l’EPS autour de ces rendez-vous ?
Oui, et c’est aussi vrai pour mes collègues. Cinq activités sportives pour préparer cinq rencontres, cela aide à bâtir sa programmation d’EPS, et cela motive pour faire de l’Usep.
Vous êtes chargé du secteur Usep Nantua-Haut-Bugey : en quoi cela consiste-t-il ?
Nous avons changé d’organisation cette année, et englobé le secteur voisin de Hauteville, ce qui a rendu la fonction plus exigeante. Jusqu’alors, nous fonctionnions par groupes de trois classes se recevant chacune leur tour. Cette année, en écho au Congrès des enfants, nous avons proposé aux jeunes licenciés de nos 15 écoles de choisir parmi une liste d’activités, et retenu les plus demandées : orientation, athlétisme… Mon travail de début d’année a été de gérer le Google Drive, d’animer notre réunion de rentrée, d’établir le programme, et de nommer des responsables pour chaque activité et chaque cycle.
C’est compliqué de le faire depuis une petite école ?
Cela répond à notre réalité du terrain, celle d’écoles de campagne. Les centres urbains, Nantua, Oyonnax ou Hauteville, ne participent pas à l’Usep. Parce que les écoles bénéficient d’éducateurs sportifs municipaux, comme à Oyonnax. Ou parce que les parents n’ont pas les moyens de contribuer au financement des activités, comme dans certains quartiers de Nantua.
Qu’est-ce qui motive votre engagement à l’Usep ? Et qu’est-ce qui le freine ?
Ce qui le freine, c’est le manque de temps. Je n’ai pas de décharge pour la direction d’école, l’Usep vient en plus, et là-dessus arrive le coronavirus ! Cela explique le désengagement de jeunes enseignants qui ne reprennent pas le flambeau du sport scolaire quand les anciens passent la main. Ils sont conscients de la plus-value de l’Usep, mais font d’autres choix. Malgré mes efforts, le secteur perd des associations.
Sinon, ma motivation reste la découverte, l’ouverture, et le fait de partager ces rencontres avec les élèves, en favorisant leur pratique physique et sportive. Moi-même, jusqu’à l’an passé j’ai joué au foot, à un niveau très modeste. J’ai aussi entraîné, et je continue de le faire dans une petite association. Il ne s’agit pas de tout faire pour gagner, de la même manière que lors des rencontres scolaires on n’oppose pas une classe à une autre. Le but, c’est que tous puissent jouer et soient heureux d’être là. C’est comme cela que je conçois le sport et mon engagement à l’Usep.