Nathalie Naveso, 39 ans, anime l’Usep à l’école de Rieux-de-Pelleport, près de Pamiers, dans la plaine d’Ariège. Et si les émotions sportives vécues avec ses maîtres d’école sont à l’origine de son engagement, le sport scolaire qu’elle promeut aujourd’hui avec ses élèves met d’abord en avant l’idée de rencontre.
Nathalie Naveso, avez-vous connu l’Usep enfant ?
Oui, et mes souvenirs d’école les plus vivaces sont liés au sport pratiqué avec mes instituteurs de cours moyen, M. Abadie et M. Blazy, à Saint-Jean-du-Falga, près de Pamiers : les rencontres Usep basket, handball, football, la piscine, les sorties du mercredi au ski en hiver… Ils nous impliquaient dans les rencontres, tout comme dans nos sorties à vélo du samedi matin : on étudiait le kilométrage, on dessinait l’itinéraire sur la carte, et le plan de route était accroché au guidon de chaque « chef de groupe ». Et nous avons terminé en fin de CM2 par les châteaux de la Loire à vélo ! Tout ne se faisait peut-être pas précisément dans le cadre de l’Usep, mais pour nous c’était la même chose.
Quel est votre souvenir le plus fort ?
C’est celui d’un tournoi de football qui s’est terminé aux tirs au but. Nous étions un peu désarçonnés, surtout moi qui n’avais jamais tiré un penalty ! À l’époque, au début des années 1990, en Ariège, l’Usep s’inspirait encore beaucoup du schéma compétitif classique… Je me suis retrouvée la dernière à tirer, et en plaçant le ballon pour moi notre gardien m’a dit : « Si tu marques, on gagne. » Vous imaginez la pression ! J’ai tiré fort, comme j’ai pu, et j’ai marqué. Toute l’équipe m’est alors tombée dessus pour me féliciter. Je n’oublierai jamais…
Vous avez ensuite retrouvé l’Usep comme professeure des écoles stagiaire…
J’avais continué le sport scolaire au collège, parallèlement à la pratique de la GRS en club. En intégrant l’IUFM1, j’ai tout de suite pensé à faire vivre aux élèves ce que j’avais moi-même connu enfant. J’ai effectué mon stage obligatoire en appui de rencontres euro-régionales Usep à Port-Leucate, dans l’Aude. Puis, une fois titularisée à l’école de Rieux-de-Pelleport, où j’enseigne toujours, j’y ai relancé l’association Usep, inactive depuis longtemps.
La dynamique s’est-elle enclenchée facilement ?
Oui, mes collègues ont immédiatement adhéré. Puis, à la suite de la fermeture de classes, l’équipe a changé et l’élan est un peu retombé. Certains enseignants ne se sentaient pas en capacité d’organiser une rencontre de secteur. Mais aujourd’hui cela repart avec les maternelles : les enseignantes, qui ont connu l’Usep en élémentaire, sont motivées et très en attente. Jusqu’à cette année, nous ne trouvions pas d’écoles avec lesquelles se recevoir. Cela s’est débloqué grâce à l’Ageem, l’association des enseignants de maternelle, qui a aidé à mettre sur pied une première rencontre, avec plusieurs écoles. De mon côté, je travaille aussi avec mes CM1-CM2 sur leur implication associative.
De quelle façon ?
J’ai toujours impliqué mes élèves dans l’organisation des rencontres, mais ils ignoraient qu’ils faisaient partie d’une association. Notre participation au congrès des enfants, l’an passé, nous a permis de prendre conscience de cette appartenance, symbolisée par la licence, et de mener une réflexion sur la notion de rencontre, d’accueil, et sur la participation des parents à côté des maîtresses.
Vous qui avez été élue départementale de 2008 à 2014, quelle est pour vous la priorité aujourd’hui ?
Je dirais : développer l’esprit Usep. Les enseignants qui renoncent à affilier leur classe mettent parfois en avant le coût des licences, mais ont-ils conscience de tout ce que l’Usep peut apporter aux enfants et à la classe ? Il ne s’agit pas seulement de pratique sportive et de santé, mais de valeurs : respect, fraternité… Moi-même, j’ai changé l’esprit de nos rencontres, en m’efforçant de gommer la compétition. Cela peut sembler en contradiction avec mes propres souvenirs, mais si l’émotion de la victoire peut être très forte, et valorisante, j’ai le sentiment qu’aujourd’hui les enfants sont entretenus dans l’idée de gagner, de vaincre. Je préfère travailler avec eux sur l’ouverture à l’autre, et insister sur le sens premier de rencontre.
C’est-à-dire ?
Lorsqu’il est fait référence à l’esprit sportif, on parle surtout du respect des règles et de l’autre, mais rarement d’amitié. Aussi, avec mes élèves, nous avons réfléchi à la façon d’aller davantage encore à la rencontre des enfants des écoles que nous accueillons : proposer des jeux et des devinettes, pour mieux se connaître ; mixer les équipes, pour éviter l’esprit de clocher ; et demander à nos invités leur ressenti en fin de rencontre, pour qu’ils nous disent si nous avons été de bons hôtes.
(1) Institut universitaire de formation des maîtres, aujourd’hui Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (Inspé).