Rompus à la culture du débat, les CM1-CM2 de l’école de Vernoux-en-Vivarais (Ardèche) ont vécu l’an passé le Congrès des enfants de l’Usep comme le prolongement naturel de leur vie associative. Une expérience éducative sur laquelle revient l’une de leurs enseignantes, devenue depuis conseillère pédagogique.
Nelly Dejours, vous avez initié au sein de votre école une pratique originale de l’Usep, en accordant une place éminente à la vie associative…
La vie associative est en effet au cœur de la pratique de l’Usep que ma collègue Karine Bossan et moi avons développée durant quatre ans avec les élèves de CM1-CM2 de notre école rurale1. Cette pratique de l’Usep épousait notre choix d’un fonctionnement en co-enseignement : celui d’une classe à double niveau, avec un duo d’enseignantes aux salles mitoyennes, les élèves passant de l’une à l’autre au sein de groupes mouvants, tout en partageant des temps communs.
Vos élèves n’ont donc pas été surpris en participant au Congrès des enfants ?
Pas du tout : c’était la même approche.
Décrivez-nous une année de vie associative Usep à Vernoux…
L’année débute avec l’élection du bureau d’enfants, à l’issue d’une campagne électorale en bonne et due forme : de l’éducation morale et civique en actes ! Ce bureau se réunit ensuite une fois par semaine. Sa première mission consiste à présenter le calendrier des rencontres départementales à toute la classe. L’an dernier, nous avons participé à deux d’entre elles, plus deux rencontres de secteur et quelques autres rencontres avec l’association sportive du collège, autour des activités de pleine nature ou pour la Journée du sport scolaire. L’Usep est un excellent outil de liaison au sein du cycle 3 !
Un autre temps fort est l’organisation d’un voyage à caractère sportif. Rejoints par d’autres enfants volontaires, les membres du bureau se retrouvent avec moi entre midi et deux, sur mon temps d’activités pédagogiques complémentaires dédié à l’Usep. Les élèves s’occupent de la recherche de financements puis de l’organisation du séjour. Il y a deux ans, ce furent deux jours dans un gîte du plateau ardéchois, avec pratique de l’orientation et du ski de fond, et participation active aux tâches de la vie quotidienne, y compris les courses ! Et, l’an dernier, tandis que les CM1 bénéficiaient d’un voyage Erasmus, les CM2 ont organisé trois jours de randonnée en Savoie, avec nuitées en refuge.
Comment avez-vous intégré la participation au Congrès des enfants dans ce programme ?
Nous avons commencé par une semaine de « débats pique-nique » avec les enfants volontaires, en abordant à chaque fois l’un des thèmes proposés : le rôle des enfants dans l’association, l’égalité fille-garçon ou l’éco-citoyenneté, sujet que nous avons ensuite travaillé tous ensemble et qui a abouti à la réalisation d’une vidéo.
Comment les enfants ont-ils vécu les phases départementale, régionale et nationale du Congrès des enfants ?
La phase départementale a été rondement menée car nous sommes la seule école à être entrée dans le projet : la déléguée Usep s’est déplacée, et nous lui avons présenté nos travaux. Nos représentants ont donc été sélectionnés d’office pour le congrès régional. Au-delà des débats, ce fut pour eux un moment magique de se retrouver à Lyon avec d’autres enfants. Ils ont pris conscience qu’ils représentaient tout un département. Ce fut encore plus fort à Paris, où cette fois ils parlaient au nom de la région Auvergne-Rhône-Alpes : ils ont éprouvé le sentiment de faire partie d’une grande famille, disséminée partout en France mais cimentée par des valeurs communes. Ce sentiment d’appartenance à l’Usep, nous l’avons aussi éprouvé de manière très forte, nous autres adultes, enseignants et parents accompagnateurs. S’y ajoutait pour les enfants l’émotion d’un voyage à Paris : les bateaux-mouches, voir la tour Eiffel pour de vrai…
Cette expérience va-t-elle nourrir votre pratique de conseillère pédagogique de circonscription ?
J’arrive tout juste à ce poste ! Mais, lors des réunions de directeurs, je parle de l’Usep avec cœur, et j’invite mes interlocuteurs à ne pas simplement envisager le sport scolaire à travers l’offre de rencontres, mais à s’intéresser aussi aux potentialités de la vie associative.
Vous restez également membre du comité départemental Usep…
Là aussi, nous plantons des graines. L’idée-force est de créer une dynamique, de développer le sentiment d’appartenance à l’Usep parmi les enseignants, afin de leur donner envie de s’engager davantage, de s’investir au-delà de la participation à quelques rencontres.
Et à l’école de Vernoux ?
Ma collègue Karine s’est inscrite à une formation régionale Usep sur la vie associative et fait vivre le label Génération 2024 obtenu l’an passé, avec une participation à un camp olympique déjà programmée. Elle continuera l’Usep, à sa manière.
(1) Jusqu’à présent, à l’école de Vernoux, seuls les élèves de cours moyens sont licenciés à l’Usep.