Toute fédération sportive doit posséder un médecin fédéral. À l’Usep, c’est le Dr Marc Guérin qui, au-delà de formalités administratives, apporte son expertise au projet santé de la fédération. Un engagement qui repose sur des valeurs partagées, héritées d’une pratique sportive débutée à l’école communale.
Marc Guérin, quel est le rôle d’un médecin fédéral à l’Usep ?
Il est spécifique à son public : plutôt que de problèmes de dopage, je m’occupe des conditions d’exercice des activités physiques et sportives des enfants. J’accompagne les responsables de l’Usep en apportant mes compétences et mon expertise de praticien. Lors de notre dernière séance de travail, fin janvier, vous avons par exemple finalisé une fiche « santé et bien-être ». Elle porte sur la pratique dans le froid et sera prochainement suivie par d’autres.
Pourquoi vous êtes-vous engagé auprès de l’Usep ?
J’ai toujours vu dans l’activité physique et sportive un moyen d’accomplissement : c’est pourquoi j’ai choisi la médecine du sport comme spécialité, et contribué à créer à Nanterre (Hauts-de-Seine) un centre médico-sportif municipal où j’exerce encore aujourd’hui. J’apporte également mon concours à des associations comme la Fédération française des clubs omnisports, l’Académie française de Muay Thaï (boxe) ou la Fédération française de karaté. Avec l’Usep, le contact s’est noué lors du colloque qu’elle avait organisé en 2014 à l’Insep1 pour présenter son projet santé.
Justement, que pensez-vous du projet santé de l’Usep ?
Il se distingue par son approche éducative, avec une vision très large qui dépasse la prévention de la maladie ou l’approche hygiéniste. Je m’y retrouve pleinement parce qu’il s’inscrit dans une perspective humaniste et vise à offrir à tout enfant la possibilité de développer son potentiel physique et psychologique, en s’appuyant sur la force du collectif. Cela passe par des opérations sportives, des actions de sensibilisation, et des informations adressées aux enseignants.
Vous-même, enfant, faisiez-vous du sport ?
Oui, parce qu’à mon école Ferdinand-Buisson de Courbevoie, j’ai eu la chance d’avoir des « profs de gym » qui proposaient 2 heures d’EPS et 3 heures de plein air par semaine. Le jeudi après-midi – le mercredi aujourd’hui –, il y avait aussi le « patronage » : sorties en forêt, au cinéma, ou handball en Usep. J’avais choisi le hand et nous avons été champions départementaux – ou régionaux –, catégorie benjamins. J’en ai gardé d’excellents souvenirs. Ensuite j’ai pratiqué des sports individuels, plus particulièrement la savate-boxe française. J’ai décroché plusieurs titres de champion en France et été classé sportif de haut niveau. Aujourd’hui, à 67 ans, je conserve une activité physique d’entretien.
Quelle devrait être la pratique physique quotidienne d’un enfant ?
Au moins une heure par jour, associant intensité modérée et soutenue2. C’est d’ailleurs naturel chez l’enfant : il court, accélère, et quand il est fatigué, de lui-même il se repose, puis repart. L’augmentation de la prévalence de l’obésité est principalement liée à la baisse d’activité physique. On se transporte en voiture, on marche de moins en moins, à commencer pour se rendre à l’école. Il est vrai que l’aménagement urbain n’est pas favorable. Il faudrait réinventer le chemin des écoliers !
Pour finir, quels conseils trouve-t-on dans la fiche santé sur la pratique dans le froid à laquelle vous avez apporté votre caution ?
Des conseils pratiques : porter des vêtements adaptés, pas trop serrés, avec plusieurs épaisseurs, bien s’alimenter, s’hydrater, et aussi se serrer les uns près des autres en cas d’attente, même dans un abri précaire. Mais le plus important est le message que ces conseils viennent appuyer : sauf conditions extrêmes, il est possible de pratiquer dans le froid. Mieux encore : cette adversité « climatique » devient un outil éducatif, tant que l’on reste dans le cadre d’une pratique en sécurité.
(1) Insep : Institut national du sport, de la performance et de l’expertise. (2) Complétée si possible trois fois par semaine par du renforcement musculaire.