Le stage qui a réuni fin janvier à Voiron (Isère) les deux dernières promotions de délégués départementaux Usep a confirmé la tendance : ceux-ci sont désormais plus souvent issus de la filière sportive que de l’enseignement du premier degré. Comment sont-ils entrés dans la fonction ? Témoignages croisés de Pierre Pecchioli, tout juste arrivé dans la Sarthe, et de Sylvaine Jannez, en poste depuis un an dans les Bouches-du-Rhône.
« Devenir délégué Usep relève d’une vraie cohérence quand je regarde mon parcours professionnel. Même si, au départ, ça ne faisait pas partie de mon plan de carrière. » Pierre Pecchioli, 31 ans, n’a pas connu l’Usep enfant. Et s’il a un temps été employé par la Ligue de l’enseignement, c’était comme moniteur de sport en milieu carcéral : pas tout à fait le même public. Avoir choisi en licence puis en master Staps1 les options « éducation-motricité » et « sport société » dénotait cependant une certaine affinité avec les valeurs de la fédération. Il a également enseigné six ans l’EPS dans un centre de formation d’apprentis (CFA).
Pourquoi a-t-il postulé au poste de délégué de l’Usep de la Sarthe ? « Je souhaitais prendre davantage de responsabilités, m’investir dans des tâches de conception, d’organisation, d’animation. » En cela, il n’est pas déçu : la diversité des dossiers est bien au rendez-vous.
La nouvelle recrue a aussi dû faire ses preuves auprès d’élus départementaux habitués à travailler avec un de leur pairs du premier degré. Mais il s’est vite acculturé. « Les professeurs des écoles n’ont pas les mêmes attentes que les enseignants d’EPS envers les activités physiques et sportives, et cherchent davantage à les relier au socle commun des apprentissages », résume-t-il.
Une autre Usep
Sylvaine Jannez, 47 ans, déléguée des Bouches-du-Rhône depuis la rentrée 2017, possédait pour sa part une longue histoire avec l’Usep, laquelle est même à l’origine de sa vocation professionnelle. Mais il s’agissait d’une autre Usep, municipale et périscolaire. « De 6 à 16 ans, j’ai fréquenté un centre sportif Usep, à Colombes, dans les Hauts-de-Seine, se souvient-elle avec une pointe de nostalgie. Je me suis ensuite tournée vers le handball, que j’ai pratiqué à haut niveau, en D1, au Stade Français-Issy-les-Moulineaux, parallèlement à ma fac de sport puis à mon emploi d’éducatrice sportive municipale. »
Il y a 15 ans, la banlieusarde suit son conjoint sur les rives de la Méditerranée et passe le concours d’Etaps, employé territorial des activités physiques et sportives. « Après 12 années dans une collectivité, j’ai voulu changer. » Hasard de la vie, elle revient à ses premières amours : l’Usep. Mais pas exactement celle qu’elle avait connue jeune fille.
« J’ai découvert une vie associative que je ne soupçonnais pas, avoue-t-elle. Je me voyais directrice d’association, avec des rencontres à organiser, des formations à encadrer et une équipe à manager. Mais je n’avais jamais entendu parler de la Ligue de l’enseignement, et aucune idée du fonctionnement d’un comité départemental, ni des échelons régional et national. »
Les associations locales lui étaient plus familières. « Comme Etaps, j’ai toujours eu un échange direct avec les enseignants. Je connais leurs attentes : des cycles d’apprentissage tournés vers une rencontre, des ressources pédagogiques, des temps de formation. La difficulté, c’est que nous avons 255 associations ! Or si je peux m’appuyer sur des secteurs bien structurés, ce lien avec l’échelon départemental est important. Aller à leur rencontre a été l’un des principaux objectifs de ma première année. »
De fructueux échanges entre collègues
Qui entre dans la carrière de délégué Usep est en recherche de repères et de partage d’expérience, et le stage qui réunit chaque année les deux dernières promotions vise à répondre à ces attentes. Du 22 au 25 janvier, les 16 recrues de l’année, et 8 de la classe 2017 se sont ainsi retrouvés à Voiron (Isère). Au menu, pour les petits nouveaux : de l’organisationnel (animation d’un comité, organisation d’une AG) et du pédagogique (projet éducatif et rencontres sportive et associative). Forts de leur année d’expérience, les « n + 1 » ont partagé une analyse de leurs pratiques : relations avec les élus, gestion d’équipe…
« Se retrouver avec d’autres collègues permet de relativiser son propre quotidien, de prendre du recul et de découvrir ce qui se fait ailleurs », souligne Pierre Pecchioli. À ce titre, les échanges informels sont aussi importants que les temps de travail avec l’équipe de formateurs. « Chacun déploie des choses différentes que l’on peut mutualiser. Cela fait gagner beaucoup de temps », complète Sylvaine Jannez, qui s’est elle-même appropriée un document de rencontre de la Côte-d’Or, tandis qu’elle faisait profiter les autres de son copieux dossier de rentrée adressé à toutes ses associations et à ses partenaires. Quant aux classes transplantées de la Mayenne, qui marient sur trois jours sport et santé, elles bourgeonneront peut-être aussi l’an prochain dans les Bouches-du-Rhône et dans la Sarthe. « C’est du clé-en-main, facile à reproduire », s’accordent Pierre Pecchioli et Sylvaine Jannez. Ce qui est parfois bien utile, quand on est nouveau délégué.
(1) Staps : Sciences et techniques des activités physiques et sportives.