L’équipe des conseillers pédagogiques EPS du Tarn est à la pointe de l’innovation pédagogique, les nombreux ouvrages qu’elle a publiés en témoignent. Or ceux-ci ont été pensés, expérimentés et déclinés avec la participation du comité Usep. Deuxième volet de notre entretien avec Patrick Lamouroux, conseiller pédagogique départemental.

Patrick Lamouroux, quelle est la place de l’Usep dans l’équipe EPS du Tarn ?

Le délégué Usep était déjà membre de l’équipe départementale EPS avant mon arrivée, il y a près de 20 ans. Avec lui, nous avons d’abord travaillé à adapter les modalités des rencontres proposées aux enfants de maternelle. À l’époque, l’Usep restait principalement tournée vers les CM1-CM2 et ne disposait pas des outils pour s’adresser aux plus jeunes. Nous avons élaboré la série des « albums à… » (jouer, s’orienter, grandir, etc.), en créant les personnages de Pensatou et Têtanlère. L’idée était de faire entrer les enfants dans une histoire dont ils étaient les acteurs, pour les amener vers la pratique physique.

Des enseignants Usep ont testé sur le terrain le contenu de ces albums…

Il n’était pas question de produire ces documents ressources au sein d’un petit groupe de formateurs réuni en conclave. Nous avons beau savoir ce qu’est une classe, nous ne sommes plus devant les enfants ! Pour notre dernière production, Le grand jeu des Timalins et Timalines, 50 enseignants ont ainsi participé à l’expérimentation : leurs photos et leurs « traces de classe » ont nourri les livrets d’accompagnement. Cela fait toute la différence avec un manuel.

Et une fois les ouvrages édités ?

L’aboutissement de ce travail, c’est de le décliner sous la forme de rencontres sportives scolaires. C’est là où l’Usep a aussi tout son rôle.

Vous vous êtes ensuite intéressé aux enfants de cycle 3, en forgeant le concept de défi coopétitif, puis en vous rapprochant des comités sportifs…

Nous travaillons depuis 10 ans avec les comités sportifs, et une petite vingtaine d’entre eux sont aujourd’hui nos partenaires. Avec le délégué Usep, nous leur avons présenté les rencontres coopétitives comme une alternative à des rencontres plus classiques. À ma grande surprise, le comité de football a été le premier à relever ce défi, dans le cadre de son partenariat avec l’Usep, mais aussi dans le cadre fédéral. Ses dirigeants y ont trouvé une réponse à des problèmes de comportement de certains enfants ou de différences de niveau. Le basket a suivi, et, dans le Tarn, dans ces deux disciplines des rencontres Usep se déroulent sous ce mode coopétitif.

Pour conclure, quelles sont les clés d’une collaboration fructueuse entre une équipe EPS et un comité Usep ?

Il faut, de la part du conseiller pédagogique départemental, une volonté d’animer une réflexion d’équipe, et aussi de proposer des objets de réflexion. De son côté, le comité Usep doit accepter de s’interroger sur les modalités de ses rencontres sportives, et être prêt à les remettre en question. J’observe que, depuis plusieurs années, les orientations nationales, régionales et – pour ce qui et du Tarn – départementales de l’Usep montrent de sa part une volonté de s’interroger sur ses missions et les valeurs qu’elle porte, avec un impact sur la forme de ses rencontres sportives.

J’affirme que la différence avec le sport fédéral doit apparaître clairement aux parents d’élèves qui accompagnent une rencontre Usep : soit ils voient juste du foot comme en club, avec des règles simplifiées, soit ils se rendent compte qu’il s’agit d’autre chose. Les enfants jouent bien à la balle au pied, mais ce n’est pas tout à fait la même chose : c’est du football pratiqué dans le cadre de l’école.