La vie associative de l’Usep repose sur le principe « une école, une association ». Faut-il permettre d’y déroger, sachant que ce principe est écorné sur certains territoires ? C’est le débat que Jacques Giffard, secrétaire général de l’Usep, lancera le 21 avril à l’assemblée générale de Nevers (Nièvre), avec le souhait que les associations, premières concernées, fassent entendre leur voix. Explications.

Jacques Giffard, pourquoi lancer une grande réflexion sur la possibilité pour une association Usep de rayonner non pas sur une seule école, mais sur plusieurs ?

Parce qu’il est temps. Cette question revient chaque année en assemblée générale. C’est aussi un constat : « une école, une association », ce n’est pas vrai partout. Parfois à bon droit, comme quand l’association d’une école élémentaire accueille les enfants de grande section de la maternelle voisine. Ou dans le cas d’un regroupement pédagogique intégré (RPI), avec par exemple maternelle et CP dans un village, CE1-CE2 dans un autre et CM1-CM2 dans un troisième : cela reste une même entité pédagogique.

Mais ne nous voilons pas la face : d’autres fonctionnements « sortent des clous ». Quand, dans un département, l’association Usep correspond à une communauté de communes et réunit des milliers d’enfants, ce n’est pas l’échelle appropriée. Car ce qu’exprime le principe « une école, une association » (1), c’est que la vie associative doit se développer à hauteur d’enfant. Et nous souhaitons que les associations, et pas seulement les comités départementaux, participent à une réflexion qui sera menée sur un an, afin d’aboutir à une proposition soumise à l’assemblée générale 2019.

La question posée est précisément celle du « périmètre » de l’association d’écoles, avec le mot « écoles » au pluriel. Qu’entendez-vous par là ?

 Il s’agit de pistes de travail. Elles sont au nombre de quatre, chacune avec ses limites.

 Premièrement, le périmètre peut être « géographique » : la commune, le canton, la circonscription Éducation nationale… Problème : cela doit-il s’appliquer de la même façon en milieu urbain ou rural ?

Deuxièmement possibilité : limiter le nombre d’enfants, par exemple 500 par association, sauf si cette association concerne une seule école. Mais que faire si une association regroupant plusieurs écoles dépasse de peu ce chiffre parce qu’un lotissement s’est récemment créé ?

Troisième piste : l’association ne pourrait pas réunir plus de 4, 5 ou 6 écoles.

Quatrième piste : permettre à une association d’accueillir les licenciés d’écoles voisines à titre provisoire. Mais le risque, c’est que parfois le provisoire dure longtemps…

À ces premières pistes, esquissées par la commission en charge du dossier et par le comité directeur national, nous souhaitons que les comités et les associations puissent en ajouter d’autres. Rien n’est écrit, et si nous décidons de faire évoluer le statut de l’association, nous le feront ensemble.

Interroger ce principe « une école, une association », n’est-ce pas devoir arbitrer entre l’idéal d’un principe et les réalités du terrain ?

Il y a effectivement une « mise en tension ». Il nous faut aussi distinguer la vie associative des enfants et celle des adultes. Beaucoup d’animateurs Usep, en particulier les enseignants, estiment que leur vie associative serait plus riche au niveau d’une association de secteur, sans que cela nuise à celle des enfants au sein de chaque école.

En 2016, un rapport parlementaire préconisait la création d’une association Usep dans chaque école. L’évolution envisagée faciliterait-elle ce projet ?

Il faut absolument dissocier les deux. Nous avons reçu avec intérêt la proposition des députés Pascal Deghilhem et Régis Juanico. Mais l’Usep n’est pas l’Union nationale du sport scolaire (UNSS) du 1er degré. S’il souhaite créer par obligation une association Usep dans chaque école, l’État devra mettre les mêmes moyens que dans les collèges et lycées, où l’animation de l’association sportive est partie intégrante du service de fonctionnaire de nos collègues professeurs d’EPS du second degré. En outre, cela ne correspond ni à notre histoire ni à notre philosophie : fidèles aux principes de l’éducation populaire, nous souhaitons que l’engagement à l’Usep continue de reposer sur le volontariat. Cela ne nous empêche pas de réfléchir à l’association Usep de demain, dans le but que davantage d’enfants, dans davantage d’écoles, bénéficient des bienfaits du sport scolaire et d’une éducation à la citoyenneté en actes.

(1) Ce principe figure dans l’article 1 des statuts de l’association Usep, conformes au décret 86.495 du 14 mars 1986 relatif aux associations sportives scolaires et universitaires.