Jusque fin avril, l’opération maternelle de l’Usep s’appuie sur des jeux d’opposition inspirés de la lutte, du judo ou de l’escrime pour offrir aux 3-6 ans leurs premières émotions sportives. Des confrontations respectueuses de leur intégrité physique qui s’accompagnent d’une initiation aux rôles de juge et d’arbitre.

Le terme de «rencontre» sportive prend tout son sens quand des enfants de maternelle, habitués à côtoyer les mêmes camarades de jeu, se retrouvent face à de nouveaux visages. Ce matin, dans une salle des fêtes transfigurée, tout de bleu vêtus les enfants de Monthodon (Indre-et-Loire) attendent avec une fébrilité mêlée d’appréhension ceux du bourg voisin de Saint-Laurent, code couleur rouge-rose. «Nos enfants se connaissent par cœur. Mais aujourd’hui, ils vont se confronter aux autres», insiste Axelle Delaunay, enseignante à Monthodon.

Trois règles d’or

Au menu de cette rencontre de l’opération nationale «À l’Usep, la maternelle entre en jeu !» figurent des ateliers où il s’agit de s’attraper, de s’empoigner. Des joutes inspirées de disciplines où l’on retourne ou renverse l’autre (judo, lutte) et de sports comme l’escrime ou la boxe. C’est pourquoi les maîtresses ont insisté sur le fait qu’ils doivent respecter trois règles d’or : «Je ne me fais pas mal, Je ne fais pas mal à l’autre, Je ne me laisse pas me faire mal.»

La Crêpe, le Crabe, le Trésor

Pas de round d’observation à «La Crêpe», où Timéo se fait retourner en deux temps-trois mouvements. Mais pas Ilyana, qui plastronne : «Trop forte.» Luis applique à la lettre la troisième règle d’or en frappant le sol de la main pour arrêter le combat quand dix doigts l’agrippent trop fort sur les hanches. Et quand Valentin perd sa chaussette dans la mêlée des «Ours dans la tanière», il prend sur lui pour ne pas mordiller ses adversaires.

Au «Crabe», Clémentine se révèle la plus rapide pour retirer les pinces à linge du tee-shirt de son adversaire. Et au «Trésor», Marceau prend sa revanche sur Lilou : cette fois, c’est lui qui arrache le ballon.

«Avez-vous pris du plaisir ?», est-il demandé aux enfants après chaque jeu individuel. Pour l’instant, seule Émilie a coché «non», avec un sourire rayonnant d’anticonformisme. Essoufflé ? Fatigué ? Les «oui» fleurissent à mesure qu’avance la matinée.

«Les plus costauds ne faiblissent pas, mais les plus réservés lâchent un peu sur la fin» observe Anthony en pensant à sa fille Laureline, dont c’est la toute première rencontre Usep. Et Camille, gazelle nonchalante, se laisse dévorer trop facilement par Maxime en traversant «La Rivière aux crocos». Mais «des enfants qui demeuraient inactifs lors des séances préparatoires montrent un tout autre visage» se réjouit Axelle Delaunay.

Du côté du jeu dit des «Coffres-forts» montent des pleurs. Cerné par trois fillettes, Lucas s’accroche désespérément à son ballon. «Elles ont le droit de le prendre, c’est le jeu» explique la maîtresse. L’altérité, c’est difficile à accepter quand on est en petite section…

Initiation aux rôles sociaux

Les enfants tenaient également à tour de rôle des «rôles sociaux» : celui d’arbitre, si valorisant avec cette clochette sonnant joliment à l’oreille ; celui de garant des règles d’or ; et celui de responsable de l’attribution des points.

Et aussi celui de chronométreur indiquant le début et la fin du jeu au moyen d’un sablier : 30 secondes pour les jeux individuels, une minute pour les jeux collectifs. Un rôle plébiscité par Albane, 4 ans, émerveillée par cette «boîte avec les graines qui coulent». Et là, plus question de sport ou d’éducation civique, mais de poésie pure.

Plus de 146 000 enfants de maternelle à l’Usep.  «À l’Usep, la maternelle entre en jeu !» est la nouvelle évolution de l’opération nationale initiée en 2006 sous le nom de Printemps des maternelles. Celle-ci a contribué à généraliser l’attention portée aux 3-6 ans à l’Usep. Aujourd’hui, 146 166 enfants de maternelle sont licenciés à l’Usep, soit près de 20% des effectifs.