L’opération laïcité promeut l’égalité en mode aller-retour

Charlotte Carré, la 5^e édition de l’opération nationale laïcité se déroule sous une forme renouvelée. Tout en culminant autour du 9 décembre pour la Journée de la laïcité, elle se poursuivra en effet jusqu’en mars avec des rencontres « retour »…

L’idée est en effet de faire découvrir aux enfants une autre école que la leur, afin qu’ils puissent comparer. C’est très parlant pour eux. Je me souviens d’une rencontre dans cet esprit dans mon département d’Indre-et-Loire : ce qui avait le plus marqué les enfants, c’est que les toilettes de l’école qui les accueillait étaient éclairées, chauffées, avec de l’eau chaude au robinet ! Nous suggérons aussi aux classes d’apprendre à se connaître, par lettre ou échange virtuel, avant de se rencontrer en vrai. Et si possible faire en sorte que les enfants aient déjà une expérience du débat associatif.

Quel format privilégier : demi-journée ou journée entière ?

Libre aux écoles de choisir. La seconde option permet toutefois de partager le repas du midi, à la cantine ou en mode pique-nique. Une occasion supplémentaire d’apprendre à se connaître et de relever les différences.

Le thème de cette édition est l’égalité, et plus particulièrement l’égalité fille-garçon, à la lumière ce qui se vit dans la cour de récréation¹…

Oui parce que, là encore, cela parle aux enfants. Nous proposons d’aborder aussi le handicap, ou encore l’inégalité dans les infrastructures sportives disponibles pour l’EPS ou les activités Usep : c’est du concret. Mais le fil rouge reste la découverte d’une autre école et de son environnement, ce pourquoi nous suggérons d’organiser au cycle 2 une randonnée contée dans le quartier. Ou dans le village et ses environs pour les écoles rurales.

Associer des classes de centre-ville, de banlieue, du péri-urbain et de la ruralité : on saisit bien le concept. Mais comment sont-elles appariées ?

Il n’y a pas de règle imposée. Il peut s’agir de classes qui se connaissent et souhaitent travailler ensemble, ou qui au contraire veulent jouer pleinement la carte de la découverte. J’ajoute que, dans une même ville, deux écoles peuvent avoir un environnement très différent.

Outre la randonnée contée, quels sont les activités sportives proposées ?

Orientation et athlétisme en maternelle, basket en CP-CE1-CE2, hand à 4 et course équitable en cours moyen : des activités faciles à mettre en place et exigeant peu de matériel. Plus des P’tits bals et le flashmob.

Alors que la première opération laïcité a été lancée au lendemain de l’assassinat de Samuel Paty, cette 5^e édition coïncide avec le procès des personnes accusées, à des degrés divers, de complicité avec son meurtrier. Entre-temps, l’opération a-t-elle évolué ?

Ses modalités et la valeur mise en avant varient chaque année : fraternité, vivre ensemble, inclusion, égalité… Mais l’objectif – faire vivre la laïcité à hauteur d’enfant – demeure inchangé. La laïcité reste un thème dont les enseignants craignent de s’emparer et qui, souvent, est associé exclusivement à la religion alors qu’il touche aussi à l’égalité entre citoyens dans la République. Ensuite, au-delà des ressources disponibles sur le sujet, proposer un cadre tel qu’une rencontre sportive et culturelle aide à mettre la notion de laïcité à la portée des enfants. Par exemple en les faisant débattre de l’occupation de la cour de récréation par les garçons et les filles !

Des personnages animés mis en capsule vidéo

« Afin de laisser une trace de ces rencontres aller-retour, nous proposons de faire dessiner aux enfants des personnages qu’une application numérique permet ensuite de faire parler en faisant bouger leur bouche et leurs yeux. Ces personnages exprimeront la parole des enfants, en réponse à des questions parfois un peu piquantes, afin qu’ils se positionnent. Car ils ont aussi le droit de ne pas être d’accord avec telle ou telle affirmation. Un vrai débat, quoi ! »