« Mon association booste mon cerveau » sensibilise enfants et parents à l’importance d’une activité physique quotidienne, d’un sommeil indispensable au développement cognitif, et d’une alimentation équilibrée. Initié il y a trois ans en Guadeloupe et partagé avec les autres comités d’outremer, ce projet qui a vocation à se décliner aussi dans l’Hexagone a été récompensé aux Trophées Impulsion Sport 2023 décernés par l’Agence nationale du sport. Présentation en dix points par Thierry Grimaud, élu national Usep et délégué de La Réunion.

Originalité. « Mon asso booste mon cerveau » aborde conjointement trois thèmes, dans le but de renforcer les compétences psycho-sociales de l’enfant : l’activité physique quotidienne (et pas seulement le sport), le sommeil (en expliquant qu’il est déterminant pour le développement cognitif) et l’alimentation équilibrée (face à la progression de l’obésité dès le plus jeune âge, en particulier outre-mer). L’alimentation fait aussi le lien avec la transition écologique à travers la promotion des produits locaux1 et des circuits courts. 

Idée. Isabelle Sahaï, élue nationale Usep, conseillère pédagogique en Guadeloupe et responsable du projet avec moi, a eu la première l’idée d’une action qui promeuve à la fois la santé des enfants et l’apprentissage cognitif, qu’entrave le manque de sommeil. Ceci avec le souci de toucher à la fois les enfants et les parents. Les comités d’outre-mer ont ensuite partagé ce projet, que La Réunion a accepté de porter sur le plan administratif et du suivi financier. Les premiers outils pédagogiques ont été créés avec le concours de partenaires comme l’Institut régional d’éducation nutritionnelle (Iren) ou l’association Cogni’junior. Le projet a été déposé en 2020 auprès d’Impact 2024 et a obtenu l’année suivante le financement pour une première mise en œuvre.

Nom. Ce nom, « Mon association booste mon cerveau », est issu d’un « brainstorming » commun. Nous avons d’abord pensé à « L’Usep bouge mon cerveau », puis voulu insister sur le rôle de l’association d’école. Préciser « Usep » aurait alourdi la formulation, et cette omission nous a ouvert des portes : en effet, elle ne réduisait pas le projet aux activités physiques et sportives auxquelles notre « Union sportive » est identifiée. À La Réunion, nous avons ainsi été soutenus par l’Agence régionale de santé, qui nous a proposé de solliciter pour nos outils le label Plan national nutrition santé (PNSS).

Outils. Nos outils s’enrichissent chaque année. Nous avons d’abord formalisé à l’intention des familles un livret avec des exemples d’activités physiques, une présentation du « petit train du sommeil » et des menus équilibrés. Parallèlement, afin de travailler sur la nutrition avec les enfants, nous avons adapté à notre charte graphique, avec nos visuels, le jeu de plateau « Les besoins du cerveau » créé par notre partenaire Cogni’junior. Nous avons aussi conçu une tente qui est un outil pédagogique à part entière : ses pans extérieurs reprennent les informations sur les trois thèmes et ses pans intérieurs proposent des quiz, auxquels les enfants répondent avec un système de scratches. Chaque comité d’outre-mer impliqué dans le projet apporte aussi au pot commun les outils créés par ses animateurs et ses formateurs. À titre d’exemple, la Guadeloupe travaille sur des outils adaptés à la maternelle et nous avons créé à La Réunion un parcours en 7 étapes sur « la journée du bonhomme-crayon de l’Usep », qui reprend la journée type d’un enfant.

Déclinaison. Chaque comité décline le projet à sa façon. La Polynésie privilégie par exemple l’intervention de nutritionnistes sur ses grands rassemblements. À La Réunion, nos délégués de secteur s’appuient dans les écoles sur des classes pilotes. Dans un premier temps, les parents sont invités à venir confectionner un repas avec le concours de nutritionnistes, qui leur prodiguent aussi des conseils pour une alimentation équilibrée. Une deuxième réunion porte ensuite sur l’activité physique et le sommeil : c’est à cette occasion que nous remettons aux familles notre livret et notre agenda du sommeil. Enfin, la classe concernée organise pour toute l’école une rencontre sportive associative où des parents participent à la collation du matin, et relaient à cette occasion notre message auprès des autres parents d’élèves, avec l’appui de l’équipe éducative.

Outre-mer. La Réunion, la Guadeloupe et la Polynésie française sont engagées dans le projet, ainsi que la Guyane et Mayotte à un niveau moindre. Seule la Martinique a pris du retard en raison de problèmes de ressources humaines. Il faut y ajouter la Nouvelle-Calédonie, qui après des actions expérimentales engagera un programme à sa rentrée de mars. Un salarié basé à La Réunion, Antoine Lacombe, coordonne les actions sur l’ensemble de nos territoires et assure une veille des appels à projets « santé » auxquels nous sommes en mesure de répondre. Nous avons également présenté le projet aux comités de l’Hexagone lors de l’assemblée générale Usep d’avril 2023, puis lors d’une webconférence de rentrée. Si plusieurs se sont montrés intéressés2, au regard de la mobilisation autour de Paris 2024, c’est plutôt à la rentrée prochaine que le projet pourra se déployer aussi en métropole.

Actions. « Mon asso booste mon cerveau » s’appuie sur des initiatives diverses pour faire passer son message : journées parents-enfants, pique-niques en famille, formations d’adultes sur les sciences cognitives, etc. Il s’intègre aussi aux rencontres et aux opérations nationales de l’Usep ou aux évènements de la dynamique 2024.

Partenariats. À La Réunion, nous sommes sollicités par des centres communaux d’action sociale pour intervenir dans des accueils collectifs de mineurs, ou tout récemment pour une animation à l’occasion des 40 ans du Creps. Dans le cadre des Cités éducatives, nous avons également déployé le projet auprès d’écoles non affiliées. Sachant que l’aide d’Impact 2024 disparaitra après cette échéance, ces collaborations prennent tout leur sens dans le cadre d’un possible financement à travers des prestations rémunérées ou par des partenaires privés. Outre l’Agence régionale de la santé, le Conseil régional nous finance via la direction de la santé, et non plus seulement celle des sports. Les Caisses réunionnaises (de retraites) complémentaires nous aident également dans un souci de prévention à long terme, assorti de la suggestion de s’adresser aux grands-parents, disponibles pour les animations avec les diététiciennes. La politique de la Ville et les regroupements d’entreprises citoyennes sont aussi d’autres pistes.

Moyens humains. En Guadeloupe, le rectorat met à disposition une personne en partie dédiée au projet.  À La Réunion, un poste a pu être financé pour animer le projet dans les écoles, souvent en synergie avec les déplacements du « fourgon santé » qui sillonne l’île depuis 2017.

Trophée. Avoir été récompensé le 4 décembre lors des Trophées Impulsion Sport 2023 décernés par l’Agence nationale du sport est une forme de reconnaissance qui, sans jeu de mots, peut « booster » le projet sur tous nos territoires. En 2022-2023, celui-ci a touché près de 5 000 enfants et plus d’un millier d’adultes3.

(1) En Guadeloupe, le conseil départemental accompagne l’action du comité en fournissant pendant sept mois des paniers de fruits et légumes locaux à 80 parents d’élèves en situation précaire.

(2) Notamment le Finistère et le Gard.

(3) Dans le détail : Guadeloupe (877 enfants et 500 adultes), Guyane (425 enfants et 80 adultes), Réunion (2 700 enfants et 500 adultes), Mayotte (250 enfants et 42 adultes), Polynésie française (466 enfants et 80 adultes), Nouvelle-Calédonie (150 enfants). Le projet n’a pas été déployé l’an passé en Martinique.