«L’escargot» prend prétexte d’une sortie à vélo pour renouveler l’éternelle histoire du petit frère trop pressé de suivre un aîné qui ne veut pas s’encombrer du cadet. Un album où de fines touches de couleurs rompent l’unité du noir et blanc à la façon de petits bonheurs dissipant le cafard.
Un album jeunesse en noir et blanc, il faut oser. Enfin, un petit casque rouge émerge quand même du paysage. C’est celui d’un enfant à qui son grand frère intime : « Reste ici. Avec nos vélos, on va aller super vite. » Comme il n’a qu’une draisienne et de petits mollets, forcément il échoue à les suivre. Seul sur les chemins, il heurte un caillou, perd le contrôle et tombe. Sans se faire grand mal.
Il n’en est pas moins l’apprenti cycliste le plus malheureux du monde. Mais un escargot perché dans un arbre à la coquille aussi rouge que la sienne le consolera. Grimpé à ses côtés, l’horizon se découvre différemment dans les couleurs du soir.
On aime tout dans cet album, à commencer par son trait délicat et l’alternance de plans larges, de zooms, de vues en plongée et contre-plongée. Autant d’invitations à la lecture d’image : la nature, les arbres, les herbes folles et les épis de blé… On souscrit aussi au message finement délivré : c’est bien de vouloir grandir, mais trop vite ; et il faut prendre le temps de profiter de chaque chose, de chaque instant. Un album-haïku dont la poésie vous habite longtemps après l’avoir refermé.