À défaut de l’emporter en rando nature, enseignants et animateurs Usep trouveront dans l’album sur « l’évolution des espèces » paru chez Nathan matière à titiller la curiosité et le sens de l’observation des enfants.
« Si la chouette ne pouvait pas voler sans bruit, elle aurait été plus facilement repérée par ses proies. Si les grenouilles n’avaient pas eu les pattes palmées, elles auraient sans doute eu du mal à échapper à leur prédateur. Si le faucon pèlerin devait fermer les yeux lors de sa descente en piqué, à près de 300 km/h, il n’aurait pas vécu très longtemps ! Heureusement, il a une paupière transparente qui lui permet de voir pendant sa descente vertigineuse. »
Quand les choses sont ainsi présentées, on brûle d’envie de se plonger dans ces double-pages qui s’intéressent successivement aux becs, pattes, griffes, dents, couleurs, poils, défenses et autres coquilles, carapaces et épines. Une porte d’entrée très fûtée pour expliquer aux enfants, dans une parfaite complémentarité texte-image, « comment les espèces qui peuplent aujourd’hui notre planète en sont arrivées là ».
Certes, les randonnées en groupe ne sont pas toujours les plus propices à l’observation attentive de la faune, laquelle exige patience et grand silence. Mais, en préambule à une sortie en forêt ou à la découverte de zones humides, un enseignant pourra sensibiliser ses élèves à l’utilité de tel ou tel type de patte, de plume ou de bec : long, court, croisé ou en forme de spatule, selon l’usage le plus utile à l’oiseau. Peut-être l’occasion d’adresser un clin d’œil à ce Charles Darwin qui eut l’idée de sa révolutionnaire théorie de l’évolution en observant de petits oiseaux des îles Galapagos…
Visiblement issus d’une même famille, ils se différenciaient pourtant d’une île à l’autre par la forme du bec et le naturaliste – qui toutefois n’est pas cité dans ses pages, à la différence de son aîné Linné et de sa classification des êtres vivants – se mit en tête de comprendre pourquoi. Et, concernant les pattes, on soulignera comment l’homme s’est inspiré des grenouilles et autres canards pour imaginer les palmes qui permettent de se mouvoir plus vite sous l’eau. L’ouvrage est en cela une vraie mine pour concevoir les questions et devinettes qui mettront les enfants en éveil durant toute la promenade.
L’enseignant pourra aussi paraphraser les auteurs lorsqu’ils expliquent que « ce qui est aujourd’hui un avantage pourrait ne plus l’être demain ». La double page consacrée aux évolutions rapides d’un petit gecko du Brésil et des saumons d’un lac américain (15 ans pour l’un, 60 pour les autres) pour s’adapter au brusque changement de leur environnement pourra permettre d’aborder le thème du réchauffement climatique, dont le rythme accéléré met aujourd’hui en péril un grand nombre d’espèces. Même s’il est plus difficile encore pour un enfant que pour un adulte de prendre conscience de l’échelle de temps nécessaire à ce qu’une mutation aléatoire de l’ADN soit conservée par une espèce, parce que davantage d’individus possédant ce caractère survivent…
Cet album de grand format, et dont le graphisme est l’un des points forts, constitue un remarquable outil pour éveiller dès 8 ans la curiosité des enfants, puis les aider à saisir les enjeux de la préservation d’une biodiversité dont ses pages offrent l’étalage le plus attrayant et le plus parlant qui soient. À ce titre, il figure désormais en bonne place parmi les ressources conseillées par le groupe de travail développement durable de l’Usep.
Nathalie Barbounis et Gilles Bailly, GT développement durable