« Des écoles vitaminées à l’EPS, ça existe ! Pourquoi pas partout ? » : c’est le titre suggestif donné par le Syndicat national de l’éducation physique (Snep) et le SNUipp-FSU à la synthèse d’une enquête menée auprès de 27 écoles où l’EPS, enseignée par les professeurs des écoles sur des horaires proches des 3 heures hebdomadaires officielles, dynamise les enseignements. Des écoles qui, pour deux tiers d’entre elles, s’appuient sur une association Usep. Analyse.

L’éducation physique et sportive est davantage enseignée dans les écoles où l’Usep est présente. C’est bon à rappeler, et c’est encore mieux de s’appuyer pour cela sur une étude de terrain comme l’enquête menée par le Snep et le SNUipp-FSU auprès de 27 écoles. Celles-ci répondaient aux critères suivants : une EPS enseignée par les professeurs des écoles et non par des intervenants extérieurs ; une séance par jour en maternelle et au moins deux par semaine en élémentaire ; et enfin l’existence d’une programmation EPS d’école témoignant d’un travail d’équipe.

Dans un contexte jugé « difficile » – réduction du temps scolaire, pression sur les enseignements considérés comme « fondamentaux », confusion avec les 30 minutes d’activité physique quotidienne ou le 2S2C (Sport-Santé-Culture-Civisme) imaginé pour accompagner la reprise post-confinement –, l’existence d’une association Usep n’est pas une condition sine qua non pour dynamiser son école avec l’EPS. C’est cependant le cas dans 18 des 27 écoles de cet échantillon (66 %), alors que le taux d’implantation national de l’Usep est de 23 %.

L’Usep, temps scolaire et hors temps scolaire

En ouverture des deux pages spécifiquement consacrées à l’Usep, les auteurs de l’étude rappellent « tout le bénéfice des rencontres sur le temps scolaire, qui concernent les élèves de toute la classe, voire de toute l’école » et qu’ils considèrent comme « un temps d’EPS » qui permet « la finalisation des modules d’apprentissage ». Ils observent toutefois que « la suppression progressive de la valence EPS des conseillers pédagogiques de circonscription fragilise fortement ces rencontres » qui, de plus en plus, relèvent du seul bénévolat des enseignants.

Pour les écoles affiliées à l’Usep, « l’intérêt est de pouvoir bénéficier d’une logistique, de formation continue (« L’Usep, c’est la seule formation qu’on a en EPS »), de matériel pour pratiquer certaines activités physiques sportives et artistiques (Apsa), d’ouvrir l’école vers l’extérieur. » Ce qui permet aux auteurs de lancer : « Pourquoi pas l’Usep dans toutes les écoles ?! ».

De leur côté, les écoles non affiliées à l’Usep (34 %) déplorent que son animation soit le plus souvent bénévole : « Les enseignantes n’imaginent pas travailler en plus le mercredi après-midi sans décharge ou sans indemnités. » L’enquête cite à ce sujet plusieurs témoignages : « Impossible de faire de l’Usep dans le contexte actuel. » « L’Usep ? C’est impossible, on n’a même pas un quart d’heure pour manger… On a toutes des enfants en bas-âge, c’est inenvisageable sans décharge. » Des réponses dont il est permis de penser qu’elles font principalement référence aux rencontres hors temps scolaire, qui concernent 8 écoles sur 27 (8 sur les 18 où l’Usep est présente) et impliquent près de la moitié des classes et des élèves.

Dernière remarque, 12 des 27 écoles sont labélisées Génération 2024 : « C’est peu si on considère que ce dispositif avait vocation de cibler les écoles les plus investies en EPS. [En revanche] toutes les écoles labélisées sont Usépiennes. »

Cinq grands enseignements

Les auteurs de l’enquête en tire 5 grands enseignements, le premier étant que des équipements proches sont la condition pour animer au minimum deux séances d’EPS par semaine sans perdre trop de temps pour y accéder. « Certaines écoles préfèrent se priver d’un équipement sportif et rester dans la cour pour ne pas perdre de temps en déplacement » et, dès que la météo est défavorable, le manque d’espace couverts réduit considérablement le nombre de séances.

Deuxièmement, c’est grâce aux rencontres et évènements sur le temps scolaire que l’horaire officiel des 3 heures d’EPS par semaine est atteint.

Troisièmement, les enseignants attribuent des enjeux spécifiques à l’EPS à l’école primaire, à commencer par les besoins d’activité physique et la construction du vivre ensemble. S’y ajoutent des objectifs spécifiques – faire découvrir des activités que beaucoup d’élèves ne vivront pas avec leur famille, articuler plaisir, dépassement de soi et apprentissage de savoir-faire comme le Savoir Nager et le Savoir Rouler à Vélo – et d’autres plus transversaux. C’est pourquoi les enseignants de ces écoles ne souhaitent pas déléguer l’EPS à d’autres, affirment les auteurs de l’étude.

Quatrièmement, l’EPS est une discipline qui « nécessite de l’énergie physique… et militante » et, cinquièmement, le travail en équipe est déterminant.

Les autres enseignements sont plus attendus, comme l’importance de la formation (très insuffisante concernant la formation initiale et quasiment inexistante concernant la formation continue), le soutien de l’institution (inspecteur de l’éducation nationale et conseiller pédagogique de circonscription) et celui des collectivités territoriales : « Toutes les écoles vitaminées sont implantées dans des collectivités territoriales sensibles à l‘EPS et se sentent soutenues en termes d’équipements, de transports, voire de financement de classe de découverte. » Dans la limite des moyens de celles-ci bien évidemment, ce qui entraîne « des inégalités notoires ».

Intervenants extérieurs

En plein questionnement sur les « alliances éducatives », le sujet vient à point ! Eh bien, sur les 27 écoles étudiées, 4 n’ont pas d’interventions extérieures et 21 y font appel de façon occasionnelle, généralement à raison d’un cycle par an par élève. Les deux dernières bénéficient tout au long de l’année des interventions régulières d’employés territoriaux (Etaps), mais avec une co-intervention systématique.

Ces interventions s’inscrivent principalement dans la cadre d’activités à encadrement renforcé (pleine nature) ou que l’enseignant juge « à risque » ou maîtrise mal. Elles permettent aussi de répartir plus facilement les élèves en plusieurs groupes, d’accéder à une installation ou à du matériel. Les professeurs des écoles considèrent également que ces interventions extérieures jouent un rôle de formation continue. Elles constituent alors une plus-value, sans se substituer à eux.