Entre les rencontres animées par l’équipe départementale Usep et celles organisées de façon autonome par les écoles, en Eure-et-Loir près de 3 000 écoliers auront symboliquement rallié Pékin d’ici la fin de la Semaine olympique et paralympique. La feuille de route tient en 7 ateliers, enchaînés sans temps mort sur une demi-journée en alternant activités sportives, réflexion éthique et travaux pratiques sur le recyclage des déchets. Reportage à l’école Jules-Vallain de Lèves, près de Chartres, où trois classes de CE2 étaient candidates au voyage.
Ateliers sportifs. Quel est donc ce drôle de sport ? Outre le « relai compensé », qui joue sur les distances pour conserver l’enjeu entre les enfants plus ou moins rapides à la course, 3 des 7 ateliers de la rencontre Tous à Pékin proposée en Eure-et-Loir adaptent des disciplines présentes aux Jeux olympiques de Pékin : le curling, le biathlon et le hockey. Et à part Liam, peu d’enfants de l’école de Lèves connaissent le curling, ce sport exotique où une poignée de balayeurs frénétiques s’emploie à accélérer ou ralentir la glissade d’une pierre lancée avec précaution sur une patinoire. Ici, pas de glace, même si au matin les champs étaient couverts de gelée blanche. Et le balai sert juste à pousser la pierre en visant le centre de la cible. Demeure le plus important, l’art de doser son geste… En biathlon, avec un arc en guise de carabine il s’agit toujours de faire rimer vitesse et adresse. Et en hockey, même sans patins la partie est disputée, expliquent Vincent et Guillaume, les deux papas qui se sont libérés pour arbitrer les débats. « La crosse au sol », rappellent-ils notamment de temps à autre.
Totem. Le thème d’année, « le sport pour l’environnement et le climat », est abordé à chaque atelier par petites touches. Avant le curling, il est par exemple question de ces gestes citoyens tout simples, comme boire l’eau du robinet et remplir une gourde au lieu d’emporter une bouteille en plastique quand on va au sport. « Moi, je n’en ai pas », objecte Achille. Mais peut-être peux-tu t’en faire offrir une, lui suggère l’animatrice… Puis l’atelier totem enfonce le clou : « Le plastique pollue les sols, les rivières et les mers, mais aussi l’atmosphère », explique d’une voix douce l’enseignant sorti de sa retraite pour l’animer. Il prêche un convaincu en la personne de Valentin, qui veut « absolument entrer au conseil municipal des jeunes pour mettre des panneaux « interdit aux déchets« ». Tout le monde en convient : le mieux, c’est encore de ne pas en utiliser, de plastique. Il n’empêche, dûment compressées avec une joie sauvage, les bouteilles translucides sont bien utiles pour modeler le torse du totem sur un squelette de raquettes de badminton défraîchies… On lui passe un t-shirt, on le coiffe d’une toque d’équitation, et le tour est joué !
Esprit paralympique. Gaëlle Fontanieu, la maîtresse des CE2-CM1, anime l’atelier sur les valeurs de l’olympisme et du paralympisme à partir d’une vidéo de Marie-Amélie Le Fur, huit fois médaillée aux Jeux paralympiques en sprint et à la longueur. Sur sa page Wikipédia, on la voit en action, sa prothèse de jambe faisant gicler le sable du sautoir. Puis elle fait partager aux enfants les notions qui, pour elle, résument l’esprit paralympique : « l’égalité, l’inspiration, la détermination et le courage ». Le courage, cela résonne chez Joan, qui pense à ces moments où il a dû surmonter sa peur pour effectuer un saut périlleux en parkour et s’engager dans une descente un peu risquée en skate. « Le courage, c’est aussi terminer un exercice de grammaire même s’il est difficile », complète la jeune fille qui levait le bras depuis un moment. « Oui, ne pas abandonner, c’est l’idée », acquiesce la maîtresse. Persévérer, en sport comme en leçon de français… L’atelier sur la langue des signes propose un regard complémentaire sur le handicap. « Nous l’avions déjà programmé pour la Journée de la Laïcité, cela intéresse toujours les enfants » explique le délégué départemental, Aurélien Clouet. Et c’est le remplaçant de madame Chusseau, absente de dernière minute pour cause de contamination, qui anime l’atelier, au débotté mais avec beaucoup d’à-propos.
Le sens du protocole. Encore le Covid, toujours le Covid… Pour faire avec, l’Usep d’Eure-et-Loir a simplifié le protocole sanitaire. Les enfants ne se mêlent pas, puisque chaque groupe qui tourne sur les ateliers réunit la moitié d’une classe. Ils portent également le masque en permanence, même pour les activités sportives. En plein air et par temps froid, la contrainte est moindre. Dans le feu de l’action, ils l’oublient complètement ce morceau de tissu qui ne réussit pas à masquer leur sourire. C’est aussi ça, la magie de la Semaine olympique et paralympique.
De la maternelle au CM2. Pour les classes de maternelle, le programme est similaire, juste un peu adapté au jeune âge. Au biathlon, des balles remplacent les flèches, et en hockey pas de match mais un atelier de conduite du palet, façon slalom. L’atelier sur les valeurs olympiques, un peu trop conceptuel, cède la place à un atelier lecture sur le développement durable à partir de l’histoire de Chafi, un fils d’éboueur qui interroge son père sur son métier. Il y a aussi un temps spécifique pour préparer la flash mob.
Flash mob. Ah, la flash mob ! C’est un must depuis la Journée de la laïcité 2020. À la demande générale, Aurélie, animatrice départementale, en invente une nouvelle à chaque grand évènement. Les enfants adorent. Tous réunis face à elle, les voilà qui s’assoient, se lèvent, dribblent en musique comme s’ils avaient un ballon sous la main, avant de décocher une flèche virtuelle. Et comme déjà sonne la cloche de 11h30, la remise de diplôme est vite expédiée. Le mot de la fin, lui, tient en une phrase : « Tous à Pékin le 4 février ! » D’ici là, les enfants auront prolongé les activités du jour en classe avec leurs enseignantes, et les animateurs Usep vu du pays : une école de Chartres dès l’après-midi, la Cité éducative de Dreux le lendemain, puis le petit village de Béville-le-Comte, etc. Mais, s’agissant de la santé et du plaisir des enfants des écoles, plus la route est longue et mieux c’est.
L’Eure-et-Loir met les bouchées doubles
L’Usep d’Eure-et-Loir a une conception extensive de la Semaine olympique et paralympique. Celle-ci y a en effet débuté le jeudi 20 janvier pour s’achever le 4 février, date de l’ouverture des Jeux olympiques de Pékin et du début des vacances d’hiver pour les écoliers du département. « Nous sommes victimes de notre succès, il y avait tellement de demande que nous ne pouvions faire autrement ! En tout, nous aurons organisé 20 demi-journées pour des effectifs de 3 à 4 classes, à quoi il faut ajouter les 1 300 enfants inscrits dans les écoles qui déclinent aussi l’évènement en s’appuyant sur les dossiers que nous leur avons fournis », argumente Emmanuel Barré, président départemental et tout nouveau conseiller pédagogique de circonscription en EPS. Grâce au coup de pouce du Conseil départemental, qui subventionne chaque licence à hauteur de 3,50 €, son coût n’est plus que de 2 €. Après avoir plongé de 6 500 à 4 800 licenciés enfants l’an passé en raison de la pandémie, l’Usep en réunit aujourd’hui plus de 11 000 et approchera probablement les 12 000 en fin d’année.