Il est essentiel que l’enfant en surpoids puisse développer son capital santé en prenant du plaisir à sentir son corps en mouvement, en tenant sa place au sein d’un collectif et en identifiant ses progrès. Les conseils de la fiche repères Faire pratiquer l’enfant en surpoids aideront les éducateurs Usep à mettre en place les conditions de son épanouissement et de son bien-être physique et mental.
L’estime de soi et le renforcement du lien social figurent, avec l’impact direct sur la santé, parmi les bienfaits de la pratique physique. Or l’enfant en surpoids est parfois tenté de se mettre en retrait ou de se soustraire à l’activité physique…
C’est en effet parfois le cas, d’où l’importance du renforcement des compétences psychosociales : l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en a identifié 10, associées par couples, comme « avoir conscience de soi et de l’empathie pour les autres » ou « savoir gérer son stress et ses émotions ». Ces compétences figurent dans le parcours éducatif de santé de l’Éducation nationale et, dès 2005, l’Usep s’est appuyée sur elles pour construire les outils de L’Attitude santé et permettre à chaque enfant de relier ainsi le « vouloir agir », le « savoir agir » et le « pouvoir agir ».
Peut-on adapter une rencontre sportive scolaire aux enfants obèses ou en surpoids lorsqu’il faut gérer dans le même temps un grand nombre d’enfants ?
À l’Usep, nous considérons l’enfant en surpoids comme un enfant à besoins particuliers et nous nous adaptons à lui. En plus de la fiche-navette qui permet à l’enseignant d’échanger avec l’organisateur de la rencontre, nous avons développé plus récemment des outils complémentaires afin d’envisager des adaptations à partir de 6 variables didactiques : le temps, l’espace, la relation aux autres, le matériel, la règle du jeu et la mise en jeu du corps.
Il est suggéré de proposer des activités d’intensité modérée, comme de la marche active plutôt que de la course. Faut-il pour autant écarter la notion de dépassement de soi ?
Non, bien au contraire ! Mais pour l’enfant en surpoids, le dépassement de soi doit être pensé plus encore en termes de progression, et veiller à ce qu’il ne se décourage pas. D’où l’intérêt d’utiliser la réglette des émotions pour s’assurer que le plaisir est présent dans l’apprentissage. Pour cela, l’enfant doit pouvoir aussi mesurer ses progrès et l’effort consenti. Sur un cross en ligne, l’enfant en surpoids arrivera sans doute parmi les derniers, mais sur les parcours en boucle de la rencontre Anim’Cross, il n’y a plus ni premier ni dernier : c’est la performance de chacun qui, en apportant au pot commun un bouchon à chaque tour effectué, contribue au résultat collectif.
Le défi collectif est-il alors la solution pour impliquer pleinement les enfants en surpoids, sans risque qu’ils soient stigmatisés ou aient le sentiment de pénaliser leur équipe ?
Le défi collectif est une réponse, comme l’est aussi le défi coopétitif, qui fonctionne sur le double principe du « coup de pouce » facilitant pour certains et du « coup d’éclat » qui rend l’exercice plus difficile pour d’autres, ce qui permet de conserver l’enjeu.
Autre suggestion : fractionner les activités pour favoriser les temps de récupération, et centrer l’enfant sur des sensations qui facilitent son action, en particulier la respiration…
Un enfant en surpoids est très fatigable et un temps de récupération lui est nécessaire entre deux efforts. Mais cela ne signifie pas se laisser choir sur une chaise ! Cette récupération peut être active et aider l’enfant à mieux connaître le fonctionnement de son corps en se recentrant sur sa respiration ou ses ressentis. Il s’engagera ensuite d’autant plus facilement dans un nouvel effort.
Il est proposé de proposer des activités dites « en décharge », où le corps pèse moins : natation, jeux au sol, vélo… Faut-il alors prévoir des programmes à la carte en EPS ou lors d’une rencontre Usep ?
À la carte non, car une activité à part serait stigmatisante. La programmation d’EPS peut prendre en compte cet ou ces enfants, pour une pratique bénéfique à l’ensemble du groupe.
La fiche insiste également sur la « sécurité affective » : de quoi s’agit-il ?
On pense toujours à la préservation de l’intégrité physique de l’enfant à travers l’attention portée notamment au cadre d’évolution et au matériel, mais plus rarement à la sécurité affective. Or dans sa définition de la santé l’OMS parle d’« état complet de bien-être, physique, mental et social ». La sécurité affective est ce qui permet d’« oser ». Elle passe par les encouragements des adultes et des pairs et un climat bienveillant où l’on autorise des adaptations spécifiques, dans et autour de la pratique. À la piscine, sans avoir aucune appréhension de l’eau, un enfant en surpoids peut être mal à l’aise avec le regard des autres : on l’autorisera alors à se couvrir de sa serviette de bain jusqu’au bord du bassin. De même, pour les activités d’expression où l’on demande parfois aux enfants de s’habiller tous de la même façon, on pourra privilégier le tee-shirt long plutôt que legging et le débardeur.
Comment aborder les questions de sédentarité et de nutrition dans un débat associatif sans que les enfants en surpoids se sentent stigmatisés ?
En passant d’abord par la pratique sportive et le compteur d’activité physique, qui sont des points d’appui très concrets. Plus généralement, la sécurité affective doit toujours être prise en compte pour lancer un temps de débat dans un esprit positif et bienveillant. Rappelons à ce sujet qu’un enfant peut observer une heure d’activité physique quotidienne, ne pas être concerné par le surpoids, et être considéré dans le même temps comme sédentaire si, parallèlement, il passe plusieurs heures sans bouger derrière une console de jeux.
Enfin, comment associer la famille pour favoriser l’activités physique en prolongement de l’EPS et de l’Usep ?
En organisant par exemple des rencontres « famille », comme le font de plus en plus de comités Usep. C’est notamment le cas dans les Bouches-du-Rhône et en Eure-et-Loir dans le cadre des Cités éducatives, où les apprentissages du Savoir Rouler à Vélo en temps scolaire s’accompagnent de propositions de randonnées en famille le week-end. C’est une façon de promouvoir les mobilités actives et de lutter contre la sédentarité, au-delà des murs de l’école.