Après une saison perturbée par la pandémie, comment concilier le retour des associations avec un protocole sanitaire qui limite encore le brassage des classes ? Le comité Usep Rhône-Métropole de Lyon s’efforce de multiplier les rencontres de proximité en rendant les secteurs plus autonomes dans leur organisation, explique le délégué départemental, Ervin Tursic.

Ervin Tursic, pourquoi le comité Rhône-Métropole de Lyon connaît-il un tel regain d’activité cette année ?

C’est le résultat du maintien de nos rencontres l’an passé en présentiel, en les adaptant, ce qui nous a permis de conserver nos associations les plus fidèles. Ensuite, 3 des 8 secteurs en sommeil l’an passé sont de retour tandis que, dans les territoires restés actifs, le bouche à oreille a fonctionné à plein : les rencontres Usep ayant souvent été les seules sorties scolaires de l’année, beaucoup d’enseignants ont regretté de n’avoir pas affilié leur classe. Je crois aussi que les enseignants veulent prendre une revanche sur le Covid et partager des choses avec d’autres collègues1. Après une chute de 33 000 à 16 450 adhérents l’an passé, soit une perte de 50 % nos effectifs, nous arrivons à environ 27 000 en cette rentrée. C’est très encourageant, dans un contexte qui demeure contraignant2 et nous conduit à privilégier pour l’instant un modèle de rencontre à la demi-journée, sans brassage, expérimenté l’an dernier autour de la découverte des sports innovants : poull ball, tchoukball, boccia, parachute… Ce modèle – 4 activités aux 4 coins d’un grand terrain, avec rotation toutes les 30 minutes et pique-nique, afin d’accueillir 4 classes par demi-journée, soit 8 en tout – a été reproduit plusieurs fois.

Des rencontres exigeant peu de préparation…

Les rencontres viennent traditionnellement conclure un cycle d’EPS, mais les enseignants avaient déjà du mal à conduire leur enseignement en classe… Nous avons envoyé des vidéos des activités pour illustrer les contenus afin qu’ils puissent a minima les présenter en amont aux enfants. S’ils avaient aussi le matériel pour les découvrir, tant mieux, sinon nous leur prêtions ensuite pour réinvestir les activités découvertes lors de la rencontre. Ce modèle, nouveau pour nous, a pallié l’impossibilité d’organiser nos grands rendez-vous de jeux d’opposition. Et cela restait de vraies rencontres sportives associatives, où les classes se présentaient et s’applaudissaient au début puis se saluaient à la fin lors de la remise des diplômes. Mais cela nous pose à présent des problèmes d’organisation…

Lesquels ?

Cela représente davantage de rencontres3, ou alors il faudrait dédoubler le nombre de classes sur chacune d’elles ! La solution est de rendre les secteurs plus autonomes, notamment là où les directeurs d’école et les enseignants ont le plus d’expérience. Ce qui mobilisait l’an passé 3 personnes de l’équipe départementale peut alors être organisé avec le seul renfort d’un adjoint ou d’un volontaire en service civique, qui apporte du matériel. C’est une question de confiance en soi, laquelle vient tout naturellement quand on a déjà vécu ces rencontres. Car les enseignants ont compris que, même sans brassage, se retrouver à plusieurs classes en dehors de l’école reste une vraie plus-value.

Votre calendrier se limite-t-il désormais aux rencontres de sports innovants ?

Non ! Nous proposons toujours des rencontres qui viennent ponctuer un cycle d’EPS. Nous sommes toutefois plus indulgents sur la préparation, et nous les adaptons si besoin. L’an passé, notre rencontre danse prévue en mars dans une salle de spectacle a ainsi été repoussée en juin sur une scène montée pour l’occasion dans un théâtre de verdure. Et nous avons substitué à notre rencontre badminton, impossible à organiser en salle, une rencontre speedminton, qui est aussi un jeu de raquette permettant de travailler la même compétence. Cela a plu et le speedminton est de nouveau au programme cette année, à côté du vélo et de la randonnée pédestre, activités de plein air facile à pratiquer sans brassage.

Bien sûr, ce n’est pas l’idéal, et nous sommes d’accord avec les collègues qui affirment que l’Usep c’est avant tout le brassage des enfants et la mixité sociale. Mais, dans le contexte actuel, soit on reste dans son école, soit on continue d’aller vers les autres en essayant de conserver l’esprit de la rencontre sportive associative. Par exemple en utilisant les outils numériques pour que les enfants échangent entre eux avant et après des rencontres où, pour l’instant encore, ils se croisent plus qu’ils ne se mêlent.

(1) Il y a même de nouvelles adhésions, comme à Lyon 2e, où l’Usep était absente depuis 10 ans.

(2) Le Rhône figure parmi les 61 départements où, à la date du 8 novembre, le masque était obligatoire en classe à l’école élémentaire.

(3) L’Usep 69 a organisé 1 090 rencontres en 2020-2021, soit une cinquantaine de plus que l’année précédente.

Hors temps scolaire. L’Usep intervient aussi hors temps scolaire sur les trois secteurs de Villeurbanne, Décines et Villefranche, sous forme d’écoles de sport du mercredi après-midi qui elles aussi ont continué d’accueillir les enfants l’an passé. « Avec notre nouvelle éducatrice sportive, nous sommes également entrés dans le dispositif des Vacances sportives de la Métropole de Lyon en intervenant lors des vacances de printemps puis sur tout juillet. Ce sera renouvelé cette année, en passant d’une à deux semaines en avril », explique Ervin Tursic.

Moyens humains et soutien du Dasen. L’Usep 69 s’appuie sur un délégué Usep à 100 %, sur deux employées qui se partagent l’administratif, l’animation sportive et le développement, et sur 4 enseignants mis à disposition sur un quart de temps ou un mi-temps. « Et sans le soutien sans faille du Dasen (directeur académique des services de l’Éducation nationale), qui a pesé de tout son poids pour que le préfet autorise nos rencontres sans brassage en extérieur, nous n’aurions pu être aussi actifs l’an passé ! »