Les JO revisités par l’inénarrable Chien Pourri, cela ressemble à une entreprise de déconstruction. Cette approche décalée n’en interroge pas moins l’esprit olympique à hauteur d’enfant. L’important est-il de participer ou de gagner ? Vaste débat, ici illustré de concepts au goût de calembours.
Et si l’on observait les Jeux olympiques du bout de la lorgnette ou, plus exactement, du fond de la poubelle ? C’est ce que font Chien Pourri et son compère Chaplapla, qui s’extirpent de leur refuge pour mettre sur pied une série d’épreuves bien dans leur style : piscine en petit bassin (caniveau), tennis de vieille table, tournoi de foot-baballes, lutte gréco-germaine, tour du pâté de maison… Tout cela pour permettre à un gamin victime d’un père tyrannique et jamais satisfait de sa progéniture d’exprimer tout son potentiel et, accessoirement, de retrouver sa maman, exilée à 42,195 km du foyer familial…
Une histoire à l’eau de rose ? En dépit du fragile happy end, ce n’est pas le genre de la maison. Il y aurait plutôt des relents de lutte des classes quand la compétition devient un match entre le quartier des huppés et le quartier tout pourri.
Qu’en reste-il, une fois la flamme éteinte ? La drôlerie de cet enchaînement de disciplines innovantes et la conscience des dommages que peut provoquer un parent abusif qui « traîne » ses enfants plus qu’il ne les « entraîne ». Quand le petit Jojo confie qu’il « sent la pression lui couper les jambes et lui ôter toute envie de faire du sport », le message est limpide. Les enfants sauront aussi le décrypter lorsque Chaplapla acquiesce benoîtement aux pires réparties du père sur un ton qui ressemble fort à du second degré.
Entre les deux devises prêtées à Pierre de Coubertin, « Plus vite, plus haut, plus fort » et « L’important c’est de participer », il y a toujours eu matière à débat. C’est celui-ci qu’éclairent Chien Pourri et Chaplapla, entre gouaille et fausse naïveté. Ph.B.