On mettait tous les enfants en ligne dans le gymnase et c’était parti : pas chassés, 1-2-3 on shoote à droite, puis à gauche, on saute sur un quart de tour, puis on recommence… C’était les flash mob de l’époque, pour lesquelles parents accompagnateurs et enseignants se joignaient aux enfants. C’était super sympa.
J’en viens à présent à l’anecdote qui donne tout son sens à ces souvenirs. Je faisais mes courses au Super U de Saint-Étienne-de-Montluc, lieu peu prédestiné pour évoquer l’Usep. J’étais au rayon fruits et légumes quand j’ai remarqué un collégien qui se déplaçait bizarrement. C’est alors que j’ai prêté attention à la musique qui passait en fond sonore : un madison, sur lequel ce collégien bougeait en mesure et, presque sans y penser, lançait le pied d’un côté, puis de l’autre. Son visage me disait vaguement quelque chose, mais on croise tant d’enfants sur les rencontres, et il n’était pas de mon école.
Je lui souris, on échange un regard complice et, ni une ni deux, je me joins à lui. C’est alors qu’une mère d’élève qui accompagnait nos rencontres lâche son caddie et entre à son tour dans la danse. Nous étions là tous les trois, réunis dans une complicité qui se passait de mots, devant des gens qui se demandaient qui étaient ces trois cinglés qui dansaient dans les rayons du supermarché. « Ah oui, ça c’est l’Usep ! » : mais eux ne pouvaient pas savoir. Et quand la chanson s’est terminée, nous nous sommes retrouvés, hilares, devant des regards interloqués.
– Toi, c’était en quelle année ?
– Et vous, vous accompagniez quelle classe ? Vous faites toujours l’Usep ?
– C’était sympa, hein, la danse avec tout le monde à la fin ?
Puis nous nous sommes séparés, j’ai choisi mes fruits et légumes et pris le chemin des caisses. J’attendais mon tour quand j’ai aperçu un parent d’élève qui me faisait signe, deux caisses plus loin. Mince, me voilà démasquée.
– Vous faites danse ou rugby au mois de juin ?
Le rugby au supermarché, il faut voir ce que ça peut donner. »