Il était une fois une petite fille qui rêvait de jouer au rugby comme ses frères, mais continuait la danse pour ne pas désespérer sa maman. Mon cœur emmêlé, de Nathalie Somers, aborde avec finesse les stéréotypes de genre et la question du poids exercé par les parents dans le choix d’un sport. Un roman plein de verve, à lire dès 9 ans.
« Maman aurait une attaque si je lui annonçais que je veux faire du rugby ! C’est ça, d’avoir trois frères et d’être la seule fille. Maman n’a que moi pour partager son amour de la danse. » Voilà pourquoi, bonne fille, Angèle se résout chaque mercredi à enfiler un justaucorps, et non pas un maillot aux couleurs des vert et blanc du Rugby club Neyrollais, comme ses frères. Déjà qu’elle a arrêté la danse classique pour le modern jazz… Mais, après diverses péripéties – profitant de leur ressemblance, elle se substitue à son frère jumeau –, Angèle finira par avouer sa passion à des parents d’abord incrédules, puis compréhensifs.
L’intérêt de ce roman pour préados tient notamment à l’éclairage apporté sur la psychologie d’une fillette écartelée entre ses aspirations et sa fidélité féminine envers sa mère. L’autrice, professeure des écoles à mi-temps, restitue également de façon très juste la complicité d’Angèle avec son jumeau et son amie Julia, ou ses rapports avec un père qui ne la voie pas. Très intelligemment, le thème de la pression familiale sur le choix d’un sport est également illustré par la vocation contrariée du frère aîné pour le football, « ce sport de chochottes ». Recommandé.
Mon cœur emmêlé, Nathalie Somers, Didier Jeunesse, coll. Mon marque-page, 160 pages, 12 €.