La Journée nationale du sport scolaire réunit le même jour deux millions d’écoliers, de collégiens et de lycéens sur les stades, souvent à travers des rencontres communes à l’Usep et à l’UNSS. Cette dixième édition a également été précédée par un rapport de la Cour des comptes qui présente « l’école et le sport » comme « une ambition à concrétiser », et recommande notamment un rapprochement entre les deux fédérations du sport scolaire. Décryptage avec la présidente de l’Usep.
Véronique Moreira, à l’occasion de la Journée nationale du sport scolaire, l’Usep réaffirme dans un communiqué les principes qui la guident. Sont-ils aujourd’hui remis en question ?
La Cour des comptes a rendu public le 12 septembre un rapport qui souligne que l’école et le monde sportif sont deux mondes parallèles qui peinent à se rejoindre. C’est à l’aune de ce constat que nous avons voulu réaffirmer le positionnement de l’Usep et son rôle d’interface entre l’école, l’EPS et le sport fédéral. Pour le dire clairement : le sport tel qu’il est proposé par les fédérations sportives doit être adapté au public scolaire et aux enjeux de l’EPS, et l’Usep possède ce savoir-faire.
Ce n’est pas la vision de la Cour des comptes ?
Il y a une divergence sur ce que l’on entend par « sport à l’école ». La vision défendue par la Cour des comptes est celle d’une pratique sous-tendue par la recherche de la performance, proche en cela du sport fédéral, alors que l’éducation physique et sportive, telle qu’elle est présentée dans les programmes, vise à développer chez l’enfant des compétences lui permettant d’être bien dans son corps et de développer son capital-santé.
La Cour des compte recommande aussi « un rapprochement » entre l’Usep et l’UNSS, « sans exclure à terme leur unification »…
Cette recommandation traduit l’approche avant tout financière de la Cour des comptes, qui veut s’assurer que les moyens de l’État sont utilisés de manière efficace. Son raisonnement est le suivant : il faut renforcer l’EPS et le sport scolaire dans le premier degré ; constatant l’importance des moyens accordé au second degré, il faut mutualiser cette enveloppe, en unifiant les deux. Mais cette logique se heurte à des réalités de terrain: la différence de culture et de statut entre les professeurs d’EPS et les professeurs des écoles. La Cour oublie également que l’Usep est une association autonome, constituée au sein de la Ligue de l’enseignement, et reposant sur l’engagement bénévole de ses militants. L’unification avec l’UNSS signifierait qu’elle deviendrait un organe déconcentré de l’État. Dans sa réponse figurant en annexe du rapport, Jean-Michel Blanquer explique que cela n’est « pas envisageable ». Le ministre de l’Éducation nationale repousse également l’idée que les enseignants d’EPS puissent intervenir dans les écoles.
Que retenez-vous de ce rapport ?
Nous en partageons les constats : le parcours sportif de l’enfant est trop fragmenté et la marge de progression de la pratique sportive à l’école est grande ! À cet égard, nous entendons le reproche fait à l’Usep du trop faible pourcentage d’élèves du premier degré concernés par le sport scolaire : 12,5 %, quand l’UNSS est à 24 %. Mais pour que l’Usep puisse être présente dans toutes les écoles, il faut lui en donner les moyens. En Dordogne par exemple, le Directeur académique des services de l’Éducation nationale (Dasen) a accordé, l’an passé, une décharge hebdomadaire d’une journée à 4 enseignants remplissant la fonction de délégué Usep de secteur : les effectifs ont cru de 2 700 à 3 500 licenciés, et le nombre de rencontres a doublé ! Au-delà, il faut aussi des professeurs des écoles formés en EPS, afin qu’ils soient en mesure de la déployer dans les horaires officiels, et de l’articuler ensuite avec le sport scolaire et le sport fédéral. Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 nous fixent une échéance, et c’est en jouant collectif que nous relèverons ce défi du développement de la pratique sportive à l’école.