Près de 1250 associations ont répondu au questionnaire adressé début 2018 par l’Observatoire des pratiques de l’Usep. Éléments d’analyse.
Michel Lacroix, quels grands enseignements tirez-vous de l’enquête menée en début d’année ?
La variété de nos 8712 associations – mais c’est une confirmation – et l’écart qui peut exister entre les orientations nationales et la réalité du terrain.
Parmi les associations, la différence est particulièrement nette entre celles qui sont uniquement engagées en temps scolaire et celles qui proposent une pratique extra-scolaire, même ponctuelle : leur vie associative est plus riche, elles se rapprochent davantage de nos souhaits.
Le manque de lien avec les collectivités et les clubs locaux est également patent : lorsqu’elles ont connaissance d’un projet éducatif de territoire (PEdT), seulement 9% des associations y sont présentes. Et seulement 11% investissent le temps périscolaire. Comment s’étonner ensuite que l’Usep reste assimilée à l’école et ne soit pas considérée comme une association sportive à part entière, susceptible d’aller solliciter une subvention municipale ?
L’enquête souligne aussi la faible utilisation de nos outils pédagogiques et pratiques. Les réglettes de l’Attitude Santé, un outil dont l’usage nous semblait « universel » à l’Usep, ne sont par exemple connues que de 40% des répondants.
Enfin, la rencontre sportive-associative est progressivement mise en place : participation des enfants à l’organisation, continuum avant-pendant-après, dimension inclusive… Mais 46% des personnes ayant répondu conçoivent d’abord l’Usep comme « une pratique sportive complémentaire de l’éducation physique et sportive » : une définition datée, qui oublie notre dimension associative.
L’enquête est-elle représentative ?
Le ratio de 14,3% de réponses est très satisfaisant et tous les départements sont représentés dans l’échantillon. Ensuite, est-ce les associations les plus investies qui ont répondu à ce questionnaire adressé par e-mail ? Je ne sais.
Qu’apprend-on de la vie quotidienne des associations ?
Elles sont désormais 23% à regrouper plusieurs écoles, tandis que 75% des secteurs Usep tiennent une assemblée générale. Surprise : 15% des rencontres ne sont ni départementales ni de secteur. Sont-elles purement locales, ou réunissent-elles des classes d’une même école ? Elles n’apparaissent dans aucune statistique nationale.
Le problème du coût des transports est souligné par 32% des associations, ce qui peut expliquer qu’elles privilégient les rencontres de proximité. Autres chiffres : l’Usep est mentionnée dans 69% des projets d’école, mais seulement 31% des associations ont un projet spécifique.
Enfin, les parents ne sont significativement présents qu’au sein de 12% des associations. Mais une sur quatre organise des rencontres communes avec les collèges : au regard de la mise en place très récente du cycle 3 cours moyen-6ème, c’est un chiffre très encourageant.
Les associations sont-elles à l’unisson des valeurs prônées par l’Usep ?
Oui, dans la mesure où elles mettent en avant le rôle de l’enfant, ce qui nous différencie de la pratique en club. La santé et l’éducation au développement durable sont souvent abordées sur les rencontres, même si cela va rarement au-delà d’un travail sur l’alimentation et du tri des déchets. Cela dit, c’est bien l’activité sportive qui reste le cœur de notre action, et il n’est pas toujours possible de tout conjuguer.
En quoi cette enquête peut-elle éclairer l’action des élus nationaux ?
Elle pointe ce qu’il faut améliorer : lien avec les collectivités territoriales, diffusion de nos outils, renforcement du rôle de l’enfant sur les rencontres… Il faut aussi favoriser la participation à nos formations, qui concerne un tiers des associations. Cette enquête nous invite à aller plus loin, tout en nous ramenant aux réalités concrètes de la mise en action. C’est pourquoi elle sera renouvelée à l’identique en décembre 2019, afin d’observer l’évolution de nos associations et d’évaluer l’impact de nos actions.
Michel Lacroix est secrétaire national de l’Usep, en charge avec Dominique Lebelle de l’Observatoire des pratiques, de l’Évaluation et de la Prospective.