Des dizaines d’équipages Usep sont engagés dans la course virtuelle de la Route du Rhum. Une aventure vivifiante pour les élèves, et une approche concrète de la géographie ou des sciences, expliquent les enseignantes de l’école de Gorre (Haute-Vienne).
Nadège Criton et Sophie Michel, qu’est-ce qui vous a motivées pour faire embarquer vos classes de CE2-CM1 et CM1-CM2 sur un bateau virtuel ?
Dans notre petite école en RPI (regroupement pédagogique intercommunal), nous fonctionnons en binôme, et nous avions déjà participé en 2016 avec l’Usep à la course virtuelle du Vendée Globe. Ç’avait été une réussite et nous voulions renouveler l’expérience avec un autre groupe d’élèves.
Qu’est-ce qui vous avait tant plu dans cette première expérience ?
La course virtuelle permet de raccrocher plusieurs domaines d’enseignement à un événement sportif qui fait l’actualité. Cette course dont les enfants entendent parler dans les médias devient alors un support du travail en géographie, en sciences ou en histoire.
En géographie par exemple, avant d’aller sur Virtual Regatta, nous apprenons aux enfants à se repérer sur le globe. Latitude, longitude… L’utilisation de Virtual Regatta est la retranscription concrète des coordonnées GPS.
En sciences, on s’intéresse à la désalinisation de l’eau de mer, au vent comme source d’énergie, à la faune marine ou aux courants océaniques, tel le Gulf Stream. Et, des sciences, on passe à l’enseignement moral et civique en abordant le développement durable à travers les marées noires ou la pollution plastique, avec ce monstrueux « 7e continent » apparu dans l’océan Pacifique.
Enfin, en histoire, on s’intéresse à l’évolution des instruments de navigation et aux grands navigateurs. Il y a deux ans, Magellan et Vasco de Gama étaient à l’honneur. Cette fois ce sera Christophe Colomb, découvreur de l’Amérique – plus exactement des Caraïbes – en 1492, il y a un peu plus de 600 ans…
Que pensent les parents de ce projet ?
Ils le vivent avec leurs enfants ! 10 à 15 % des familles engagent même leur propre bateau. Arriver à raccrocher la cellule familiale à un projet scolaire, lui donner un écho à la maison, c’est le rêve de tout enseignant !
Comment vivrez-vous la course avec la classe ?
Chaque matin, les enfants relèveront les coordonnées de notre « 87-CECM-Gorre ». Nous programmerons le cap pour la journée, et ferons de nouveau le point le soir. Les enfants repéreront aussi la position du bateau de Yoann Richomme, l’un des navigateurs engagés dans la course. Si les conditions de course le permettent, nous essaierons de faire des « live » avec lui. Sinon, nous nous enverrons des vidéos par e-mail.
Des « live » avec un concurrent ? Pour une école rurale, vous avez des relations !
Yoann Richomme habite en Bretagne, mais il a des cousins dans la région. Par leur intermédiaire, nous l’avons contacté, et il est venu dans l’école en juin 2017. La course au large, racontée par un navigateur en chair et en os, vainqueur de la Solitaire du Figaro, c’est quelque chose ! Lui-même a trouvé formidable qu’une école du Limousin se passionne pour la course au large, et nous a proposé de le suivre sur la transat Jacques-Vabre l’automne dernier. C’est ainsi que nous avons dialogué avec lui quand il était encalminé dans le pot-au-noir. Nous avons voulu prolonger l’aventure, avec des élèves qui le connaissent déjà et d’autres pas. Nous espérons poursuivre ce projet voile jusqu’en 2020, puisque Yoann Richomme souhaite participer au prochain Vendée Globe.
Et ça ne donne pas envie de naviguer avec sa classe pour de vrai ?
Si. En 2016-2017, nous avions prolongé le Vendée Globe par trois jours de découverte de la voile au lac de Saint-Pardoux, au nord de la Haute-Vienne, puis une semaine sur l’île de Noirmoutier. Cette année, un autre projet nous occupe. Mais si l’occasion se présente, nous ne la laisserons pas passer !
L’école Usep de Gorre est labellisée Génération 2024 par le ministère de l’Éducation nationale.