Beaucoup d’enseignants ont participé en 2020 à leur toute première e-rencontre Usep. Qu’ont-ils retenu de cette expérience ? Les réponses de trois professeures des écoles ayant participé, en juin en Bretagne, à une e-rencontre régionale prolongée par une visio-conférence qui a réuni 8 classes, dont les leurs.
Pourquoi avez-vous participé avec votre classe à la e-rencontre de l’Usep Bretagne ?
« Pour recréer du lien entre les élèves revenus à l’école et ceux restés à la maison. Le volet éco-citoyenneté a aussi permis de reprendre le fil de nos projets de l’année en EMC (enseignement moral et civique). Et puis, je trouvais important de renouer avec l’EPS. Or les activités proposées par l’Usep permettaient de le faire en respectant la distanciation physique et avec peu de matériel, un critère indispensable pour les enfants restés chez eux. » (Nadine Hénaff-Guillemot, enseignante en CM1-CM2 à Plélo, Côtes-d’Armor)
« Le lien entre élèves était symbolisé par l’objectif commun de faire progresser la flamme olympique, et par la dimension de débat. La lecture du livre blanc du Manifeste des enfants, proposé en appui de la e-rencontre, a également permis de réactiver les valeurs abordées au premier semestre : respect et fair-play, « vivre » le handicap, faire ensemble, faire pour les autres, les gestes écocitoyens… La e-rencontre a aussi réactivé les souvenirs communs des sorties du début d’année. » (Nathalie Herviou-Follet, CM1-CM2, Plélo, Côtes-d’Armor)
« La e-rencontre a donné l’occasion de refaire du sport dans un esprit collectif et solidaire. Et cela a fait plaisir aux élèves, très déçus de n’avoir pu participer aux rencontres qu’ils avaient eux-mêmes choisi en début de rentrée, notamment Tennis à l’école et le P’tit Tour à vélo. » (Laurence Madec, CM1, Pluneret, Morbihan)
Comment les enfants se sont-ils adaptés à la e-rencontre ? Qu’en ont-ils dit ?
« Ils ont beaucoup apprécié de refaire des activités physiques ensemble, et aussi le défi Récup’art. Discuter à distance avec d’autres enfants lors de la journée du 23 juin avait aussi quelque chose de magique. » (NHG, Plélo)
« Les enfants ont très vite accroché à tous ces petits jeux qu’ils pouvaient réinvestir en récréation. Et ils ont été contents de participer à la visioconférence, même si certains ont trouvé cela « étrange » ». (NHF, Plélo)
« Ils ont bien compris chaque défi grâce aux fiches détaillées, et aussi l’enjeu de faire avancer la flamme olympique. Et tous ont adhéré à l’idée de relever ces défis de façon collective. Nathan, lui, a particulièrement aimé le défi de breakdance lancé en vidéo par Martin Lejeune. Zoé, elle, a trouvé « courageux » ceux qui se sont exprimés devant les autres pendant la visioconférence, et jugé que « les idées des autres élèves étaient bonnes ». » (LM, Pluneret)
Quel intérêt voyez-vous à ce type d’initiative ? Cela fait-il lien avec d’autres apprentissages ?
« Cela nous a permis de reprendre contact avec tous nos élèves à un moment compliqué, et de se raccrocher à nos projets de classe sur l’écocitoyenneté : la veille de la fermeture de l’école, nous visitions le centre de tri de déchets recyclables ! Nous avons aussi repris notre travail quotidien sur le « vivre ensemble » en lui donnant du sens à travers les défis proposés. » (NHG, Plélo)
« Cette initiative était la bienvenue à ce moment charnière où nous, les enseignants, étions partagés entre les élèves présents à l’école et ceux qui continuaient à travailler à la maison. L’activité physique était idéale pour reformer le groupe et re-goûter au « vivre ensemble » le jour même du retour de tous à l’école ». (NHF, Plélo)
« Comme l’a très bien dit Zoé, « C’est beaucoup mieux que rien ». La e-rencontre a motivé les élèves, leur a donné envie de se documenter sur les Jeux olympiques et stimulé les apprentissages, en EPS comme en lecture. Les élèves ont aussi appris à débattre selon la méthode « boule de neige » et à parler devant d’autres élèves en visioconférence, à écouter et à formuler des questions sur le vif. » (LM, Pluneret)
Justement, que retenez-vous de cette expérience de la visioconférence ?
« Comme c’était une première, il y avait un peu de stress. Je nourrissais aussi quelques craintes quant au format des échanges et à la connexion à l’application Zoom : serait-elle compatible avec le réseau sécurisé de l’école ? Je m’interrogeais également sur la capacité des deux élèves élus à parler devant un public « dématérialisé », même si la veille nous avons travaillé le défi citoyen afin qu’ils soient prêts pour cette prise de parole. Et cela s’est révélé payant : tous se sont investis durant la visioconférence et ont posé des questions aux autres classes. Les enfants disent avoir « adoré » leur journée, même si « 2h30 sans récré, c’est long quand même, maîtresse ! ». Mais les défis sportifs de l’après-midi leur ont ensuite permis de se dépenser ! » (NHG, Plélo)
« Yanis a bien résumé les choses en expliquant que c’était « ennuyant et intéressant en même temps ». Car comme l’a observé Nathan, c’était une matinée très « asseyante », chacun sur sa chaise. La prochaine fois, il faudra prévoir une pause, et peut-être préparer en classe des vidéos à diffuser. Mais chacun a pu observer les progrès dans les interventions des élèves tout au long de l’assemblée. Peu bavards au début, tous voulaient intervenir à la fin ! Les élèves délégués qui ont fait leur proposition et ceux qui ont posé des questions ont été très contents. C’est pourquoi la visioconférence est une idée à retenir pour renforcer les échanges entre les écoles d’un même secteur. Les délégués de chaque classe pourraient discuter de l’organisation d’une future rencontre, tout en permettant aux autres élèves d’intervenir eux aussi. Et, côté apprentissages, cela répond tout à fait à l’axe « Donner son avis et faire des choix », et surtout « Partager et transmettre aux autres ». Cela pourrait donc devenir à l’avenir une forme de correspondance très intéressante, avant et après une rencontre commune, entre les enfants de différentes associations. » (LM, Pluneret)