L’Usep Loiret va renouveler en assemblée générale la triplette présidente-secrétaire-trésorier de son comité directeur. « Nous avons souhaité passer le témoin dans les meilleures conditions », explique Véronique Bury, ex-élue nationale, qui après vingt ans de présidence quitte sa casquette de capitaine. Sans abandonner le navire.

Véronique Bury, ce mardi 26 novembre, la présidente de l’Usep du Loiret que vous êtes, ainsi que le secrétaire et le trésorier qui complètent le bureau de l’association, passent officiellement la main. Un vrai bouleversement…

Oui, dans la mesure où moi-même et notre trésorier Philippe Derrien assumons nos fonctions depuis 2003, après avoir été auparavant vice-présidente et vice-trésorier.  Notre secrétaire, André Chwalczynski, précédemment élu du Pas-de-Calais, a lui effectué deux mandats à son poste dans le Loiret.

 

Pourquoi cette décision ?

Parce que nous sommes tous retraités : moi depuis 2018, Philippe depuis 2020 et André depuis 2022. Nous nous sentons moins pertinents, moins en phase avec le quotidien des écoles et les problématiques que rencontrent les enseignants. Quand ils nous parlent des nouveaux programmes et des « constellations » – les nouvelles procédures d’évaluation – nous ne sommes plus dedans. Et puis, cinq mandats, ça suffit non1 ?

 

C’est un saut générationnel…

Forcément. Maîtresse-formatrice à l’IUFM (devenu Inspé), j’ai eu face à moi un certain nombre de membres de l’actuel et du futur du comité directeur ! Mais celles et ceux qui vont reprendre nos responsabilités ont déjà un ou deux mandats d’élu à leur actif. S’ils n’ont pas pris les rênes plus tôt, c’est parce que l’implication en temps et en énergie exigée par ces fonctions bénévoles les faisait reculer.

 

Est-ce aussi lié à l’évolution de l’environnement professionnel des enseignants ?

Certainement. Sur le terrain aussi, tout en étant convaincus de l’intérêt du sport scolaire Usep, les collègues comptent sur nous pour mettre en œuvre les actions. Trouver des militants prêts à s’engager devient plus difficile. Il n’est pas rare non plus que des enseignants nous glissent : pourquoi ne faites-vous pas de la prestation de service ? Plutôt que de se constituer en association, avec prise de licences, ils sont prêts payer pour des interventions dans les écoles.

 

Comment avez-vous préparé le passage de témoin ?

Nous avons annoncé en 2020 que ce serait notre dernier mandat, puis répété le message à chaque AG. Mais c’est lors de cette dernière année que nos collègues élus ont pris le problème à bras le corps. L’échéance approchant, ils se sont dit : « Il faut vraiment qu’on y aille ! » En parallèle, ils se sont mobilisés pour trouver de nouvelles recrues.

 

La direction départementale de l’Éducation nationale y est aussi allée de son coup de pouce…

Nos interlocuteurs de l’Éducation nationale sont conscients du poids de la charge. Aussi ont-ils acté en septembre dernier le principe d’une décharge d’un demi équivalent temps plein. Notre présidente (Isabelle Carcanague, enseignante à Saint-Jean-de-Braye, là où j’ai moi-même exercé) et notre trésorière bénéficieront ainsi d’un quart de décharge chacune, ce qui permet d’envisager la fonction avec un peu moins de stress.

 

Vos « remplaçants », et notamment la future présidente, étaient déjà membres du comité départemental…

Les candidats et candidates au bureau font partie de ces jeunes collègues que j’ai recruté dès l’IUFM. Et, parmi les autres nouveaux élus, beaucoup étaient jusqu’à présent des relais de secteur ou des enseignants actifs localement dans l’organisation des rencontres. Moi-même je reste élue départementale, pour « tuiler ». André, le secrétaire, donnera des coups de main sur certaines organisations et Philippe, le trésorier, demeure joignable jusqu’à notre AG financière d’avril. Les rats ne quittent pas le navire ! On veut que la maison perdure ! J’aiderai au début la future présidente à préparer les rendez-vous à l’inspection académique ou avec les collectivités locales, sans me substituer à elle. Je ne serai plus Madame Usep Loiret !

 

«S’adapter aux évolutions observées depuis vingt ans»

 

Ce renouvellement du comité directeur va de pair avec une restructuration de vos relais de terrain. Jusqu’à présent, une trentaine de « correspondants » de secteur étaient identifiés à un territoire correspondant à une circonscription de l’Education nationale…

Les correspondants de secteur ont été créés pour former un binôme avec les conseillers pédagogiques de circonscription en EPS. Or aujourd’hui, celle-ci n’est plus qu’une des missions parmi d’autres des conseillers pédagogiques. Cette structuration n’avait donc plus de sens, nos correspondants n’étant pas en mesure d’animer une circonscription à eux seuls. Désormais, les « relais Usep2 » sont polarisés sur un réseau d’écoles proches. Ce choix résulte aussi du coût exponentiel des transports. Nous privilégions à présent les rencontres d’ultra proximité entre écoles proches, avec moins de classes.

 

Parallèlement, en vingt ans l’équipe départementale s’est considérablement étoffée…

Il a fallu compenser le désengagement des CPC EPS en recrutant un premier puis un deuxième éducateur sportif, lesquels ont été d’abord alternants parmi nous. D’autres alternants renforcent l’équipe, qui compte aussi une attachée administrative puisque nous gérons nous-même depuis très longtemps licences et affiliations.

 

Comment a évolué le nombre de licenciés sur la période ?

Il a chuté de plus de 10 000 dans les années 2000 à environ 6 000 la saison passée. Cela s’explique en partie par le fait que les nouveaux enseignants ne connaissent pas l’Usep : on ne leur parle en plus dans les temps de formation et les CPC ne sont plus là pour le faire. L’inspection académique a également exigé que la licence ne soit plus obligatoire pour toute rencontre ou activité en temps scolaire, qui représente aujourd’hui 80 % de nos actions. Les écoles demeurent affiliées, mais beaucoup d’associations fonctionnent avec très peu de licenciés.

 

Dans ces conditions, comment préserver l’équilibre financier ?

Nous bénéficions d’une belle aide au fonctionnement du conseil départemental et nous répondons à un maximum d’appels d’offre : actions de sécurité routière, Savoir Rouler à Vélo… Nos éducateurs encadrent aussi des classes de découverte sportives sans hébergement. L’an dernier celles-ci étaient très orientées olympisme et paralympisme. Mais d’autres ont pour thème le climat scolaire, la coopération…

 

Depuis 2003, vous avez composé avec le délégué départemental Sylvain Barreau une solide doublette. Lui reste et incarnera la continuité. Mais il s’est fait l’écho d’une préoccupation : « Attention à ce que la dynamique ne repose pas exclusivement sur l’équipe professionnelle : son action doit être au service du projet politique conduit par les élus. » Comment faire en sorte que ce soit le cas ?

Nous avons travaillé avec Sylvain sur des fiches de poste pour définir le rôle et la place de chacun : président, secrétaire, trésorier, délégué… Nous avons éprouvé le besoin de formaliser ce qui, entre nous, était devenu naturel, tacite, y compris pour la prise de parole lors de réunions à l’inspection académique ou à d’autres partenaires institutionnels. Poser la façon dont nous fonctionnions, pour que demain nos successeurs soient à même de s’y retrouver.

 

(1) Parallèlement à son engagement à l’Usep Loiret, Véronique Bury est secrétaire générale du Comité régional olympique et sportif (Cros) et exerce depuis 2021 les fonctions d’adjointe à la vie associative, au sport, à la culture et à l’engagement républicain à la mairie de Saint-Jean-de-Braye, en périphérie d’Orléans.

(2) Ces relais ont été réunis mardi 22 octobre pour la journée de formation organisée avec le concours de l’inspection académique, qui avait mobilisé pour l’occasion vingt remplaçants !