Lauréates du prix Jean-Zay 2023 pour la façon dont elles ont fait résonner pratique sportive et citoyenneté lors de la Semaine olympique et paralympique, deux classes Usep ont été reçues le 3 octobre au Panthéon. Là où repose celui qui, ministre de l’Éducation nationale, créa l’Usep en 1939 avant d’être assassiné en 1944. Récit d’une journée mémorable par l’enseignant des CM1-CM2 de l’école Angèle-Vannier de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) et son homologue de la petite école d’Évrunes (Vendée).
Bruno Gosselin, comment avez-vous eu connaissance du concours Jean-Zay(1) et décidé d’y participer avec votre classe ?
Le délégué Usep d’Ille-et-Vilaine, Kévin Le Caroff, nous a donné l’information en précisant qu’il fallait répondre rapidement car le délai était court. Mais nous étions prêts. Notre école est labélisée Génération 2024 et, de la maternelle au CM2, toutes les classes participent à la Semaine olympique et paralympique. Des ateliers sportifs au concours d’affiches, chaque action réalisée durant celle-ci est prise en photo ou filmée. Les élèves ont ensuite sélectionné les meilleurs moments et nous avons réalisé une vidéo avec comme support musical la chanson de Joséphine Baker « J’ai deux amours » (mon pays et Paris), qui est aussi celui de la présentation des Jeux sur France Télévision, dont nous nous sommes inspirés.
Comment avez-vous fait découvrir aux enfants qui était Jean Zay ?
Nous avons étudié sa vie en classe. Les élèves savent maintenant qu’il fut ministre de l’Éducation nationale et des beaux-arts, créa les bibliobus pour renforcer la lecture, inaugura le musée de l’Homme, imagina le festival de Cannes, et signa le 1er février 1939 la circulaire qui donna naissance à l’Usep…
Et comment ont-ils vécu la remise du prix dans un lieu si solennel ?
Ils ont été impressionnés par la grandeur et la splendeur du lieu. Dans la crypte, ils ont vu les tombeaux des personnes illustres présentées auparavant en classe : Victor Hugo, Rousseau, Voltaire, Pierre et Marie Curie, Jean Moulin… Nous nous sommes évidemment aussi rendus devant ceux de Jean Zay et de Joséphine Baker, qui est la dernière personne à être entrée au Panthéon. Il y avait parmi les élèves le souhait de se montrer à la hauteur de cette cérémonie et des personnes présentes : les représentants des Amis de Jean Zay, Hélène Mouchard-Zay, sa propre fille, et la présidente de l’Usep(2). Dans ce lieu emblématique, nous avons interprété « J’ai deux amours » et effectué notre chorégraphie. Ceux qui devaient parler étaient néanmoins un peu intimidés, surtout après les discours des adultes. Mais nous avions tout répété avant et après le pique-nique au jardin du Luxembourg.
Avez-vous aussi profité de ce voyage pour découvrir Paris ?
Bien sûr ! Nous avons pris le premier train en partance de Saint-Malo et sommes revenus avec le dernier. Après avoir pris le métro jusqu’au Trocadéro, nous sommes passés devant le musée de l’Homme, créé par Jean Zay. Nous avons ensuite pris la direction de la tour Eiffel, en montant au deuxième étage par les escaliers, ce qui est en soi une belle épreuve sportive. Nous avons pris des photos devant les deux comptes à rebours olympique et paralympique situés à proximité, avant de rejoindre le jardin du Luxembourg, où nous avons rencontré l’autre classe Usep primée. Après la cérémonie, nous avons enfin vu Notre-Dame et la pyramide du Louvre, avant d’aller reprendre le train gare Montparnasse, fatigués mais heureux !
(1) L’association des Amis de Jean Zay remet aussi chaque année un prix littéraire qui récompense un ouvrage qui porte les valeurs républicaines.
(2) « Fort de sa connaissance de l’éducation populaire, Jean Zay était convaincu du rôle incontournable des activités sportives et culturelles dans l’épanouissement de l’enfant », a notamment rappelé Véronique Moreira dans sa prise de parole.
Mémoire, émotion et avant-goût de Paris 2024 pour les Lynx d’Évrunes
Les autres lauréats usépiens du prix Jean-Zay (deux classes de collégiens étaient aussi primées) sont les Lynx d’Évrunes, nom de l’association de cette école rurale de 3 classes (maternelle et élémentaire) labélisée Génération 2024 dès 2018. Les élèves de cours moyen se sont fait les représentants du travail commun réalisé autour des Jeux paralympiques pour cette SOP qui avait pour thème l’inclusion. « Nous avons appris qui était Jean Zay à travers un diaporama avec photos, articles de presse et interview de sa fille, puis travaillé sur le Panthéon, pour bien comprendre où nous allions. Des volontaires se sont proposés pour la présentation orale, et les deux heureuses élues ont été désignées par un vote, explique Juliette Marlin, l’enseignante qui a accompagné le projet. Grâce à ce travail en amont, les enfants avaient bien conscience du moment mémorable et extra-ordinaire qu’ils allaient vivre. De retour en classe, nos jeunes reporters ont rédigé un article pour la presse locale et le journal de l’école. Nous avons aussi mis en place des ateliers d’expression sur le vécu de la journée. Ce qui est souvent revenu est l’émotion ressentie en se rendant compte que la fille de Jean Zay – que nous avions vu petite, tenant la main de son père sur une photo étudiée en classe – était présente pour évoquer la mémoire de son père. »
Les petits Vendéens ont eux aussi arpenté la capitale, avec un intérêt particulier pour les futurs sites des Jeux olympiques et paralympiques, découverts lors d’une randonnée orientation concoctée par le délégué Usep : « Grand Palais éphémère, Champ de Mars, tour Eiffel, Invalides, pont Alexandre III, place de la Concorde : pour chaque lieu et monument, notre service civique Génération 2024 avait préparé des affichettes pour donner à voir sur place aux enfants l’aspect que prendront les sites lors des JOP, et les disciplines qui s’y dérouleront l’été prochain. » Paris 2024, comme s’ils y étaient !