En Corrèze, 3 000 élèves de CM1-CM2 participent en cette rentrée à des demi-journées de découverte du «rugby à toucher». Une initiative Usep-Éducation nationale-FFR qui s’appuie aussi sur le guide conçu en lien avec la Coupe du monde, expliquent deux enseignantes d’écoles rurales.

« Quand un intervenant aide à préparer la rencontre en amont, ça motive ! »

« En fin d’année dernière, on nous a proposé cette rencontre rugby à Pompadour, avec à la clé deux séances préalables avec un éducateur du club. J’aurais participé, c’est sûr, et aussi travaillé en classe sur le rugby, mais ça m’a encore plus motivée qu’un intervenant puisse venir pour préparer la rencontre en amont. Au départ, il s’agissait seulement de mes CM1-CM2. Mais comme l’éducateur sportif avait des disponibilités, il a accepté d’initier aussi les CE1-CE2, qui sont la deuxième classe de notre école en regroupement pédagogique.

La rencontre s’est déroulée sur la matinée du 28 septembre, et les enfants l’ont trouvée beaucoup trop courte. Les ateliers étaient formidablement menés, toutes classes mélangées, mais ça aurait mérité une journée entière !

Cela dit, cela m’a tellement plu que j’ai vite monté un projet rugby en demandant à l’éducateur s’il pouvait animer quelques séances supplémentaires… Il viendra deux fois par semaine jusqu’aux vacances d’automne, pour les deux classes ! Avec les collègues de secteur, nous souhaitons aussi organiser une rencontre qui finalisera notre cycle d’apprentissage.

Certes, j’ai un intérêt particulier pour le rugby : mon mari y a joué, il a été entraîneur d’un club féminin, et ma fille l’a pratiqué en sport-études à Brive. Mais ça ne signifie pas qu’en tant qu’enseignante je mène forcément des projets rugby. Là, nous avons vraiment été très bien accompagnés.

Le guide Usep-FFR est un plus. Élèves et enseignants en tous reçu un exemplaire sous forme de livret à la fin de la rencontre. J’avoue que sur le moment je n’y ai pas fait très attention à son contenu. Mais ensuite je me suis penchée dessus, et depuis nous l’utilisons beaucoup. J’apprécie l’usage pluridisciplinaire qu’il permet : nous l’utilisons pour la connaissance du rugby et nous avons revu avec lui les règles et le vocabulaire du jeu de façon ludique, mais on fait aussi de la géographie en utilisant le planisphère ou en travaillant sur les drapeaux. Comme j’ai un projet de classe sur l’égalité fille-garçon, cette partie-là m’intéresse également. Idem pour le rugby-fauteuil, qui est un point d’entrée pour parler du handisport. Ce guide, c’est un point de départ pour moi !

Au-delà, le grand intérêt du rugby à l’école, c’est que tous les enfants trouvent leur place, quelles que soient leur morphologie ou leurs aptitudes au départ, et davantage que dans d’autres sports collectifs. Même ceux ou celles qui se montrent d’abord un peu réfractaires, en expliquant craindre les plaquages, se rendent vite compte qu’on est dans du rugby à toucher. Alors ils et elles se lâchent, et ça c’est super ! »

Angélique Lagors, enseignante de CM1-CM2 et directrice de l’école de Beyssac, 600 habitants, près de Pompadour.

 

« Le lundi, c’est projet rugby, livret en main »

« J’ai un CE2-CM1-CM2 avec 18 élèves et, pour des raisons logistiques propres au secteur, notre rencontre rugby se déroulera le 7 novembre, après la Coupe du monde. Du coup, nous avons reçu le guide Usep-FFR en avance : vu d’un secteur rural situé bien loin de Brive, c’est perçu comme un vrai geste !

Ce guide, je l’ai téléchargé cet été sur internet et trouvé bien. Mais j’hésitais à faire des copies… Alors quand j’ai su qu’il serait distribué sous forme de livret, j’étais ravie !

Que les enfants en possèdent chacun un permet de s’approprier le projet. Et pour moi qui étais un peu perdue parmi tout ce qu’on trouve sur internet, c’est un vrai guide, au sens plein ! Ce qui m’a surtout intéressé, c’est la transversalité : à côté du sport et des règles, il y a aussi la géographie, l’histoire, l’éducation civique et morale, le vocabulaire… Aussi, tous les lundis, notre temps consacré au projet rugby s’appuie sur ce livret.

Les enfants ont bien en tête la rencontre du 7 novembre à Argentat, pour laquelle on nous a demandé de choisir un pays et de confectionner une affiche pour le présenter. Nous avons choisi le Japon, car l’un de mes élèves est franco-japonais. On s’est aussi enquis de nos tailles pour des t-shirts aux couleurs du pays que les enfants porteront pour le défilé des délégations. Tout cela participe de la dynamique.

Pour en revenir au guide, j’aime beaucoup la partie sur le rugby féminin, car malgré tout ce sport conserve une image très masculine. Et comme Vahéna, l’une de mes élèves, joue elle-même en club, lorsque nous en avons parlé ce fut un peu son heure de gloire ! »

Amandine Féola, enseignante de CE2-CM1-CM2 à l’école d’Albussac, 740 habitants, à mi-chemin entre Tulle et Argentat.

 
Trois mille enfants sur les terrains en l’espace d’un mois

L’opération d’accompagnement de la Coupe du monde de rugby a été particulièrement massive en Corrèze, où 85 % des écoles sont affiliées à l’Usep. Du 12 septembre au 13 octobre, près de trois élèves de CM1-CM2 sur quatre auront pris part aux demi-journées de découverte coorganisées avec l’équipe EPS et le comité de rugby. Aux côtés des animateurs Usep et des conseillers pédagogiques de circonscription, celui-ci a mobilisé les éducateurs de ses 14 écoles de rugby. En outre, il soutient financièrement le transport des classes et offrira à chacune un ballon. « Bien souvent, à la demande des professeurs des écoles, les éducateurs du club le plus proche se déplacent aussi pour des séances d’initiation, explique le délégué Usep, Ludovic Fournier. Cela donne envie aux enfants et aux enseignants d’aller plus loin, et des cycles rugby se mettent aujourd’hui en place dans les écoles, toujours avec le concours des clubs. »

Pour sa part, le comité Usep a financé l’impression de 3 000 guides « En route vers la Coupe du monde 2023 » afin que chaque enfant reparte avec un exemplaire à l’issue des rencontres. Des livrets pédagogiques que les enseignants pourront utiliser au-delà de la finale du 28 octobre.