À l’Usep, il n’y a pas que des rencontres : il y a aussi des séjours où, à côté d’activités sportives, on apprend à connaître la nature. Avec parfois des moments magiques, comme cette veillée où les enfants de maternelle de Laure Blanc, enseignante à Gaujac, près de Marmande (Lot-et-Garonne), ont longtemps attendu un hululement dans la nuit.

« C’était en juin dernier, lors d’un séjour qui réunissait trois classes de petite et de moyenne sections au centre de vacances de Sauméjan, à l’est de la grande forêt des Landes. Ce soir-là, tous les enfants réunis attendent patiemment assis dans l’herbe, une lampe de poche à la main. Il commence à faire sombre quand s’élèvent des chants et le son d’une guitare. Puis l’animateur entame le récit d’un conte qui les emporte dans la forêt avec les scolytes, ces insectes grignoteurs d’arbres.

La petite troupe s’aventure ensuite dans la forêt noire et profonde, la loupiote à la main et dans l’autre la main du copain ou de la copine. La trouille le dispute à l’envie d’entendre le cri du hibou. Nous l’avons écouté plus tôt en classe, mais ce n’est pas pareil.

Combien de temps avons-nous marché ? Quelques mètres ou bien mille ? L’obscurité et le silence traversé de chuchotements brouillent les repères. Des bruits bizarres, il y en a tout autour de nous, mais toujours pas de hibou. Des dizaines de petits yeux nous regardent, nous les maîtresses, comme si nous étions des chamanes ou des magiciennes commandant la conversation des habitants de la forêt…

Puis tout à coup un hululement transperce la nuit, très identifiable, d’abord lointain puis qui se rapproche. Les enfants ne bougent plus, ils attendent. Nous l’entendons encore, plusieurs fois.

À présent, les enfants ne veulent plus quitter la forêt. En communion avec la nature, et pour certains blottis contre les maîtresses, on les sent heureux. Même les plus terribles d’entre eux oublient qu’ils sont parfois de sacrés garnements. Et, lorsque nous ferons le bilan du séjour, tous seront unanimes pour expliquer que le grand souvenir, c’est ce moment « où on a entendu le hibou pour de vrai ». »