D’ici début février, plus de 800 enfants de la maternelle au CM2 s’initieront à l’escalade sur surface artificielle avec l’Usep des Hautes-Pyrénées. Ces demi-journées sont encadrées par un diplômé d’État avec le concours de parents agréés. Parmi les 38 classes inscrites figurait celle de toute petite et petite section de Karine Fabre, enseignante à l’école de Mascaras, près de Tarbes.

Karine Fabre, il peut sembler surprenant d’initier à l’escalade des élèves de maternelle, et ce dès la toute petite section…

Cela l’est moins si l’on prend les textes relatifs à l’enseignement de l’éducation physique et sportive. Ils parlent d’« adapter ses déplacements à des environnements variés » et précisent les objectifs pour le cycle 1 : « adapter ses équilibres et ses déplacements à des environnements ou des contraintes variés » et « mieux connaître et maîtriser son corps ». En d’autres termes, l’escalade permet de travailler la prise de risque, l’équilibre, la hauteur, la motricité générale, la latéralisation, la coordination, la perception oculo-motrice, l’anticipation des actions et, au final, la confiance en soi.

J’ajouterai qu’aujourd’hui les enfants ne grimpent plus aux arbres, alors qu’autrefois c’était naturel… Lorsque l’Usep a proposé la découverte de l’escalade dès la maternelle, j’ai donc répondu oui avec ma collègue de moyenne et grande section.

Comment avez-vous préparé la rencontre ?

Nous avons expliqué le projet aux familles, puis travaillé l’équilibre avec les enfants : les modules de cirque s’y prêtent bien. De façon imagée, nous leur avons dit que nous allions « marcher sur les murs »…

 

Comment s’est déroulée la séance ?

Elle s’est déroulée en deux temps, sous l’égide de Gorka Fernandez, moniteur d’escalade diplômé d’État, qui sait parfaitement s’adapter à l’âge des enfants. Tandis qu’un groupe était en action sur le mur d’escalade, dans l’autre les enfants effectuaient de petits jeux préparatoires pour appréhender la verticalité et le fait de ne plus avoir les pieds qui touchent le sol.

Ils grimpaient sur un vrai mur avec des prises en résine, sanglés dans un baudrier ?

Oui. Ce baudrier englobe les plus petits jusqu’aux épaules, afin qu’ils ne puissent pas basculer en arrière, et des parents agréés complètent l’assurage. L’enfant est relié à un camarade, mais les adultes sont derrière avec un système de « gris-gris » autobloquant1. Ainsi, l’enfant ne peut pas tomber. Six parents agréés, sachant équiper un enfant, s’occuper de lui et l’assurer, accompagnaient la classe.

 

À Mascaras, l’escalade fait-elle partie de la culture sportive ?

Non, pas du tout, c’est un village rural. Mais il y a quelques années la ville de Tarbes a rénové une ancienne usine en bâtiment multisport, avec un très grand mur d’escalade, contribuant à la visibilité de la pratique. Et, il y a deux ans, à l’issue d’une première participation à cette rencontre escalade, cinq enfants avaient demandé à leurs parents de les inscrire en club. Moi-même, cette expérience avec l’Usep m’a alors motivée pour le faire !

Quel a été le ressenti des enfants cette fois-ci ?

Quelques uns ont verbalisé leur appréhension. L’un l’a même exprimée sous forme de cris, peut-être parce que le papa était là : sinon, peut-être n’aurait-il pas eu le même comportement. Mais les trois quarts des enfants ont expliqué que c’était « super » et dit leur fierté d’avoir réussi à décrocher les petits objets qui les attendaient en guise de récompense au bout des traversées. Franchement, l’expérience est très positive.

 

Vous avez même souhaité prolonger cette initiation au printemps…

Ce sera avec le même intervenant, afin d’aller un peu plus loin : travailler la verticalité, avoir confiance dans le camarade qui m’assure, suivre une trajectoire, s’éloigner davantage du sol et accepter cette prise de hauteur. Ces séances permettront de travailler les poussées et les tractions, les trajets possibles et les plus accessibles pour aboutir à la grimpe de voies plus complexes.

Sinon, au-delà de la découverte de l’escalade que nous propose l’Usep, je voudrais insister sur l’importance de son accompagnement des professeurs des écoles pour éclairer et compléter notre formation sur les activités physiques. Surtout depuis que la dominante EPS a disparu des animations pédagogiques !

(1) Différent du « reverso » qui, lui, permet à la corde de coulisser.