Créée à l’occasion de l’inscription du « breaking » au programme olympique, la ressource Break’s cool a suscité un tel enthousiasme auprès des associations Usep que les rencontres breakdance figurent aujourd’hui en bonne place dans les calendriers départementaux. Les raisons de cet engouement vu du Morbihan, de l’Ain, du Pas-de-Calais et de l’Aisne.
Si le breakdance est associé aux cultures urbaines, l’histoire du sport scolaire retiendra que ce sont des classes rurales en regroupement pédagogique qui ont étrenné fin 2022 à Cléguer, Morbihan, la première rencontre-test adossée à la ressource Break’s cool de l’Usep. Merci à ces pionnières d’avoir ouvert la voie à toutes celles qui, depuis, « breakent » joyeusement sur leur pas !
Sitôt brevetée, dans le Morbihan cette nouvelle rencontre sportive associative a été accompagnée par une formation de 3 heures, conjointement dispensée aux professeurs des écoles volontaires par le délégué Usep, Louis-Marie Montangerand, et par la présidente du comité, Isabelle Aireault – par ailleurs conseillère pédagogique départementale (CPD) et membre du groupe de travail Usep « auteur » de la rencontre. Mais rien n’était gagné d’avance. « Les enseignants sont arrivés en disant : « Je ne sais pas danser, comment vais-je présenter ça à mes élèves ? » Nous leur avons montré combien l’outil était accessible. Ce qui a également beaucoup plu, c’est le côté expression corporelle et invention en équipe, complémentaire des bals bretons où les enfants répètent une chorégraphie apprise préalablement », souligne le délégué.
La saison passée, dix rencontres d’une demi-journée ont réuni mille enfants de cycle 2 et cycle 3. Rebelote cette année, sur la même trame : répartis en crews, les enfants déambulent d’un atelier à l’autre avant de se retrouver pour un break show où chacun présente les phrases dansées préalablement préparées en classe. Parallèlement, l’activité a été présentée à la rentrée dernière aux élus et délégués de secteur Usep et aux conseillers pédagogiques de circonscription (CPC), ainsi qu’aux étudiants en mastère de l’Inspé. Et comme l’essayer c’est l’adopter, le breakdance a de beaux jours devant lui dans le Morbihan…
Les garçons dans la danse. Dans l’Ain, la rencontre Break’s cool a également bénéficié d’un ambassadeur de choix, membre de l’ex-GT « break » et délégué Usep et CPD EPS à mi-temps. « L’animation breakdance déposée l’an passé à l’inspection académique dans le cadre du plan de formation a suscité un vif intérêt, explique Rémi Faure. Les deux sessions ont réuni chacune une vingtaine d’enseignants et se sont traduites par dix rencontres de secteur, signe qu’après la formation ils étaient prêts, outillés. » Surfant sur cette vague, parallèlement aux rencontres de proximité le comité a programmé en février quatre journées départementales conçues pour 6 à 7 classes, tandis que la formation de rentrée faisait de nouveau recette.
« J’explique cet engouement par le fait que la rencontre Break’s cool permet d’aborder un champ d’apprentissage parfois difficile à travailler en classe, entre danse contemporaine, acrosport et cirque. Le breakdance plait à tous, y compris aux garçons, parfois rétifs aux autres modes d’expression corporelle. De leur côté, les enseignants apprécient de pouvoir engager les enfants dans une démarche de création tout en s’appuyant sur des figures imposées, grâce aux « cartes à danser » qui détaillent les gestes à effectuer. C’est comme en musique : avant d’improviser, on travaille ses gammes ! J’ajouterai enfin que les enfants peuvent réinvestir au sol des mouvements travaillés en gymnastique dans le cadre de l’EPS. »
Avec l’aide de pros. D’autres comités ont fait appel à des experts de l’activité pour les épauler. En Pas-de-Calais, l’association de hip-hop arrageoise Crew-Stillant a participé à l’automne 2023 à la formation d’une journée où 30 enseignants se sont approprié la rencontre. Ils ont même apporté quelques retouches visant à renforcer les moments fédérateurs où les enfants breakent ensemble. Une rencontre départementale hors temps scolaire a ensuite réuni en mars plus de 300 enfants issus de 17 associations.
« Cette année, la jauge a été fixée à 500, mais nous refuserons du monde », sait déjà Carole Strugala, présidente départementale parallèlement à ses fonctions d’adjointe à la direction nationale Usep. Chaque association du Pas-de-Calais possède aujourd’hui la mallette Break’s cool ou tout au moins sa version numérique, les 35 conseillers pédagogiques de circonscription aussi !
Héritage des Jeux. Dans l’Aisne, « un pro du breakdance » a également été sollicité à la rentrée 2023 pour former les enseignants puis les accompagner sur deux ou trois séances. « Nous ignorions quel accueil les enseignants réserveraient à cette nouvelle activité, et nous souhaitions un coup de main pour la déployer », résume François Gilbert. Le délégué Usep fut très vite rassuré et, en plus des écoles accompagnées par le danseur David Moyen – avec pour principe un minimum de trois classes engagées afin de rentabiliser cet effort financier –, le comité est intervenu auprès d’écoles plus modestes avec le concours d’un stagiaire BP Jeps qui, depuis, a débuté un service civique.
Résultat : 4 rencontres organisées sur autant de secteurs différents, et renouvelées en janvier-février 2025 pour 24 classes. « Des enseignants développent l’activité de manière autonome avec le kit Break’s cool, alors même qu’avant la formation ils doutaient d’être en mesure de la mettre en place », se réjouit François Gilbert. Et de conclure : « Dans l’Aisne, la rencontre breakdance, c’est une partie de l’héritage des Jeux ! » Dans l’Aisne, comme ailleurs1.
(1) À noter : la rencontre régionale organisée le 8 novembre à Amiens (80) avec deux classes venues des 5 département des Hauts-de-France doit permettre aux comités de la Somme, de l’Oise et du Nord de marcher sur les pas du Pas-de-Calais et de l’Aisne.
« Une activité qui parle aux enfants »
« Le breakdance est une activité qui parle aux enfants, qui aujourd’hui ont tous des références rap et hip-hop. Les garçons, et même les enseignants hommes, y entrent plus volontiers que dans d’autres activités d’expression, observe Nathalie Barbounis, qui avant d’assumer les fonctions d’élue nationale a accompagné la gestation de la ressource Break’s cool comme adjointe à la direction Usep. Tout en se distinguant de la danse de création, le breakdance permet d’inventer ses propres figures, ce qui fait son originalité parmi le répertoire de l’Éducation nationale ou de l’Usep. C’est pourquoi l’activité perdurera au-delà de l’effet JO1, qui constituait l’an passé une petite accroche supplémentaire. »
(1) Présente à Paris 2024 pour la première fois, la discipline sportive du « breaking » ne le sera pas à Los Angeles 2028.