Ils ont rencontré le navigateur Paul Meilhat, nettoyé une plage et admiré les voiliers prêts à s’élancer des Sables-d’Olonne pour un tour du monde en solitaire. Embarquez avec les CM2 de l’école de Commequiers (Vendée), engagés dans la course virtuelle Usep associée au Vendée Globe !
Il est arrivé à vélo, heureux d’échapper un moment aux obligations médiatiques pour discuter avec des enfants de l’Usep, réunis en cercle autour de lui sur la plage de l’Aubraie. Et comme à cinq jours du départ du Vendée Globe le temps de Paul Meilhat est compté, les questions fusent sans tarder.
Pourquoi se lancer dans la course ? Avec quel sponsor ? Est-il content de partir ? Et naviguer, est-ce un loisir ou un travail ? « J’aime la voile, la compétition, et partager avec les autres ce que je vis en mer, répond le navigateur. Sinon mon sponsor c’est Biotherm, une marque de crèmes dont vous n’avez pas encore besoin à votre âge, et qui sont fabriquées à base de plancton, ces micro-organismes pleins de vertus. Et oui, je suis content de partir enfin ! Je navigue par passion et considère le tiers du temps passé en mer comme un loisir. Le travail, ce sont les deux autres tiers, occupés à préparer le bateau et répondre aux sollicitations ! »
Passion. La « passion » de Paul Meilhat remonte à l’enfance, quand il tirait des bords sur le plan d’eau de Créteil (Val-de-Marne), puis l’été venu naviguait sur l’océan en famille. « À votre âge, moi aussi j’étais venu au Vendée Globe. J’avais des posters de voile dans ma chambre, sans imaginer être un jour au départ. « Ce n’est pas un métier », m’avaient dit mes parents, « travaille bien à l’école ! » Je les ai écoutés [bien obligé, maman était institutrice, NDLR], et j’ai quand même fini par en faire mon métier ! » À 42 ans, après une première participation en 2016 qui l’a vu « abandonner après 52 jours de course, vérin de quille cassé », c’est un marin expérimenté qui va larguer les amarres pour trois mois, avec la ferme intention de « faire un résultat ».
Et la peur, la solitude ? « Il y a toujours du danger, reconnaît le navigateur, père de deux enfants. Le plus grand est de tomber à l’eau, car au milieu de l’océan personne ne vient vous chercher. Mais je ne souffre pas de la solitude, et en mer je communique assez peu. Il ne faut pas confondre solitude et isolement : même au cœur d’une grande ville, on peut se sentir très isolé. À bord du bateau l’espace est réduit, mais je suis pleinement libre de mes choix. »
Surfriders. Il y a encore des doigts levés, mais à peine le temps pour une photo de groupe avant que l’homme au bonnet ne s’esquive, laissant les 42 élèves de CM2 de l’école de Commequiers – un gros village entre Challans et Saint-Gilles-Croix-de-Vie – aux bons soins de Charles et Antoine, ses deux camarades de l’ONG Surfriders, consacrée à la préservation de l’environnement marin. Munis de gants et d’un sac ajouré, leur mission consiste à récupérer les mini-déchets abandonnés par les baigneurs ou ramenés par les vagues sur le rivage. La plage a beau avoir été ratissée par les services municipaux, il reste de quoi faire : deux ou trois canettes, quelques mégots, et des dizaines et des dizaines de petits morceaux de plastique.
La musette d’Abel et Lucas est l’une des plus variées avec sa lingette douteuse, ses restes de polystyrène, son morceau de charbon de bois, son ticket de caisse, son étiquette d’eau en bouteille de marque Cristalline, ses papiers de bonbon et ses filins colorés. Plus loin, Tudor, Eliott et Kimy exhibent un hameçon et son contrepoids plombé, venus s’accrocher à une pomme de pin qui n’en demandait pas tant…
La collecte terminée, Charles félicite les enfants et s’appuie sur leur déprimantes trouvailles pour les sensibiliser à la pollution plastique et surtout leur expliquer comment la prévenir au quotidien. Message reçu 5 sur 5 par Zoé qui, sur le chemin de la rando côtière de 3 km qui conduit la petite troupe au lieu de pique-nique, se désole de n’avoir plus son filet à la main, « car on aurait pu ramasser d’autres déchets ! ».
Pontons. L’après-midi, adieu les dunes à perte de vue et l’horizon sans fin vers lequel s’élanceront les 40 concurrents en doublant le phare des Barges. Le contraste est saisissant avec la foule massée sur les pontons pour admirer le double alignement de leurs pur-sang des mers. Les casquettes bleues des enfants de Commequiers – qui l’an passé ont pratiqué le surf et le catamaran avec l’Usep et la Fédération française de voile – laissent un sillage bleu marine dans cette houle.
Petite déception en arrivant à hauteur du bateau de Paul Meilhat : il n’est pas là pour les accueillir, si ce n’est sous la forme de son double de carton. Les enfants n’en jettent pas moins un regard intéressé, avant de s’amuser de l’iconoclaste Manneken-Pis fixé à la poupe de son voisin, le Bruxellois Denis Van Weynbergh… « Et regardez celui qui bricole tout là-haut en haut de son mât ! », s’exclame Jordan, avant que la benjamine de la flotte, Violette Dorange, 23 ans, ne recueille leurs vivats enthousiastes en apparaissant brièvement sur le pont du bien nommé DeVenir.
Tous s’immergent ensuite dans le pavillon du conseil général de Vendée et l’animation à 360 degrés qui vous met à la place d’un skipper : « Ça doit faire peur, dans les 40es rugissants ! », imagine Abel. Ballotées par tant d’images, Laonie et Kimy trouvent « incroyable » d’avoir pu rencontrer le « super sympa » Paul Meilhat et formulent pour lui des vœux de victoire. Parmi les trois classes de CM1-CM2 de l’école, sûrement seront-ils nombreux à se porter volontaires pour actualiser sa position sur la carte : seul ou en binôme, chaque enfant assurera en effet le suivi d’un concurrent.
Pour tous, il s’y ajoutera l’émulation de « challenger » le navigateur dans la course virtuelle Usep organisée en partenariat avec la FF Voile et la plateforme Virtual Regatta. Un bateau défendra les couleurs de toute l’école, avec des choix de route défendus chaque jour par les plus motivés devant leurs camarades. « Nos élèves de cours moyen réaliseront aussi une exposition vivante pour les élèves de cycle 1 et cycle 2. Elle débutera avec le compte rendu de cette journée et sera actualisée au fil des semaines » expliquent Christophe Boucard et Stella Pollet, qui travaillent de façon décloisonnée avec leur collègue Marie-Pierre Texier.
À l’école de Commequiers, le Vendée Globe a déjà commencé.