À Sainte-Radegonde-des-Pommiers, près de Thouars (Deux-Sèvres), les enfants baignent dès la maternelle dans une «culture vélo» qui se poursuit avec la participation au P’tit Tour et à des camps Usep où ils se rendent en pédalant, explique Vanessa Giret, directrice et enseignante des cours moyen.

Vanessa Giret, comment s’est déroulé le cycle Savoir Rouler à Vélo d’une semaine dont ont bénéficié en septembre pour vos élèves de cours moyen ?

Bien, d’autant plus que des stagiaires, en formation pour la communauté de communes, se sont joints aux deux éducateurs Usep. Les enfants ont évolué sur le parking attenant au city-stade qui jouxte l’école : la mairie le ferme quand elle le met à notre disposition. Cela permet de tracer des circuits en zone fermée, avec panneaux, rond-point, etc. Les stagiaires se sont même parfois glissés dans le trafic pour perturber les enfants et apprennent à réagir face à une situation qu’ils pourront rencontrer en conditions réelles ! Seule petite contrariété, la sortie finale de 20 km a dû être reportée en raison de la météo. Mais nous avons fait les 4 km aller-retour jusqu’au bike-park intercommunal par la petite route qui longe la rivière le Thouet. Là-bas, nous avons travaillé la maniabilité sur le circuit de pump track et des pistes d’apprentissage, avec petit pont à passer et difficultés de ce genre.

Vos élèves n’étaient pas non plus novices…

Non. Dès le cycle 2, nos élèves participent au P’tit Tour Usep, qui dans les Deux-Sèvres consiste en des regroupements sur une journée dans un espace sécurisé. En cours moyen, les classes se rendent ensuite à vélo aux camps Usep de trois jours auxquels elles participent. Ce stage Savoir Rouler à Vélo était toutefois un plus : un apprentissage « massé », avec des moyens supplémentaires. Mais à l’école nous animions déjà ce genre d’ateliers, grâce notamment à notre propre stock de panneaux routiers.

Les enfants baignent même dans la « culture vélo » dès la maternelle…

C’est un continuum. Les vélos, tricycles et draisiennes rangés chaque soir dans une grande cabane sont mis à leur disposition dans leur cour, et un cycle rouler-glisser est proposé dès la petite section. À la demande des collègues, la mairie a investi dans ce matériel lorsque l’école a été refaite il y a quelques années. Quand les enfants arrivent en élémentaire, je demande ensuite aux parents à ce que chacun puisse avoir son vélo. Au départ, certains parents se montrent parfois un peu réticents car c’est un coût, mais ils jouent le jeu. Cette progression me permet d’emmener mes élèves de cycle 3 sur la route dès septembre.

 

La situation géographique de Sainte-Radegonde, désormais commune déléguée de la commune nouvelle de Thouars, favorise-t-elle cette pratique du vélo ?

Oui, d’autant plus que beaucoup d’enfants habitent un lotissement proche de l’école. À partir du moment où j’emmène mes élèves sur la route, jusqu’à un quart de la classe vient ainsi à l’école à vélo. Quand il fait beau.

Faut-il toutefois vaincre d’autres réticences des parents, exprimées cette fois au nom de la sécurité ?

Oui, mais seulement pour les nouveaux inscrits arrivant d’une autre école. Certains parents m’ont fait part de leur inquiétude après l’accident mortel, provoquée par une conductrice octogénaire, dont une petite fille de 10 ans a été victime en juin à La Rochelle lors d’une sortie de centre de loisirs. Mais depuis notre sortie au bike-park, dont les enfants sont tous rentrés enchantés, je sais que c’est gagné.

 

Dans les années 1980, vous-même étiez élève dans l’école que vous dirigez aujourd’hui : y pratiquait-on alors le vélo ?

Non. Et, même si dans un passé plus récent il y avait déjà des sorties à vélo pour les élèves de cours moyens, cette « culture » est vraiment travaillée depuis quatre ans, avec la participation des CP-CE1-CE2 au P’tit Tour, que nous accueillons souvent sur notre parking fermé. Avec ma classe, nous essayons aussi d’effectuer à vélo toutes nos sorties à Thouars, qu’il s’agisse de se rendre au cinéma, au théâtre ou au collège Jean-Rostand. Cela est favorisé par le développement de pistes cyclables sécurisées, à l’image de celle qui permet à d’anciens élèves d’aller au collège en pédalant !