Si Emmanuel Sélim n’avait pas découvert le rugby à 6 ans à l’école Bolivar de Paris, serait-il devenu prof d’EPS ? Aurait-il exercé dans le premier degré et animé plusieurs associations d’école, avant de devenir chargé de mission EPS à la Ville de Paris ? Un parcours qui éclaire les spécificités de l’Usep dans la capitale, où le sport scolaire est principalement animé par des éducateurs municipaux*.

« Nous sommes en 1975, j’ai 6 ans et j’entre en cours préparatoire à l’école Simon-Bolivar, dans le 19e arrondissement. À côté du bureau de la directrice se trouve le centre sportif géré par l’Usep, où mes parents m’inscrivent dans la foulée. Le programme, c’est rugby-hand-athlé : handball jusqu’aux pluies d’automne qui rendent les terrains stabilisés gadouilleux, rugby tout l’hiver et athlétisme en mai-juin. Mais surtout rugby, où je retrouve des copains de maternelle. Certains d’entre eux, avec qui je jouerai après le CM2 au club de l’ASPP, à Pantin, dont l’Usep utilise les terrains, sont restés des amis proches.

La découverte du ballon ovale est une vraie révélation pour moi. S’y ajoute au fil des ans l’émulation de la compétition, jusqu’à une finale du championnat de Paris remportée contre l’AS Jomard, une autre école du 19e :  les Verts contre les Rouges, pour nous cela valait une Coupe du monde !

L’Usep du mercredi, c’est encore l’école : on y retrouve nos instits, qui nous ramènent à sa porte en fin d’après-midi. Et tout le monde joue, y compris le « petit gros » ou le maigre à lunettes.

Dès la 3e c’est décidé : je veux devenir prof d’EPS. C’est sous cette nouvelle identité que je reviens à l’Usep pour effectuer des vacations de natation dans le cadre des Mercredis du sport. J’y rencontre alors le trésorier départemental, qui me suggère de passer le concours de professeur de la Ville de Paris en EPS afin d’enseigner en primaire. Je deviens ensuite trésorier de l’AS de l’école de la rue Lepic (18e), où j’enseigne. J’en suis toujours président. Je crée aussi l’AS de l’école voisine du Mont Cenis et entre au comité directeur de l’Usep 75 : à 54 ans, j’en suis aujourd’hui le trésorier général.

L’Usep que j’ai connue enfant était très axée sur les championnats. Cela reste vrai, mais nous nous sommes progressivement tournés vers des pratiques innovantes, en abordant le sport et les rencontres sportives comme outil éducatif. Cela a aussi transformé ma manière d’enseigner l’EPS : alors qu’en début de carrière j’étais très axé sur les instructions officielles, j’ai mis l’accent sur le développement moteur de l’enfant et les valeurs à transmettre. »

*Emmanuel Sélim est ensuite devenu responsable du pôle des actions éducatives puis – dans un tout autre registre – adjoint au chef du bureau du nettoyage des locaux, tout en restant engagé à l’Usep.

 

Professeur de la Ville de Paris

« Les professeurs de la Ville de Paris sont recrutés et mis à disposition de l’Education nationale pour dispenser dans les classes d’élémentaire 1 h 30 d’EPS par semaine, soit la moitié du volume horaire officiel. Dans la continuité, le mercredi j’animais aussi le centre sportif conventionné avec l’Usep. La répartition des rôles est la suivante : l’Usep se charge de l’accompagnement pédagogique et de l’organisation des rencontres et la mairie de Paris met à disposition animateurs et terrains. En parallèle, le soir en temps périscolaire, j’animais aussi des créneaux sportifs, avec jusqu’à 140 licenciés sur les 300 enfants de mon école ! »