Sports de neige : la Savoie conserve l’esprit Trappeur

La mort dans l’âme, il a fallu s’y résoudre : l’an passé, faute de neige, le Trappeur a dû être annulé. Le Trappeur ? Une formidable rencontre où, par petits groupes autonomes, les enfants arpentent à ski les pistes de la station du Mont Revard, celui-là même que l’on aperçoit depuis la vitre du TGV à l’approche de Chambéry.

La rencontre étant liée à un partenariat avec le club de ski de fond et la station, qui accueille à cette date une épreuve internationale, elle est forcément programmée à la mi-mars. Aussi, pour ne pas devoir tout annuler, il est désormais prévu une adaptation où les enfants iraient d’un atelier à l’autre non plus à ski mais en courant.

Autre innovation, depuis l’an passé le Trappeur se déroule sur deux jours, jeudi-vendredi, afin de baisser la jauge à 300, contre 600 jusqu’alors. « C’est plus fluide, plus facile à organiser, moins lourd pour nos bénévoles et plus agréable pour les enfants, encore davantage disséminés le site, explique le délégué Usep, Emmanuel Prieur. Cet effectif réduit de moitié permet en outre de proposer des temps de confrontation ou de découverte par groupe classe. » Le Trappeur accueille principalement des écoles urbaines de Chambéry et de la circonscription Combes de Savoie – et aussi, cette année, d’Albertville.

Montagne des défis

Côté Tarentaise, où les enfants sont souvent des skieurs aguerris, 500 d’entre eux venus des villages et des villes de vallée (Moutiers et Bourg-Saint-Maurice) participent à la même période, et là aussi sur deux jours, à La Montagne des défis. Organisée sur le site nordique de Peisey-Vallandry, il s’agit d’une adaptation de la printanière Vallée des défis, le ski se substituant au vélo comme mode de déplacement. Au programme : course, cross nordique, tir, orientation et biathlon tchouk.

Une rencontre similaire a été ajoutée cette année en Haute-Maurienne, à Bessans, dans un secteur où rien ne se faisait plus depuis longtemps : une sorte de copié-collé du Trappeur, pour 150 enfants. Autre nouveauté : à la demande de l’équipe enseignante d’une école maternelle de Barberaz, près de Chambéry, 80 enfants de petite, grande et moyenne section s’ébroueront dans la neige au Mont Revard. Si l’expérience est concluante, elle sera élargie l’an prochain.

L’Usep, VIP à Courchevel

Enfin, l’Usep propose toujours son « départemental de ski alpin » à Courchevel, autour d’un slalom géant en patrouille : 5 skieurs synchronisés sur des pistes parallèles. « Le départemental se déroule en équipe et les classements ont été supprimés il y a six ans. On garde la performance sur chaque atelier, c’est diffusé auprès des écoles, mais pas de podium ni de remise de médaille. Et chacun reçoit son diplôme de participation » précise Emmanuel Prieur.

Une nouvelle formule sera étrennée cette année. En raison d’une moindre pratique de l’alpin dans les associations, la pente du stade de slalom de coupe du monde devenait en effet un peu trop accentuée pour certains, et le départemental réunissait chaque année moins de participants, jusqu’à être annulé l’an passé. L’édition 2024 propose donc un slalom plus abordable, avec des ateliers renouvelés et un parcours orientation parsemé des œuvres de l’artiste que la station invite chaque année. « Les meilleurs skieurs s’y retrouveront peut-être un peu moins, mais le but est que tout le monde s’amuse. »

Le comité tient toutefois à ce rendez-vous : « Courchevel est la dernière station où le Conseil départemental, qui nous apporte un très fort soutien, possède des parts, explique Emmanuel Prieur. La station tient aussi au public scolaire pour contrebalancer une image haut de gamme. Nous sommes très bien accueillis, les forfaits sont offerts et tout est simple et agréable. » Des enfants de l’Usep accueillis comme des VIP à Courch’, pourquoi s’en priver ?

Les associations glissent de l’alpin au nordique

Parmi les 106 associations savoyardes (pour 4 400 licenciés enfants), « six sur dix pratiquent le ski », estime Emmanuel Prieur. Il y a quelques années, l’alpin était encore roi, mais son cousin nordique est en passe de le détrôner, sauf parmi les écoles de station. Les avantages sont multiples : entrées sur les sites offertes sur le Conseil départemental, encadrement avec des parents agréés et non des moniteurs ESF, location de matériel moins onéreuse… « Certaines associations prônent aussi l’alternance : un hiver nordique, le suivant alpin. » La tendance pourrait aussi être accentuée par le fait que « les communes possédant leur propre station ont été épinglées par la Cour des comptes sur la gratuité des forfaits et sont désormais obligées d’acheter ceux des scolaires ».