En 85 ans d’existence, l’Usep n’a cessé de faire évoluer ses pratiques, comme en témoignent les animateurs et dirigeants qui l’ont connue enfant en confrontant leurs souvenirs au sport scolaire qu’ils proposent aujourd’hui. Patrick Joubert et Myriam Davenu, président et trésorière du comité des Pyrénées-Atlantiques, se rappellent des années 1960-70 et des enchaînements gymniques qu’on appelait lendits.
« Fastidieux et répétitifs sont les deux termes qui me viennent à l’esprit pour qualifier les lendits que nous préparions durant des mois, en vue de la rencontre cantonale qualificative pour la finale départementale à Oloron-Sainte-Marie, se souvient Patrick Joubert, qui dans les années 1965-67 fréquentait les bancs de l’école publique de Jurançon.
Nous étions tout de blanc vêtus : t-shirt avec écusson Usep, short, casquette, chaussettes et tennis. Une tenue chic ! Il y avait d’ailleurs une note pour la tenue et la discipline : c’était un peu militaire et, sous la férule du moniteur-chef responsable de la classe, nous marchions au pas ! Le plus intéressant, c’étaient les épreuves d’athlétisme (lancer du poids, saut en longueur et hauteur, course) associées aux enchaînements gymniques, qui eux étaient à la fois individuels et collectifs. Cela permettait à notre enseignant de programmer l’EPS sur l’année.
Quand en 1976 j’ai moi-même été nommé instituteur à Taubios-Loos, près de Pau, où j’habite encore, les lendits n’existaient plus que de façon résiduelle dans certains secteurs Usep. Je n’en ai jamais fait avec mes élèves. Nos rencontres étaient comparables à celles d’aujourd’hui, davantage axées sur la coopération que la compétition.
Je proposais aussi une activité vélo, assez réduite en raison de la géographie locale. Chez nous, le P’tit Tour n’a d’ailleurs pris son véritable essor qu’il y a deux ans avec la traversée du département, qui est une source de motivation pour les écoles. Et j’oubliais ! J’ai participé aux classes cyclo dans les Landes, sur terrain plat et avec pistes cyclables. Il fallait batailler pour emmener tout le monde, mais faire le tour du port de Capbreton à vélo, c’était énorme, surtout pour les gamins qui découvraient l’océan ! »
« Tarbes, Bagnères-de-Bigorre et Lannemezan : ce sont les stades de rugby où, à la fin des années 1960, j’ai participé aux lendits départementaux avec mon école de filles du tout nouveau quartier de La Gespe, à Tarbes, explique Myriam Davelu. Pas un cheveu ne dépassait et des marques au sol indiquaient où se placer. C’était quand même merveilleux car, ce jour-là, nos dix classes de filles côtoyaient les dix classes de garçons de l’école d’à côté. Auparavant, nous avions fièrement défilé dans la rue derrière notre panneau – je n’ai malheureusement jamais été choisie –, puis pique-niqué avant d’exécuter nos mouvements d’ensemble sous les yeux des parents. Les familles venaient par leurs propres moyens avec leurs enfants et, comme à l’époque tout le monde n’avait pas de voiture, les classes n’étaient pas tout à fait au complet.
Devenue enseignante, j’ai retrouvé l’Usep sur le tard, à l’école maternelle Lapuyage de Pau, où une conseillère pédagogique très active m’a mis le pied à l’étrier, puis invitée à intégrer le comité départemental. Je suis devenue trésorière adjointe, puis titulaire depuis ma retraite.
Ce qui a changé depuis mon époque, ce sont toutes ces actions qui donnent plus de visibilité au sport scolaire, en particulier auprès des enseignants. Entre notre lettre d’info, la participation aux réunions de directeurs en début d’année, le prêt de matériel aux écoles, les images des rencontres postées sur les réseaux sociaux et le retentissement médiatique du P’tit Tour, il est désormais impossible de passer à côté de l’Usep ! »