Proposé d’avril à juin, le volet « orientation » de l’opération nationale « À l’Usep, la maternelle entre en jeux ! » est aujourd’hui décliné par de nombreux comités. L’Ille-et-Vilaine en a ainsi fait un point d’appui de son offre pour le cycle 1, avec une rencontre conçue autour de 5 ateliers invitant les enfants à faire preuve de sagacité. Comme ceux de l’école Trégain de Rennes dans leur progression à l’aveugle, leur chasse aux animaux et autre cache-cache sur les berges de l’étang d’Apigné, poumon vert proche de la capitale bretonne.
Le calme règne ce matin sur l’étang d’Apigné, seulement troublé par le chant des oiseaux et la sérénade des grenouilles amoureuses qui s’élève depuis la mare voisine. Enfin, il règne jusqu’à l’arrivée des 87 enfants de cinq classes maternelles de moyenne et grande section de l’école Trégain de Rennes, impatients de partir à la recherche d’animaux plus exotiques. Ceux de la savane africaine précisément, représentés sous forme de figurines de lion, de zèbre ou d’antilope, tapies au fond de bassines disséminées dans les herbes ou au pied d’un arbre par Alan, l’animateur départemental Usep : cet atelier, tiré comme les autres de la boîte à outils nationale, s’appelle « La réserve protégée » et se reconnaît aux cris de joie poussés par les enfants dès qu’ils débusquent un nouvel animal.
Labyrint’animaux
Un autre atelier du même tonneau met en scène le petit peuple de la forêt européenne, étudié auparavant en classe afin que chacun puisse identifier le sanglier, le renard, le hérisson ou l’écureuil. Dessinées sur les cartes-balises du « labyrint’animaux », leurs silhouettes se retrouvent sur les bandelettes de papier avec lesquelles les enfants s’élancent deux par deux entre des piquets habillés de rubalise. Lorsque les deux dessins coïncident, ils poinçonnent la bandelette au bon endroit avant de rappliquer au point de départ pour recevoir la mission suivante, jusqu’à compléter leur safari : cela explique pourquoi ça cavale un peu dans tous les sens.
Et puisque Benjalila, aussi malin que fin sprinter, a déjà entièrement perforé sa bandelette, Virginie, l’une des enseignantes, lui propose d’aller proposer ses services à Camille, qui sèche un peu… « À part l’identification des animaux, nous n’avons pas vraiment préparé les ateliers, explique-t-elle. Nous avons seulement fait une chasse au trésor dans la cour de l’école avant les vacances. Mais ça fonctionne très bien ! »
Fil d’Ariane, chasse aux contes, cache-cache…
Chaque maîtresse assure l’animation d’un atelier avec le concours de parents. « C’est la configuration idéale, confie Alan. Parfois, ce rôle est dévolu à un adulte accompagnateur, mais les enseignantes ont forcément plus de pédagogie. » Elles ne se laissent pas non plus embobiner par les petits filous et savent remotiver ceux dont la quête est encore infructueuse.
Les enfants, eux, sont brassés en groupes d’une dizaine pour participer aux ateliers (dont certains sont dédoublés) et également répartis en binômes afin d’associer un « grand » et un « moyen », charge à l’aîné d’épauler le cadet si besoin. Par exemple pour le premier passage au « fil d’Ariane », où l’un des enfants guide par la voix ou la main celui qui, un masque occultant sur les yeux, progresse à l’aveugle le long d’une corde jusqu’aux sacs renfermant les fruits en plastique qu’il doit identifier au toucher avant de se saisir du bon. Puis on échange les rôles.
Les deux derniers ateliers suscitent la même émulation. La « chasse aux contes » reprend le principe des figurines cachées dans des bassines, à ceci près que les images que l’on y pioche sont les indices aidant à identifier un conte pour enfants : pas trop difficile lorsqu’il s’agit du « Petit chaperon rouge » ou de « Boucle d’or et les trois ours ». Quant à l’atelier « cache-cache », comme son nom le suggère il consiste à aller « planquer » une balle de tennis que les copains et copines doivent ensuite retrouver : le genre de défi fort réjouissant.
« L’Usep, ça donne des idées ! »
La rencontre est d’ailleurs très demandée et, parmi les candidates retenues, l’école Trégain, située dans le quartier populaire de Maurepas, pourrait passer pour une inconditionnelle de l’opération nationale maternelle : n’a-t-elle pas déjà participé en mars aux jeux d’opposition et, l’an passé, aux jeux d’orientation au bord de ce même étang d’Apigné, situé le long de la Vilaine, quelques kilomètres en aval de Rennes ? « Oui mais c’était sous une autre forme, celle d’un rallye photo. Cela a d’ailleurs tellement plu que nous en avons organisé un nous-même en septembre en dernier : l’Usep, ça donne des idées ! » s’exclame Aurélie Compagne, enseignante qui croit beaucoup en « l’école du dehors » et dont les élèves de grande section ont aussi participé cette année avec l’Usep à un bal breton et une randonnée contée. « Une rencontre comme celle-ci permet de travailler la représentation dans l’espace et l’expression orale à partir d’un retour en images » complète Virginie, sa collègue.
Voilà d’ailleurs qu’Alan siffle la fin de la partie. Un peu fatigués quand même, les feux follets de Trégain se mettent en rang deux par deux et l’étang d’Apigné s’en retourne, pour un temps, à sa tranquillité. Ph.B.
« Une activité à succès en maternelle »
« Les enfants de maternelle ont contribué ces deux-trois dernières années à la progression du nombre de licenciés enfants à l’Usep Ille-et-Vilaine : ils sont précisément aujourd’hui 3 637 sur un effectif total de 9 083, soit environ 40 %. Ils participent en moyenne à trois ou quatre rencontres dans l’année, autant que leurs camarades d’élémentaire1, et nous comptons créer pour eux l’an prochain un nouveau format de rencontre autour de la gymnastique, activité olympique.
Les dotations liées à l’opération nationale ont aidé à mettre en place les rencontre, avec comme outil central le cahier des charges, cadre qui permet aussi de créer du lien entre les différentes associations autour de défis communs. Investis jusqu’alors sur le volet jeux d’opposition, nous avons étrenné l’an passé les jeux d’orientation, avec un tel retour que nous avons proposé cette année les deux déclinaisons. En février-mars, nous avons ainsi programmé 10 rencontres opposition pour 662 enfants, puis de mi-avril à mi-mai 11 rencontres orientation pour 999 enfants (sous réserve d’annulation ou de report pour cause de météo trop défavorable).
Les enseignants apprécient toute l’installation et les ateliers de ces rencontres orientation qu’ils auraient du mal ou n’oseraient pas mettre en place seuls, par crainte de proposer cette activité d’extérieur dès la maternelle. D’ailleurs c’est aussi la nature même de l’activité qui, le retour des beaux jours aidant, mobilise les classes. » Kévin Le Caroff, délégué départemental
(1) En Ille-et-Vilaine, chaque classe peut s’inscrire sur deux rencontres de secteurs et deux rencontres départementales en précisant ses contraintes. Concernant les maternelles, deux associations, dont celle de Rennes-Trégain, ont ainsi participé aux deux volets de l’opération nationale.